Les évadés de Noël

Les récits reprenant les personnages créés par Philippe Ebly.

Les évadés de Noël

Messagepar Greenheart » Dim 14 Déc 2014 14:01

Posté par Greenheart le Jeu 04 Jan 2007, 22:37


Et voici, en retard - mais complète - , la première fan fic de Noël.

Pour tous publics.

Noïm, Thierry, Didier, Kouroun sont des personnages créés par Philippe Ebly, tous droits réservés.


LE NOEL DES EVADES

Une fan-fic de Doug Greenheart
D'après les personnages des Évadés du Temps de Philippe Ebly.




CHAPITRE UN

C’était une maison confortable de la région parisienne, qui surplombait la vallée. En contrebas on pouvait voir briller les lumières de la petite ville de banlieue, et, à gauche autant qu’à droite se dressaient quelques tours à loyer modéré. La longue pelouse était couverte de gelée, et quelques décorations électriques égayaient la nuit noire en plus du halo pale du réverbère le plus proche.

Dans le salon, où crépitait un feu joyeux, un garçon de seize ans environ aux cheveux châtain clair et au visage sympathique se planta au milieu de la pièce. Il lança à ses trois camarades :

« Hé, les marmottes, votre attention s’il vous plaît. »

Le plus athlétique des garçons – il s’appelait Kouroun – se détourna du feu de bois qu’il venait d’allumer. Les deux autres, qui comme Kouroun, avaient les cheveux noirs, levèrent le nez d’un plateau en bois assez grand et quadrillé, sur lequel ils posaient depuis une bonne demi heure des sortes de jetons blanc et noir.

Didier et Noïm étaient jumeaux, aussi était-il difficile de ne pas les remarquer quand on les croisait.

En voyant à quoi les jumeaux passaient leur temps, le premier garçon – Thierry – fronça les sourcils : « Hé, à quoi ça rime votre truc ? C’est Noïm qui joue en solitaire ou quoi ? »

Didier et Noïm sourirent, presque de la même manière. Didier expliqua :

« Non, on apprend ensemble à jouer au Go. Au début ce n’est pas compliqué mais très vite, on n’est pas trop de deux pour comprendre les meilleurs coups à jouer ! »

Thierry resta une seconde perplexe, puis il éclata de rire : « Ah, vous avez bien failli m’avoir. Alors pourquoi Noïm est en train de lire alors ? »

En effet, l’un des jumeaux tenait à la main un petit livre rempli de diagrammes et des chiffres. Il expliqua – imitant à la perfection le timbre enjoué de Thierry (en fait, il avait exactement la même voix que lui) :

« C’est un livre pour refaire des parties de go, coup après coup. On apprend vite et énormément avec. »

Thierry releva le menton : « Que tu dis. Jamais à court de combines, le Noïm ! Bon, revenons aux choses sérieuses, et n’essayez pas de vous défiler. »

Le garçon donna un petit coup de pied dans un des cartons qu’il avait déposé jusqu’ici discrètement dans le salon :

« Votre mission, si vous l’acceptez – et vous n’avez pas le choix – est de m’aider à décorer la maison pour fêter ce noël aussi normalement que possible. Et j’insiste : normalement ! »

Il pointa un doigt accusateur en direction de Noïm : « Pas question de me ramener une lampe enchantée ou de me ramener un mugwh, même avec des cornes de renne au front. »

« Les mugwh n’ont pas de front, remarqua Noïm, sans se vexer.
« Tu m’as compris ! », répliqua Thierry. « Quant à toi, ajouta-t-il en pointant son doigt cette fois en direction de Kouroun, pas d’entourloupe non plus de ton côté : je ne veux aucun autre invité que mes potes, donc pas de lutins, pas d’elfes et pas de hobbits ! »

« Parce qu’ils ont trop d’appétit ? » demanda Kouroun bon pince sans rire.
« Pas de druide non plus ! », répondit Thierry.

Une ombre passa sur le visage de Kouroun, mais disparut presque aussitôt.

« Quoi, tu n’as pas prévu une glissade temporelle pour la veillée ? », demanda Didier, histoire de changer très vite de sujet.

« Nan, répondit Thierry, les oreilles toutes rouges : et j’ai pas non plus l’intention de passer la nuit à l’auberge de la porte d’à côté. »

« D’accord, Thierry, intervint Kouroun en se relevant : nous t’écoutons. Dis-nous ce que tu attends de nous… »

« A part de rester bien sages… » compléta Noïm avec un sourire tranquille.

Thierry sortit son portefeuille et en tira des billets flambant neuf. Il les tendit à Kouroun :

« Toi et Noïm, vous allez acheter le sapin. Un beau, un vrai, pas un en plastique ou qui perd déjà ses épines. Didier et moi, on reste ici pour décorer la maison et préparer le casse-croûte. »

Didier et Noïm échangèrent un regard. Ce n’était pas la première fois que Thierry organisait leurs récentes activités de manière à les séparer le plus souvent possible.

Les jumeaux avaient beau eu essayé de lui expliquer que de toute manière ils restaient en contact télépathique permanent, la seule chose que Thierry avait trouvé à répondre était : « Excellent, comme ça vous testerez le son surround. »

Il avait le secret des expressions de ce genre, auxquelles il avait pris l’habitude d’ajouter : « Enfin, je me comprends. »

Noïm se gardait bien alors d’ajouter que lui aussi le comprenait (ou en tout cas, qu’il entendait toutes ses pensées à lui, pour peu qu’elles soient un peu claires) – et évitait autant que possible de contacter Thierry par télépathie pour des choses qui ne relevaient pas de l’urgence absolue.

« Il est jaloux ou quoi ? » avait demandé Didier.

« C’est un peu ça, avait répondu Noïm. Et malgré toutes nos aventures, il continue d’avoir un peu peur de moi. »

« Alors, avait demandé Didier, on va faire quoi pour améliorer ça ? »

« On peut essayer de faire en sorte que le plus de choses se passent ordinairement entre nous. Sans mentir non plus bien sûr. Ça le rassurera petit à petit, et au fond, il nous en sera reconnaissant de faire un effort. »

« Je suis d’accord, avait répondit Didier. Hé, c’était pas une idée à moi ça ? »

Noïm s’était mis à sourire. Toute cette conversation avait bien entendu eu lieu télépathiquement.

« Tu le veux petit ou grand ton sapin ? » demanda Kouroun.

Thierry répondit, avec malice :

« Grand. Faut bien que tes muscles te servent à quelque chose, non ? »

***

CHAPITRE DEUX


Le bus s’était arrêté devant le parking de la galerie marchande. Ce dernier était bourré à craquer de voiture et empestait le gasoil. Alors qu’ils marchaient en direction de l’espace de vente des sapins, en contrebas de la façade braisillante d’ampoules clignotantes, Noïm demanda à Kouroun :

« Nous n’avons pas de voiture, comment Thierry croit-il qu’on va ramener un grand sapin ? »

« Il t’a répondu tout à l’heure, » répondit Kouroun avec un demi sourire.

Il fit mine de gonfler son biceps et de le tâter.

Noïm répondit faussement ébahi : « Tu vas vraiment porter le sapin tout seul à pieds jusqu’à la maison ? »

Kouroun bondit sur le jumeau comme un tigre et l’immobilisa au sol pour s’asseoir sur lui, superbe et altier. Des rires et des applaudissements épars fusèrent autour d’eux, mais la majorité des gens continuaient de se marcher sur les pieds comme si de rien n’était, et il y avait même des commentaires désobligeant sur « ces jeunes voyous qui ne savait pas se tenir ».

Kouroun se releva souplement et aida son camarade à revenir sur ses pieds.

La majorité des « sapins » qui étaient exposés avaient l’air en plastique. Certains étaient même recouverts de peinture blanche ou pailletée. Sans même se consulter, les deux garçons quittèrent les allées les plus fréquentées, pour avancer dans les zones plus sombres, où, justement, les plus grands sapins étaient regroupés.

« Ceux-là sont en pots… », remarqua Kouroun. « Ça veut dire qu’on ne sera pas obligé de le jeter après la fin des fêtes. »

L’air embaumait à présent d’une odeur très forte de forêt profonde et nordique. Un léger vent froid se levait, et les deux garçons s’immobilisèrent au milieu de l’allée obscure. L’animation de la galerie marchande semblait très lointaine à présent, et ne parvenait plus à leurs oreilles que sous la forme d’une rumeur très étouffée.

Noïm posa sa main sur l’épaule de Kouroun :
« Celui-là. » dit le jumeau d’une voix douce.

Kouroun hocha lentement la tête, puis fit un pas en direction du sapin, qui était au moins aussi grand que lui, encore solidement ficelé, planté dans son pot. Le garçon essayait de l’imaginer, une fois qu’il aurait atteint une taille adulte, toutes ses branches déployées…

« Il vient de Suède, » fit une grosse voix derrière eux.

Les deux garçons firent volte-face.

« Non, je ne suis pas le père Noël,» fit le gros homme à la barbe blanche hirsute et engoncé dans son anorak matelassé. La tête qu’ils devaient faire à cette seconde devait être particulièrement drôle.

« Combien il coûte ? », demanda Kouroun, qui avait immédiatement reprit une attitude plus posée.

« C’est de la première qualité. »

Même Noïm, chez qui habituellement ce genre de détail passait largement au-dessus de la tête, fut surpris du prix annoncé. Kouroun sortit l’argent que lui avait remis Thierry, et ils firent tous les deux leurs propres poches à la recherche de quelques pièces ou coupures qui auraient échappé à leur attention.

Le gros homme les regarda faire, puis, constatant leur mine de plus en plus sombre, demanda :
« Vous n’avez pas de carte de crédit ? »

Didier en avait reçue une récemment, mais ni Kouroun ni Noîm n’avaient eu droit à un tel égard, dont d’ailleurs les deux garçons ne s’étaient pas préoccupé tant que cela jusqu’à présent.

Le vent froid se leva de nouveau.
« Bon, vu que c’est Noël, je vous le fais à moitié prix. Ça vous va ? »

Les deux garçons s’empressèrent d’accepter.

« Vous faites vraiment une affaire, » remarqua le gros homme mécontent en leur tendant le bon à passer en caisse. Visiblement, il regrettait déjà sa générosité.

« Kouroun, tu t’occupes de charger l’arbuste dans la limousine ? » lança Noïm dans une imitation à s’y méprendre de Thierry. Et il partit en direction des caisses après avoir attrapé les billets dans la main de son camarade.

Le chauffeur de bus s’opposa d’abord à ce qu’ils chargent le sapin, bien trop encombrant à son goût. Il céda très vite une fois que Noïm s’en fût mêlé.

Kouroun soupira : « D’un côté, on n’avait plus de quoi se payer un taxi. De l’autre, je ne sais pas si on n’a pas un peu abusé là. Ce n’était pas une question de vie ou de mort, non ? »

Noïm répondit : « Pour toi, peut-être… »

« Moi qui croyait que tu avais mes muscles… » remarqua Kouroun, narquois.

« Oui, mais j’ai ma petite santé, » répliqua le jumeau.

Ils restèrent quelques minutes, silencieux, serrés contre le conifère ligoté adossé dans un coin au fond du bus, le défendant de la poussée des passagers apathiques chargés de sacs et de cabas.

« Est-ce que tu sais ce que c’est ? » demanda alors Kouroun à mi-voix.

« J’en ai une petite idée, mais je n’en suis pas certain », répondit Noïm sur le même ton.

Kouroun poussa un nouveau soupir :
« C’est Thierry qui va apprécier… »

Noïm répondit : « On n’est pas obligé de tout lui dire non plus. »


***


CHAPITRE TROIS


Thierry et Didier avaient fait un travail superbe. Tout le rez-de-chaussée de la maison, ainsi que l’escalier et le couloir qui menaient à l’étage et au chambre étaient devenues une véritable féérie.

« Ah ça… fit Kouroun, qui daigna se montrer un brin impressionné. Il ne manque que les hobbits. »

Et télépathiquement, Noïm ajouta à l’attention exclusive de Didier : « Vu ce que nous ramenons, ils ne manqueront pas longtemps. »

Thierry inspecta le sapin ramené par ses camarades d’un air dubitatif.

« Il n’est pas un peu grand ? » déclara-t-il enfin. « Bas, ce n’est pas grave. Vous n’aurez qu’à le raccourcir un peu. Il y a une hache dans le garage. »

« Il n’est pas si grand, intervint Didier. Et puis s’il reste dans son pot, il perdra moins vite ses épines, non ? »

Thierry inclina la tête : « Tu as raison. Allez, coupez juste les cordes et on s’occupe de le décorer. »

« J’étais sûr qu’il accepterait plus facilement si ça venait de toi » fit Noïm à Didier de manière télépathique.

« Oui, mais pourquoi c’était si important, lui répondit Didier sur le même ton. Tu peux me l’expliquer maintenant ? »

« Je préfère qu’on attende le bon moment, pour voir si je ne me suis pas trompé. »

Pendant ce temps, Kouroun positionnait le sapin selon les consignes de Thierry, puis il trancha les cordes avec son couteau de chasse.

Les branches de l’arbre se déployèrent lentement, majestueusement. Une bonne odeur de forêt envahit le salon, puis toute la maison, submergeant la cendre du feu de bois. Dans le même temps, la température de la pièce tomba de quelques degrés.

« Vous trouvez pas qu’il fait un peu frisquet, là maintenant ? » remarqua Thierry. « On a dû laisser la porte ouverte, j’y vais. Noïm et Didier, vous vous chargez de décorer le sapin. Kouroun, tu me rejoins à la cuisine. Et tu me laves ton couteau, t’imagines pas toutes les bactéries qui doivent grouiller dessus ! »

Il sortit du salon. Les trois garçons se regardèrent. Didier demanda : « Hé les gars, c’est pas la Reine des Neiges que vous nous avez ramené au moins ? »

Kouroun interrogea du regard Noïm :
« Non, avoua le jumeau : c’est une force bénéfique que nous avons sauvée de ce magasin. Ce n’est pas un monstre, j’en suis absolument certain. »

Déjà les branches du sapin se recouvraient de gel. Kouroun remarqua doucement :
« Si c’est une force bénéfique, tu peux lui demander de baisser un peu le congélateur si possible. Si Thierry voit ça, il va paniquer et me demander d’en faire des rondelles… »

Une minute plus tard, Thierry revenait dans le salon, perplexe :
« Non, la porte était bien fermé. Ça doit être la température de dehors qui plonge. Je vais monter le thermostat. Ouah, la bombe à fausse neige rend super bien. J’aurais pas cru. »

« T’embêtes pas Thierry, remarqua Didier : on va mettre des pulls. Hé puis si tu montes trop le chauffage, non seulement ça va leur coûter un max à tes parents, et en plus le sapin va avoir trop chaud… »

Thierry rétorqua avec humeur : « Si ça leur coûte un max, ce sera tant mieux. Et même si j’avais pas prévu de fêter Noël en slip, j’ai quand même pas l’intention d’attraper la mort cette nuit, alors je vais monter le thermostat ! »

Et il repartit dans le couloir en criant : « Kouroun, la viande t’attend dans la cuisine. N’attends pas qu’elle se mette à bouger toute seule ! »

« Il va brûler du pétrole pour rien, » déclara tranquillement Noïm.
« Tu as essayé de lui parler ? » interrogea Didier.
« Oui, mais je ne sais pas s’il m’a entendu… » avoua son frère jumeau.

« Vaut mieux que j’aille en cuisine, » remarqua Kouroun.
« Oui, surtout que t’es meilleur cuisinier que lui, ajouta Noïm.
« Ce n’est pas vrai, protesta Didier par souci d’honnêteté.


***

Deux heures plus tard, la table basse du salon était chargée de vaisselle et de victuailles.

« C’est vraiment trop bon, mais je n’en peux plus ! » avoua Noïm.

« Tu veux dire que tu te réserves pour la bûche, » répliqua Thierry, visiblement très fier de lui, et passablement éméché. « Qui est pour ouvrir une autre bouteille de cidre ? »

« Reste assis, je te l’apporte, fit Kouroun en se levant. Au fait, vous comptez vraiment regarder la télé pendant toute la soirée, parce que le Soldat Rose, c’est pratiquement fini maintenant et après c’est le bêtisier sur toutes les chaînes… »

« Tiens, je croyais que le bêtisier c’était toute l’année ? » répondit doucement Didier, qui était à peu près dans le même état que Thierry.
Kouroun était sorti du salon depuis une minute quand ils entendirent les loups hurler au loin.

« Hé, fit alors Thierry dans un éclair de lucidité : c’était pas sur TF1 la course en traîneau barbante ? »

Alors la télé disjoncta, et les loups hurlèrent à nouveau, dehors, tout près. Kouroun revenait et déclara : « Vous avez enfin éteint la télé. Merci les gars. »

« Mince, j’espère qu’elle est pas tombée en panne ! » s’inquiéta Thierry en se levant. Il manqua de se prendre les pieds dans le tapis, et fut rattrapé de justesse par Kouroun et Noïm.

« Ça va les gars, je sais encore me tenir debout tout seul ! » il protesta. Il essaya en vain de rallumer la télé. Un nouveau hurlement de loup résonna dans le jardin, et Didier se leva à son tour, franchement inquiet.

« C’est rien, fit Thierry. C’est juste les chiens du voisin qui ont dû encore sauter par-dessus la clôture. Vu qu’on n’a pas de fusil et que mes parents veulent rester en bons termes, on n’y pourra rien y faire. »

Il appuyait sans succès sur tous les boutons de la télévision, et en était à vérifier les prises électriques.

« Sûrement une surtension, il grommela. Merci EDF. Dis Noïm, t’aurais pas un nouveau pouvoir qui réparerait les trucs électriques. Parce que pour une fois, tu serais vraiment utile là ! »

« Désolé, répondit Noïm, je ne peux rien faire. »

Thierry se leva, très mécontent : « Un noël sans télé, c’est pas possible ! »

Alors un vent surnaturel anima les branches du sapin chargées de décoration… et la télévision se ralluma. La température de la pièce descendit à nouveau de quelques degrés. Dehors, les chiens arrêtèrent net leurs hurlements.

« Ah ! fit Thierry rassuré. Mais on a perdu les chaînes. C’était à prévoir. Va tout falloir reprogrammer. Tu peux t’en charger Didier ? Et oublie pas le magnétoscope. Ma mère s’en sert encore pour ses feuilletons policiers. Faudra un jour que je lui offre un de ces trucs à disque dur. »

« Euh, répondit Didier en clignant des yeux : ça peut pas attendre demain, parce que, j’ai un peu mal à la tête, tu vois ? »

C’est alors que toutes les lumières de la maison s’éteignirent. Mais l’écran de télévision lui, continuait de briller dans la nuit.

« Là, je n’y comprends plus rien ! » s’exclama Thierry.
« Ça va commencer ! » avertit Noïm.
« Qu’est-ce qui va commencer ? » demanda Thierry.

« Les cantiques que nous avons préparé pour Noël ? » proposa Didier.
« Quoi ? s’écria Thierry : vous avez préparé des cantiques ? J’y crois pas ! »

Un nouveau courant d’air glacé traversa la pièce. Le feu dans la cheminée vacilla puis se trouva rapidement réduit à un tas de braises rougeoyantes.

« Oh là, c’est pas normal qu’on se les gèle à ce point, » maugréa Thierry.
C’est alors que toutes les décorations de noël se mirent à tomber des branches. C’était comme si le sapin s’ébrouait pour se débarrasser de tout ce qui l’encombrait.

« Hé ! » cria Thierry. « C’est quoi ce truc, un poltergeist ou quoi ? Noïm ! »

Le garçon avait reculé jusqu’au milieu de ses camarades.

« Ce n’est pas ma faute, répondit Noïm, toujours avec la voix de Thierry : Kouroun était avec moi. »

« Tu es absolument certain que cet arbre n’est pas maléfique ? » répondit Kouroun à voix basse.
« Absolument… euh, presque certain. »

« Ça c’est notre Noïm tout craché, répondit Thierry : si on s’en s’en sort vivants je te jure que tu vas passer un sale quart d’heure. »

Le sapin s’ébouriffa à nouveau et cette fois un tourbillon de neige envahit le salon.

« Comme si c’était pas assez le souk ! cria Thierry. Et qui est-ce qui va tout ranger demain matin ? C’est Noïm ! »

Kouroun lança : « Il y a sûrement un moyen de communiquer avec lui ! »

Et il s’avança vers l’arbre qui était redevenu immobile et majestueux.

« Qu’est-ce qu’il va faire ? demanda Thierry. Lui chanter « Mon beau sapin » ? »

Alors que la neige retombait tout autour de lui, Kouroun avança lentement sa main, jusqu’à la poser sur l’écorce du tronc étroit.

Il murmurait des mots paisibles, trop bas pour que les autres puissent les entendre. Bien sûr, Noïm devait savoir ce qu’il disait, mais le jumeau demeurait silencieux, même télépathiquement.

Alors il y eu comme un craquement, et l’écorce du tronc se fendit sur tout son long, tandis que les branches du sapin s’écartaient. Kouroun recula prudemment d’un bon pas, tandis qu’un halo argenté et nébuleux glissait hors du tronc.

Le halo glissa doucement à terre, sur le tapis du salon recouvert de givre, et se scinda en deux, et les lumières du salon se rallumèrent.

Le sapin était à nouveau intact et le feu de bois flambait à nouveau joyeusement dans la cheminée. Et au milieu des décorations éparses sur le tapis détrempé, deux corps minces aux cheveux longs et argentés gisaient enlacés.

« Désolé, fit doucement Kouroun à l’attention de Thierry. Mais au moins, ce ne sont pas des hobbits. »

Ils avaient l’air de deux adolescents de leur âge, très pâles et très minces. Thierry s’approcha avec méfiance, suivi de Noïm et Didier.

Il y avait un garçon et une fille, et ils semblaient endormis.

« On a de la chance, déclara alors Thierry, complètement dégrisé : il y en a aucun des deux qui nous ressemblent. »

Puis, en regardant ses camarades, il pointa son doigt en direction d’une oreille qui pointait à travers les cheveux d’argent :

« J’avais dit : pas d’elfes ! »


FIN

Tous droits réservés David Sicé pour le texte 2007 / 2014.
Tous droits réservés Philippe Ebly pour les personnages, 2014.
Merci à Hervé pour les corrections de 2015.
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