Pour retrouver Dino

Les récits reprenant les personnages créés par Philippe Ebly.

Pour retrouver Dino

Messagepar Greenheart » Ven 12 Déc 2014 10:24

Posté par Greenheart le Dim 15 Jan 2006, 20:28




POUR RETROUVER DINO...



Une fan-fiction de Fantasy tout public d''après les personnages créés par Philippe Ebly dans sa nouvelle "Reviens, Dino, reviens".
par Doug Greenheart



CHAPITRE UN : UN INCONNU

C'était en sortant de l'école que Morgane l'avait vu pour la première fois. Ce n'était pas un adulte ordinaire. Il était tout de noir vêtu, avec un grand chapeau à larges bords, un manteau très long, et des hautes bottes. Ce qui était un peu étrange, car il faisait grand soleil.

« Regarde-le !, lui souffla Nadia, sa meilleure amie. On dirait presque Viggo ! »

Et c'est vrai qu'il ressemblait à cet acteur dont on retrouvait régulièrement des posters au milieu des magazines pour jeunes filles.

Mais ce n'était pas lui. Cet homme-là avait l'air beaucoup plus inquiétant.

Morgane avait l'habitude de rentrer à pieds de l'école jusqu'à la maison de ses parents, au bout de la route, adossée à la forêt. Elle était grande maintenant, et il n'y avait rien à craindre, tant le petit bourg était paisible. Nadia l'accompagna un moment, puis arrivé au premier carrefour, lui dit au revoir et s'en alla. Morgane regarda s'éloigner son amie, puis jeta un coup d'oeil derrière elle, au cas où... Mais il n'y avait personne.

Lorsqu'elle se retourna, il était là !

***

CHAPITRE DEUX : SUR LA ROUTE




« Bonjour, » dit simplement l'inconnu.
Morgane ne répondit rien : elle traversa aussitôt la rue, pour continuer son chemin, en pressant le pas et en farfouillant dans son sac, histoire de retrouver son téléphone mobile rose avec un autocollant de Britney Spear collé au dos.
« Est-ce que c'est vrai ce que l'on raconte ? », lança l'inconnu qui continuait tranquillement de marcher de l'autre côté de la rue. « Que tu as rencontré Dino ? »
A ces mots, la jeune fille s'arrêta net. Son petit coeur s'était mis à battre très fort. Elle fit volte-face et cria :
« Vous connaissez Dino ? »
Une voiture passa entre eux en vrombissant. L'inconnu sourit. Il avait une cicatrice qui lui barrait le menton et les lèvres. Et il n'était pas très bien rasé.
« Oui. Et toi aussi, apparemment. »
« Oh, hésita Morgane. Je le connais à peine. Il a juste passé une nuit chez nous, mais... »
Et là, elle eut un serrement au coeur.
« Je ne l'ai plus jamais revu depuis. Cela fait presque un an. Oui, un an, c'est ça. »
« Et c'était pendant une nuit d'orage ? »
L'inconnu traversa tranquillement la route pour la rejoindre sur le bas-côté.
« Oui, répondit Morgane, étonnée : comment vous savez ça ? »
« Parce qu'il me l'a raconté, bien sûr !, » répondit l'homme avec assurance.
Maintenant qu'elle le voyait de plus près, Morgane se sentit un peu plus rassurée : il avait de très beaux yeux, très clairs, pétillants de malice.
« Tu sais, reprit l'inconnu : pour des gens comme lui, le temps ne compte pas trop. Cette nuit que vous avez passé.. ensemble, pour lui, c'est pour ainsi dire, comme si c'était hier ! »
Une larme roula le long de la joue de la jeune fille :
« Alors il se souvient encore de moi ! », s'exclama-t-elle.
L'inconnu prit Morgane par les épaules. Il sentait une eau de toilette de garçon très agréable, et aussi, le cuir, et l'odeur de la forêt.
« Bien sûr qu'il se souvient de toi, assura-t-il. Mais on bavarde et je ne t'ai toujours pas dit pourquoi je t'ai trouvée : figure-toi que les parents de Dino m'ont chargé de lui porter un message très important. Et tu es la seule personne qu'il connaisse dans la région. Aussi je me suis dit que tu pourrais peut-être m'aider à la retrouver plus rapidement, n'est-ce pas ? »
Morgane essuya des yeux et répondit :
« Oui. Bien sûr. Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider ? »

***


CHAPITRE TROIS : DANS LA FORET




Cela faisait longtemps qu'ils marchaient dans la forêt, et la lumière du soleil déclinait plus que rapidement à présent. Morgane frissonna et resserra le col de son blouson molletonné contre son cou. L'homme en noir semblait exactement savoir où il allait. De temps en temps, il s'arrêtait ; il ouvrait un genre de petite boite avec des décorations en or gravées dessus ; et puis il poursuivait son chemin au milieu des grands arbres noueux, à travers le tapis rouge des fougères arborescentes.
Morgane trébucha sur une racine.
« Monsieur ! », appela-t-elle.
Elle commençait à fatiguer. L'inconnu se retourna. Et elle réalisa qu'il ne lui avait toujours pas dit son nom. Ce n'était guère poli, se disait-elle soudain.
« Veux-tu que je te porte ? », proposa-t-il.
Elle avait mal aux pieds.
« Je veux bien. C'est encore loin ? »
« Non, c'est tout prêt. », répondit l'inconnu, avec son sourire coupé. « Je le sens. »
Il la souleva sans aucun effort et la jucha sur son épaule. Morgane n'était plus tout à fait une petite fille, et même son père n'avait plus fait cela depuis... au moins avant son dernier anniversaire. Elle renifla plusieurs fois, mais il n'y avait rien. Rien de plus que l'odeur du sous-bois, de la terre et de l'humidité.
« Tu fais attention aux branches... », conseilla l'inconnu.
Lui-même écartait tout un tas de feuillages... pour révéler une petite clairière, entourée d'un tas de pierres dressées plus grandes qu'un homme. Il y avait même comme un dallage sur le sol, avec brien sûr des hautes herbes et des racines qui soulevaient les roches plates. On aurait dit une sorte de grande salle à laquelle on aurait enlevé le plafond. Mais le plus étrange, c'était tout ces cercles tracés sur les pierres, et ces étoiles, et encore plein d'autres signes étranges, qui brillaient tous de la même lueur argentée dans la pénombre bleuâtre du crépuscule.
L'homme déposa Morgane au centre, et se recula de quelques pas :
« Appelle-le, maintenant. Ici, il ne pourra pas ne pas t'entendre. »
Morgane se tourna encore une fois vers l'inconnu. Sa silhouette sombre se confondait quasiment avec les buissons autour de lui. Seuls ses deux yeux pâles luisait encore dans l'obscurité. Il ajouta.
« Et n'oublie pas de lui dire qui tu es ! »
Morgane hocha la tête.



CHAPITRE QUATRE :



« Dino ! », appella la jeune fille. « Dino, c'est moi, Morgane ! Tu ne m'as pas oubliée ? Reviens s'il te plaît... »
Un vent léger se leva, tiède, surnaturel. Morgane tressaillit. On aurait dit que le vent tournait autour d'elle, faisant grincer les branches, et crisser le tapis de feuilles mortes. Morgane regarda désespérément de tous les côtés.
« Dino ? », appela-t-elle encore, vraiment pas rassurée.
C'est alors qu'il apparut, juste au bas de l'un des grands rochers étoilés, là où la jeune fille n'avait sans doute pas bien regardé une demi seconde auparavant. Il y eu comme un déclic métallique dans son dos, mais Morgane s'en fichait. Elle se jeta au cou du garçon dont la blondeur illuminée par la lune avait pris une allure cendrée.
« Dino, tu m'as tellement manqué ! »
Alors Morgane ressentit une peur terrible. Sa peur à lui. Elle voulut regarder là où les grands yeux noirs de l'enfant fée s'étaient braqués... Mais déjà un filet s'abattait sur eux, tandis qu'une voix terrible criait :
« Stupéfix ! »
Il y eut un grand éclair, et l'inconnu éclata de rire.
« J'adore toute cette littérature ! », s'exclama-t-il.
Entraîné par le poids de Morgane, Dino tomba par terre. Et même s'il ne touchait pas vraiment le sol, il restait prisonnier du filet, et apparemment aussi paralysé que son amie.
« Et maintenant, fit l'homme en noir en s'approchant de ses deux prisonniers : « Dodo ! »
Il fit un geste de la main - et Morgane perdit conscience.


***

CHAPITRE CINQ : DANS LES CAGES DE GRAINVILLE



Lorsque Morgane ouvrit les yeux, elle était enfermée dans une cage. Une cage petite, mais assez haute pour qu'elle puisse s'y tenir debout, avec des barreaux en cuivre, tout usé, et avec des ornements accrochés dessus.

Tout autour d'elle, ce n'était que rangées de caisses, de cages et d'étals garnis d'un bric à brac incroyable, et des tas de gens habillés bizarrement se promenaient comme si de rien était dans les allées formées par ces espèces de boutiques.

Juste à côté de Morgane, il y avait une autre cage, avec des barreaux peints en noir, et des pointes dirigée vers l'intérieur. Dino se tenait à l'intérieur, à la regarder, debout, triste et immobile, ses pieds flottant à quelques centimètres du sol jonché de papier journal.

« Oh non, sanglota Morgane, Dino ! Est-ce qu'il t'a fait du mal ? »

Le regard du garçon était très doux. Morgane comprit en un instant que ce n'était pas le cas, qu'il allait bien. Mais qu'ils étaient en danger. Et que Dino était surtout très inquiet pour elle.

La jeune fille se sentit alors légère comme une plume : Dino ne l'avait pas oublié. Dino s'inquiétait pour elle. Dino... Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Ils étaient tombés dans un piège, et c'était elle, qui, comme une idiote, avait suivi un inconnu et l'avait guidé jusqu'à Dino, non pas pour lui remettre un message de ses parents, mais pour le capturer ! Elle était morte de honte. Elle s'en voulait. Elle aurait voulu mourir.

Mais... une minute : elle avait encore son sac. Elle avait encore son téléphone portable. Morgane s'empara aussitôt du petit boitier, et fébrilement, appela d'une touche le numéro de ses parents.

« DONG ! »

C'était l'homme en noir qui venait de frapper un grand coup de canne sur les barreaux de la cage de Morgane.
« Alors, on est réveillé ? », appela-t-il. « Te fatigue pas ma belle, il n'y a pas vraiment de réseau ici. »
Et c'était vrai. Alors Morgane fondit en larmes et aggripa les barreaux :
« Pourquoi ? Pourquoi vous faites ça ? Vous allez payer pour ça, vous allez voir ! »
Pour toute réponse, l'homme donna un coup de canne encore plus violent sur la cage, et la jeune fille recula précipitamment, de peur de se voir casser un doigt.
« D'abord tu vas te taire, espèce de petite imbécile à la cervelle de moineau. Ici les demoiselles bien élevées ne parlent que on les en autorise, et elles restent polies... »
La bouche de l'inconnu se tordit : « ...sinon on les corrige ! »
Et il frappa une nouvelle fois contre les barreaux, dans le dos de sa prisonnière. Morgane étouffa un cri, mais cette fois, elle n'osa rien dire.
« Alors c'est que je ne suis pas une demoiselle bien élevée, répondit à sa place une voix de femme, moqueuse : est-ce que tu comptes me corriger, Grainville 'aux yeux de rêves' ? »



FIN DE LA PREMIERE PARTIE

Tous droits réservés David Sicé 2006 pour le texte.
Tous droits réservés Philippe Ebly 2014 pour les personnages de Dino et Morgane.
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Re: Pour retrouver Dino

Messagepar Greenheart » Ven 12 Déc 2014 10:34

Greenheart le Dim 15 Jan 2006, 20:29


POUR RETROUVER DINO...


(SECONDE PARTIE)


CHAPITRE SIX : LE MARCHE DES SORCIERS

L'homme en noir fit volte-face. Alors c'était cela son nom ?, pensa Morgane : Grainville 'aux yeux de... machin chose'? Et qui était donc la nouvelle venue ?

Devant eux se tenait une superbe rousse, portant une veste et des pantalons de cuir rouge, et un corsage, à la manière des dames d'autrefois. Elle aurait dû être très belle, si une longue estafilade ne lui avait pas barré la moitié du visage.
« Diane... », murmura le dénommé Grainville.
« Vincent... », répondit la rouquine en s'approchant très près de son interlocuteur.
D'un coup, la canne de l'homme était passé dans la main de la femme.
« Hé bien, disait-elle en pointant l'objet en direction de Morgane, qui s'était mise à trembler : « Je ne savais pas que tu vendais des petites filles, à présent... »
L'autre lui reprit la canne des mains.
« Les affaires ne vont plus aussi bien qu'avant. Elle s'est trouvé au milieu d'une affaire. Je l'ai embarquée avec. Maintenant si elle t'intéresse, je peux te faire un prix ? »
Les lèvres de la rouquine se tordirent de dégoût.
Alors Morgane décida de tenter une nouvelle fois sa chance : elle s'agrippa à nouveau aux barreaux et se mit à crier :
« Je vous en supplie Madame, sauvez-moi. Il m'a enlevé moi et le garçon qui est dans l'autre cage... »
La rouquine la regarda une seconde, puis regarda Dino, puis les pieds du garçon qui flottaient toujours à quelques centimètres du sol. Puis elle s'approcha de Morgane, et répondit d'une voix douce : « Ce n'est pas un garçon. C'est un 'autre'. Tu es au Marché des Sorciers, et ici on vend les charmes, les monstres, et toutes les autres choses que des chasseurs comme Vincent et moi arrivent à capturer, au prix d'énormes risques et au moyen de la plus grande des ingéniosités. »
La dénommée Diane se redressa :
« Je ne vais pas aller contre la Loi : Vincent vous a attrapés le garçon et toi, et ce n'est pas moi qui ira le détrousser... »
« Non... pitié !, » bredouilla encore Morgane
Puis elle tomba à genoux, et se remit à pleurer.
« Les filles... », soupira Grainville.
Diane lui décocha un regard meurtrier.
« D'accord, déclara-t-elle soudain. C'est ton jour de chance, ma colombe. »
Elle sortit de sa veste un parchemin et le tendit à Grainville.
« Je te la rachète. Cette lettre de créance te suffit-elle ? »
L'homme attrapa le parchemin et le déroula, avec un sourire mauvais.
« Ça me suffira. »
Il rangea avec soin le parchemin dans sa propre veste, et ajouta, en inclinant la tête :
« Dis donc, Diane, je ne te savais pas si maternelle. A moins que, toi aussi, tu aies décidé de te lancer dans le commerce de petites filles ? »
La rouquine saisit au cou l'homme en noir. Elle siffla :
« J'ai décidé de ne pas attendre ma retraite pour recruter une apprentie. Maintenant, si jamais tu t'avises de refaire une affaire de ce genre avec quiconque, je te jure que je te tranche... »
Elle jeta un coup d'oeil par-dessus l'épaule de Grainville en direction de Morgane.
« ... la gorge ! », acheva-t-elle avec un grand sourire.
Et elle relâcha l'homme, qui toussotait.
« Diane..., répondit Grainville, toujours aussi... énergique... à ce que je vois ! »
La rouquine tendait sa main. Il lui remit une clé dorée et ajouta :
« Tu sais que ce n'est pas dans mes habitudes. »
Diane attrapa la clé et ouvrit la cage de Morgane.
« Vincent, répondit-elle avec froideur : je sais tout de tes habitudes. »

***

CHAPITRE SEPT : LA PIERRE DE LUNE



« Et Dino ? », s'exclama Morgane tandis que Diane l'aidait à sortir de la cage.
Bien campé sur deux jambes, Grainville croisa ses bras :
« Il vaut beaucoup, beaucoup plus cher. »
Diane se tourna vers sa protégée :
« Et à moins que tu aies avec toi les valeurs appropriées à une telle transaction, ce sont je doute fortement... »
Alors Morgane croisa le regard tranquille de Dino. Aussitôt, elle glissa sa main dans son blouson, pour en ressortir le pendentif fantaisie qu'elle avait reçu en cadeau le Noël passé.
« Oui, j'ai... »
La grosse perle en plastique qui en constituait l'ornement principal luisait d'un étrange éclat laiteux. Une propriété qu'elle n'avait jamais eu auparavant.
« J'ai... une pierre de lune ! », s'exclama Morgane, en exhibant fièrement l'objet.
La mâchoire de Grainville lui en tombait :
« Tu as une... quoi ? »
Il se précipita pour mieux examiner la perle. Diane secouait la tête :
« Vincent Grainville ! Plus bête que ses pieds. Tu ne songes même pas à fouiller les gens que tu kidnappes... »
Tandis qu'il chaussait son oeil d'une loupe pour mieux observer les aspérités de la pierre de lune, Grainville se justifiait comme il le pouvait :
« Un esprit de la forêt ne porte jamais de trésor sur lui. À part des trucs illusoires bien sûr. Et elle, ce n'était qu'une enfant du monde commun. Comme si j'allais lui piquer ses cartes de crédits... »
« C'est sûrement un cadeau de sa mère ou un truc de ce genre, » suggéra distraitement Diane.
« De ma grand-mère !, » précisa Morgane.
Et c'était vrai.
« Alors elle ne se doutait pas de la valeur de son caillou, répliqua Grainville en ôtant la loupe de son oeil. Moi je crois plutôt que tu lui as piqué ce truc dans sa boite à bijoux, non ? »
« Je ne suis pas une voleuse ! », protesta Morgane.
« ça suffit maintenant, intervint Diane : vous concluez le marché maintenant. Je n'ai pas que ça à faire ! »
« Okay, répondit alors très vite Grainville. Tu peux récupèrer ton Dino. »
Et il tendit une clé toute noire à Morgane, qui s'empressa de libérer le dernier prisonnier du chasseur.
« Mais ne t'avise pas de le perdre à nouveau, lança Grainville à la jeune fille qui s'éloignait, fermement maintenue par Diane : sinon, je serai là pour le reprendre. »
Et, alors qu'ils disparaissaient au détour d'une allée, Grainville ricana, sans arriver à se lasser d'admirer les reflets de la pierre de lune : « Ces gamins ! »


***

CHAPITRE HUIT : DINO, LIBRE A NOUVEAU

Le Marché au Sorcier n'avait pas de sortie : Diane la chasseresse s'arrêta devant un mur de brique. Elle sortit une craie de sa ceinture, et dessina une espèce d'arche sur le mur. Puis elle murmura des paroles indistinctes, et d'un coup, sous l'arche, il n'y avait plus de mur, juste la forêt et la nuit.

« Où nous emmènes-tu ? », demanda Morgane à la jeune femme, alors qu'ils passaient sous l'arche.

Avant de répondre, l'intéressée murmura encore quelques mots, et les lumières du Marché au Sorcier disparurent subitement. Ce n'était pas trop grave, car la clarté blafarde de la lune - la vraie - les éclairait suffisamment pour qu'ils sachent où ils mettaient les pieds.

Diane se retourna vers Morgane.

« Tu peux le laisser partir maintenant. Ne t'inquiète pas : il retrouvera son chemin. Et je parie qu'il ne se laissera pas prendre deux fois au même piège, n'est-ce pas Dino. »

Le garçon-fée hocha silencieusement la tête. Puis il étreignit Morgane, qui respira à nouveau son odeur de liberté, et son bonheur - son bonheur de l'avoir retrouvée, et d'avoir pu échapper au Marché des Sorciers. Et même si c'était une nouvelle séparation, Morgane n'avait pas envie de pleurer : elle était trop heureuse d'avoir pu réparer ses erreurs. De le savoir sain et sauf.

Avec un grand sourire, Dino traça du bout du doigt un petit cercle dans les airs, et un collier d'étoiles scintilla un bref instant au cou de la jeune fille. Puis un fin croissant de lune apparut au bas du bijou évanescent, pour devenir une pleine lune - et disparaître à nouveau.

« Oui, Dino, fit Diane derrière eux : c'est très malin ce que tu as fait. Et quand Grainville s'en apercevra, il va revenir très vite dans les environs chercher son bien, alors s'il te plait, ne tarde plus, et va te perdre dans les airs comme tu sais si bien le faire, tu rendras un grand service à ta copine, crois-moi ! »

Alors Morgane eut à nouveau envie de pleurer. Dino lui fit un petit signe de la main, puis il disparut simplement dans l'obscurité qui les entourait.


***

CHAPITRE NEUF : LE CHOIX DE MORGANE



La jeune fille se réfugia dans les bras de la chasseresse. Diane soupira. Puis elle prit Morgane par les épaules et la regarda droit dans les yeux.

« Maintenant, j'ai une question très importante à te poser... Et il faut que tu me répondes aussi vite que possible, parce que nous n'avons plus de temps. »

Morgane hocha la tête. Diane reprit :

« Tu as vu beaucoup de choses étranges. Tu sais que des gens comme Dino, Grainville et moi existent, et que le monde commun n'est que l'un des mondes de cet univers - et qu'il peut être facile de passer de l'un à l'autre - ou bien de s'y voir entraîné contre son gré. »

Elle fit une pause : « Alors soit tu restes avec moi, et tu fréquenteras toute ta vie des monstres et des merveilles comme Grainville et Dino... »

La chasseresse soupira une nouvelle fois : « Soit je te ramène chez tes parents, et tu reprends ta vie tranquille d'autrefois. Réponds vite s'il te plait. »

C'est alors que le cartable de la jeune fille se mit à carillonner avec force.

C'était déjà tout vu : Morgane avait eu la peur de sa vie. Elle ne voulait pas qu'un méchant homme en noir essait de la vendre à nouveau. Elle ne voulait pas non plus recevoir de nouveaux coups de canne...

Et pourtant, elle aurait bien voulu revoir Dino, mais...

« Et à moi, fit alors une voix d'homme tranchante, on ne me demande pas s'il me plait... ? »

***

CHAPITRE DIX

Morgane se précipita derrière Diane. Grainville se tenait devant elles, exhibant un collier fantaisie avec une énorme fausse perle en plastique.

« Espèce de sale petite garce ! », siffla-t-il. Tu pensais réellement que tu allais t'en tirer avec tes vulgaire tour de passe-passe ? Je veux mon argent ou tu me rends l'esprit ! »

Diane dégaina un couteau gigantesque. Sous les rayons de la lune, La lame jetait un éclat inquiétant

« Ne te mêle pas de ça, Diane, gronda Grainville : c'est une affaire entre moi et la môme ! »

« Arrête ton char, Vincent, répondit la chasseresse. Est-ce qu'au moins tu sais où nous nous trouvons ? »

L'homme en noir rétorqua :

« Non, mais tu vas me le dire. »

« Juste derrière la maison de la môme, figure-toi : et à l'heure qu'il est, je te garantis que ça doit grouiller de flics. Imagine deux secondes, si bien sûr ta cervelle minuscule te permet un pareil effort après cette longue conversation, ce qui arrivera si la gamine ou moi, ou même nous deux en même temps, nous nous mettons à hurler. Je suis presque certaine qu'ils ont déjà ton signalement. »

Grainville sembla hésiter. Mais Diane n'avait pas rangé son couteau pour autant, et continuait.

« Ils te mettront en prison Vincent, immédiatement. Et je veillerai personnellement à ce que tes pouvoirs y soient fortement diminués. Et tu te feras plein de nouveaux amis là-bas, crois-moi. Peut-être même que tu en retrouveras des anciens... »

Et là, Morgane aurait juré qu'elle avait vu passer une lueur de crainte dans les yeux pâles de l'homme en noir. D'ailleurs celui-ci recula d'un pas. Et baissa les bras.

« D'accord, tu as gagné. La môme peut partir, je ne lui ferais rien. »

« C'est bien Vincent, répondit Diane en abaissant lentement son couteau. Tu deviens raisonnable. Ca doit être l'âge... »

Grainville fit une grimace :

« Ne pousse pas trop loin ta chance, Nightlake ! »

« Vas-t'en maintenant, répliqua la chasseresse d'une petite voix dure : et que je ne te revois plus tourner autour de cette maison. »

Grainville recula dans l'obscurité. Jusqu'à y disparaître complètement.

« On y va maintenant, fit Diane en poussant Morgane vers la porte du jardin de sa maison. « Pas de regret, n'est-ce pas ? Tu n'as tout de même pas envie de retrouver de sombres crapules comme Granville sur ton chemin ? »

Morgane secoua timidement la tête. Diane avait l'air franchement soulagée : « Alors on fait le tour et on entre par la grande porte : assez joué les voleurs pour aujourd'hui. »

« Mais qu'est-ce que je vais leur dire ? », réalisa soudain la jeune fille.

« La vérité, répondit la Chasseresse du tac au tac : un individu correspondant au signalement de Grainville a essayé de t'enlever. Tu as eu peur, tu t'es perdue dans la forêt. Je t'ai retrouvé sur la route et je t'ai ramenée chez toi. »


***

EPILOGUE

« Nous avons eu si peur ! », sanglotait Maman.
Même Papa avait des larmes dans les yeux.
Le policier se tourna vers Diane - qui en fait n'avait plus de cicatrice et portait un tailleur Chanel depuis qu'elle avait sonné à leur porte : « Nous aurions besoin de votre déposition. Si vous voulez bien me suivre au commissariat. »
« Mais bien sûr, Monsieur, » répondit la Chasseresse. « Au revoir Morgane. »
« Au revoir ! » souffla la jeune fille.
« Prenez bien soin d'elle, dit encore Diane avec une pointe d'amertume.
Et elle quitta la maison.

FIN

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