Attention, le film s'ouvre sur une séquence gore et sexuelle qui ne convient pas au jeune public et aux personnes sensibles.
Le Blu-ray prétend que le film est tout public, ce n'est pas le cas et de loin.D'abord, pour un film français (une comédie romantique française), La Belle époque est au-dessus du lot. Il y a des problèmes, mais il y a de nombreux "gags" et l'intérêt se maintient jusqu'au bout. Mais au-delà des effets de manche, cela reste une comédie nombriliste sur des lieux communs, avec en guise d'intrigue un scénario dirigiste dans le scénario dirigiste.
Le plus gros problème est bien sûr la tromperie sur la marchandise : toute la promo et le buzz fait croire qu'il s'agit réellement d'une romance au cours d'un voyage dans le temps littéral, ou qu'il y aura une nouvelle technologie, et certains cinéastes, comme Woody Allen dans Minuit à Paris (je suppose que la scène où un Ernest Hemingway est censé apparaître est une référence cachée), ont parfaitement réussi ce genre d'histoire.
Le second problème est que la conférence de presse évite apparemment de citer comme source d'inspiration au moins The Game, de David Fincher, qui met tout de même en scène une société proposant de redonner goût à la vie à l'aide d'un jeu aux mises en scène et trucages, avec des rebondissements en cascade du même genre, sur un propos moins bourgeois, et avec un budget beaucoup plus gros bien sûr. Voyez donc impérativement The Game avant La Belle Epoque.
Il y a d'autres sources possibles, là encore non citées à ma connaissance : ces nouvelles des années 1950-1960 où des robots à l'image d'une ex détestable ou au contraire l'institutrice robot qui ramène à un mari déçu l'innocence et le bonheur de son enfance... bref des occasions à la Twilight Zone et autres Ray Bradbury présente où il y a un propos humain, de vrais choix voire des cas de conscience, et une sensibilité voire une poésie au-delà du vertige plus ou moins horrifique des situations. La séquence d'ouverture rappelle aussi fortement la première saison d'Inside N°9 (l'épisode des sardines).
Bien sûr, si ces récits ont inspirés Nicolas Bedos, il s'est peut-être aussi bien gardé de le dire pour conforter son public parisien, rassurer les investisseurs etc. Non, ce n'est pas un film de SF, il ne fera pas réfléchir et gardera les yeux du public rivés sur leurs nombrils. J'ajouterai que le film flatte clairement un public adapte à la consommation de drogue et que le côté disjoint et éruptif des personnages ou gags fait penser aux personnalités cocaïnomanes aussi bien médiatiques que politiques de la société française actuelle.
En conclusion, la Belle époque est un film intéressant, mais pour un autre débat.
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