L'homme invisible, le film de 1933

Les films sortis de 1921 à 1940.

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L'homme invisible, le film de 1933

Messagepar Greenheart » Mar 10 Mai 2016 15:39

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The Invisible Man (1933)

Sorti aux USA le 31 octobre 1933.
Sorti en Angleterre le 30 novembre 1933.
Sorti en France le 2 mars 1934.

Sorti en blu-ray anglais coffret 8 blu-rays Universal Monsters le 1 octobre 2012.
Sorti en blu-ray américain et français coffret 8 blu-rays Universal Monsters (multi-régions, version française incluse) le 2 octobre 2012.
Sorti en blu-ray français le 1er mars 2016 (région B)
Sorti en blu-ray français édition limitée le 17 octobre 2017.
Sorti en blu-ray américain complete legacy collection 28 août 2018.
Sorti en blu-ray 4K anglais le 4 octobre 2021.
Sorti en blu-ray 4K américain coffret Universal Monsters limité à Dracula, Frankenstein, The Invisible Man et The Wolf Man le 5 octobre 2021.
Sorti en blu-ray 4K français le 6 octobre 2021.

De James Whale, sur un scénario de R. C. Sherriff, d'après le roman de 1897 de H. G. Wells avec des emprunts au roman The Murderer Invisible de 1931 de Philip Wylie, avec Gloria Stuart, Claude Rains, William Harrigan, Dudley Digges, Una O'Connor, Henry Travers, Forrester Harvey.

(horreur, science-fiction) Par une nuit de blizzard, un homme en gabardine et chapeau mou vissé sur son visage bandé lutte pour avancer sur une route sinueuse enneigée jusqu’à ses chevilles. Le vent siffle, les flocons de neige tourbillonne, et arrivé à un panneau indicateur, il doit le nettoyer de la manche pour pouvoir lire clairement d’une certaine bourgade nommée Iping n’est plus qu’à un demi mile. Il bifurque donc sur une route possiblement plus étroite mais toujours balisée par deux rails de bois qui sont le seul moyen de la distinguer à présent que tout est enneigé, et se dirige vers les lumières au bout de la route.

L’enseigne de l’auberge La Tête du Lion est décoré avec imagination d’une tête de lion rugissant de profil. A l’intérieur tout le monde est resté en manteau et chapeau, fume la pipe et boit tandis que le piano joue et que les joueurs de fléchettes font du tapage. A chaque fois que la porte s’ouvre, un nuage de flocons de neige s’engouffre dans la salle, et recouvre la sciure déjà répandue sur le sol.

Accoudé au bar, un homme à casquette cigarette au bec écoute un moustachu à chapeau mou lui raconter la triste histoire du petit Willy de Madame Mason que celle-ci envoya à l’école et qu’elle retrouva enterré sous dix pieds de neige à cause d’une congère. Comment l’en ont-ils sorti, demande l’homme à la casquette ? Ils ont amené le camion des pompiers, enfoncé le tuyau dedans, pompé à l’envers et l’ont aspiré à la surface ! Les deux clients et la serveuse se mettent alors à rire bruyamment, le rire de la servante ressemblant plus ou moins au cri de la hyène.

Ils en rient encore alors que le pianiste achève son récital et se retourne souriant sous les applaudissements nourris des clients. L’homme qui était assis à côté du piano glisse alors dans la fente une pièce de monnaie, tourne la molette pour faire jouer plus vite, et une nouvelle musique commence à jouer. Le pianiste émérite se retourne alors précipitamment pour agiter ses mains à nouveau au-dessus des touches, jetant un regard furieux à celui qui a glissé la pièce sans l’attendre. Toute la salle éclate à nouveau de rire.

Alors qu’un lanceur de fléchette vient de marquer cinquante points, quelqu’un frappe à la porte et l’ouvre et tout le monde se retourne et se tait : c’est l’homme en gabardine noire, chapeau mou, gant et valise, avec des grosses lunettes noires, le visage entièrement bandé et un cache-nez achevant de lui dissimuler la face. Il contemple un temps la salle et les clients debout dans l’embrasure et la tempête de neige. Puis il entre et marche le long du comptoir jusqu’à la hauteur du patron, tandis que les clients les plus proches se reculent avec leurs chopes pour aller s’asseoir plus loin.

L’étranger baisse alors son cache-nez et réclame au patron une chambre avec un feu. Pas plus impressionné que cela, le patron se retourne vers la cuisine pour appeler une certaine Jenny – une dame aux allures de vieille chouette qui passe la tête par sa porte : il y a un gentleman ici qui veut une chambre et un feu.

Jenny sort, l’air très étonnée : il veut une chambre ? L’inconnu répète qu’il a bien demandé une chambre. Jenny secoue la tête : ils n’en ont pas de prête, pas en cette période de l’année : les gens ne s’arrêtent pas d’habitude ici, seulement en été. Mais l’inconnu en déduit calmement qu’elle peut en préparer une. Jenny hésite brièvement, et répond que certainement. Et d’appeler une certaine Minnie – la serveuse au rire de hyène, qui passe à son tour la tête depuis la porte de la cuisine.

L’inconnu ajoute qu’il veut aussi un salon privé avec. Jenny répond que certainement, oui. Puis elle fait signe à Minnie de la suivre par l’autre porte tandis qu’elle soulève l’extrémité du comptoir pour sortir de derrière celui-ci, le nez en l’air, et demande à l’inconnu de la suivre, soulevant au passage une seconde planche qui défendait l’accès à la porte d’un escalier permettant de passer de la salle à l’étage, escalier donnant directement sur la cuisine d’où Minnie sort. Au bas de l’escalier, c’est en fait la table des dames âgées qui frileusement dégustent leurs propres chopes de bière à l’abri du regard des hommes de la salle.
Comme Minnie semble hésiter à monter l’escalier, Jenny lui donne une tape sur l’épaule et monte juste derrière elle, tandis que l’inconnu leur emboite le pas. Toutes les femmes à la table sur le côté de l’escalier dévisagent en vain l’inconnu.

A l’étage, Minnie entre dans la chambre avec salon privé : c’est une sorte d’appartement. Minnie allume une lampe, Jennie va à la cheminer préparer le feu et fait la conversation : c’est l’hiver le plus froid qu’ils n’aient jamais eu ici depuis des années — les hommes ont rassemblés toutes les vaches et les moutons pour deux semaines, les pauvres chéries ne pourraient même pas trouver un brin d’herbe verte.

Fort impoliment, l’inconnu ne répond rien : il est resté debout à scruter la nuit par la grande fenêtre. Jenny grommelle : son client est peut-être bigleux, mais il n’est certainement pas en même temps sourd et idiot. Ayant allumé le feu, Jenny se relève puis va trouver l’inconnu à la fenêtre pour lui proposer fort obligeamment de prendre son manteau et son chapeau afin de les faire sécher à la cuisine. L’inconnu répond fermement, en se détournant d’elle : Non, il préfère les garder sur lui. Jenny fait les gros yeux, mais répond professionnellement : très bien, la chambre sera vite réchauffée.

Puis l’inconnu déclare qu’il a laissé des bagages à la station, quand est-ce qu’il peut les faire chercher ? Jenny répond qu’elle les fera chercher demain, et de demander à l’inconnu s’il compte rester longtemps. L’inconnu confirme. Puis demande s’il n’y a pas moyen de les faire venir cette nuit. Jenny répond que non et l’inconnu semble s’en contenter. Puis il réclame de la nourriture, et Jenny lui répond « immédiatement, Monsieur ». Jenny retire un dernier drap qui protégeait un fauteuil et sort. L’inconnu tire le rideau, baisse le store.

En bas, les clients jasent au bar. De l’avis de l’homme qui racontant l’histoire de Willy, l’inconnu est un criminel en cavale. Son camarade proteste : le nouveau venu a été aveuglé par la neige, il porte les lunettes noires pour préserver ses yeux. Mais le jaseur n’en démord pas et conseille à l’aubergiste d’être prudent et de mettre son argent sous clé. Pendant ce temps Jenny sort de la cuisine avec le plateau repas et réclame une bouteille de vin, monte les escaliers, frappe et dépose le plateau sur la table dont elle a déplié la rallonge. L'inconnu lui demande si la porte de son salon a une chambre, mais Jenny craint qu'il n'y en ait pas. Puis Jenny redescend à la cuisine et Minnie lui dit qu'elle a oublié la moutarde. Jenny remonte l'escalier en soupirant : Minnie ne veut pas monter le plateau et la fait déranger deux fois le client qui ne veut pas être déranger. Elle frappe, entre - et se fige, horrifiée : elle a surpris son client, le haut du visage entièrement bandé, et apparemment, il n'a pas de mâchoire inférieure.

Sans vraiment comprendre ce qu'elle vient de voir, Jenny s'excuse et redescend pour déclarer aux clients qu'elle n'a pas vu de sang, mais que l'inconnu doit avoir eu un horrible accident.

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La bande annonce originale restaurée HD : https://youtu.be/C4rEv7ArYwg

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Re: L'homme invisible, le film de 1933

Messagepar Greenheart » Mar 19 Juil 2022 16:43

La production fait rentrer le roman d'H.G. Wells dans la formule des films d'horreur à succès de chez Universal : tandis que cela étrangle et saigne, James Whale s'efforce de ménager le public impressionnable en rajoutant des gags et des seconds rôles caricaturaux déjà vus dans ses autres films sans oublier la fiancée de l'homme invisible qui répond à la fiancée de Dracula, de Frankenstein (le professeur) etc. Du coup le film oscille entre la comédie et l'horreur tout en s'efforçant de tirer sur le fil rouge du savant fou et du psychopathe qui peut vous tuer sans que vous l'ayez vu approché (mais par contre, à l'odeur, etc, cela doit être une autre histoire, vu qu'il est continuellement à poils).

Les effets spéciaux sont réussi, bien sûr Claude Rain (le loup-garou) en est réduit à une voix qui, effectivement avec la panoplie de l'homme invisible et les rires de déments rappelle beaucoup les fous dans Blake et Mortimer. Je ne me souviens pas du roman d'H.G. Wells, donc difficile de savoir si la production a la main lourde quant aux crimes rappelant ceux de Fantomas, ou si H.G. Wells racontait déjà ce genre d'exploits. Scientifiquement, l'invisibilité présentée est bien sûr inepte : dès lors que la lumière n'est pas filtré par l’œil, le savant fou devrait être aveugle. L'invisibilité n'arrête aucun rayonnement, donc tous les tissus seraient exposés à tout - aussi bien aux ultraviolets qu'aux coups de soleil, à l'électricité statique, à la perte rapide de chaleur - de quoi brûler les nerfs, stimuler la prolifération des micro-organismes, provoquer des pertes plus rapide en eau ou des engelures beaucoup plus profonde etc. Je ne suis même pas certain qu'un cerveau puisse fonctionner exposé sous toutes les coutures à la lumière donc aux rayonnements. Il est en revanche très logique que l'homme invisible devienne fou, mais pourquoi d'une folie homicide.

Le film demeure plaisant à regarder et le raisonnement prospectif est constant quand bien même il serait faut : comment arrêter un étrangleur invisible, comment l'empêcher de forcer un rang de policiers etc. Et du coup, le film consiste basiquement à attendre qu'il se fasse attraper ou tué et à se demander comment cela arrivera. L'homme invisible a été parodié avec bien d'autres classiques de l'épouvante fantastique dans la série Todd And The Book Of Pure Evil, dont la production a bien sûr mis le doigt pile sur le problème numéro 1 de tout récit faisant appel à l'invisibilité :
Spoiler : :
[spoiler=]impossible de voir ce qui arrive réellement au personnage principal, donc de ressentir ce qu'il ressent. Dans l'épisode cela donne un anticlimax ridiculissime où le grand méchant pour tenter d'apitoyer le spectateur doit décrire jusqu'à la dernière minute ce qu'il endure, après avoir été contraint d'expliquer ce qu'il était en train de faire durant tout l'épisode.

La scène mélodramatique de la réapparition de l'homme invisible est bien entendu complètement fausse : la règle scientifique est jetée au spectateur juste avant, en mourant, l'homme invisible réapparaîtra parce que sa drogue mourra avec lui. Ce qui suppose que sa drogue soit vivante. Soit. Or l'homme invisible réapparaît à l'instant où il rend son dernier souffle, en commençant par le crâne et en finissant par les cheveux. Or, un mort n'est en réalité jamais entièrement mort d'un coup : les cheveux sont morts depuis longtemps mais ils vont continuer de pousser, donc l'homme invisible n'aura pas dû être invisible de ses cheveux, sinon pour la section qui a poussé depuis son accident. Les os sont vivants, mais remontent à au moins six mois et une partie peut-être "fossilisée", donc morte. Un grand nombre de cellules meurent tous les jours et le système immunitaire passe sont temps à bouffer et évacuer les déchets, tout cela aurait dû être visible en permanence puisque mort. De la même manière la peau, les poils etc. et comme le déclare lui-même le savant fou, le bol alimentaire ne disparaît que si tout est digéré, ce qui n'est jamais le cas : tout ce qui encrasse les boyaux plus le caca et l'urine devraient rester visible en permanence. L'arrêt du cœur provoque l'arrêt de la circulation et la mort des organes, mais pas de leurs cellules qui peuvent survivre un certain temps. La visibilité ne devrait donc intervenir qu'avec la décomposition, ce qui rendrait la dernière scène beaucoup moins romantique et sans doute insoutenable pour le public des années 1930. Celui de la série The Walking Dead (une série qui prend également de grande liberté quand à la réalité physique d'une décomposition) devrait en revanche retrouver ses marques et ne pas être tant impressionné que raisonnablement révulsé. Et bien sûr, si la projection des derniers instants se faisait en odorama, vous réaliseriez vite pourquoi l'homme invisible n'avait à la base aucune chance d'échapper à ses poursuivants, mais aussi la raison pour laquelle la totalité des spectateurs aurait immédiatement fuit la salle et possiblement vomi à la dernière scène, au lieu de ressentir la moindre empathie pour l'infortuné anti-héros.


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