par Greenheart » Ven 24 Nov 2023 13:57
La présentation par la BBC de ce "téléfilm" est fallacieuse : la BBC n'a fourni aucune image du téléfilm lui-même, seulement des photos de plateaux de 1963 colorisée de manière moderne via totoshop. La véritable présentation sur un écran mis à échelle 4K est assez floue et le plus souvent artefactée, à cause d'une mise à échelle et d'absence de réparation fine des artefacts vidéos.
Le téléfilm lui-même commence par une image noir et blanc très fortement dégradée, je suppose pour donner une idée de la présentation d'origine. Seulement le premier plan de la cité revient plus loin en couleurs et le prétexte de la forêt incendiée ne tient pas pour justifier l'image dégradée: la même forêt incendiée est à nouveau à l'écran juste après, ainsi que les mêmes personnages sans dégradation aussi prononcée.
Quand la présentation passe en couleur, il faut un temps pour s'habituer à l'aspect souvent peu naturel de la présentation et la définition standard fluctuante régulièrement moirée. Les habitants de la cité envahie par les Daleks sont censés avoir le torse nu sous leur gilet, mais dans certains plans, ils semblent porter un tee-shirt couleur chair, qui dans le même plan disparaît et réapparaît, ce qui implique une mise à échelle défectueuse et surtout une production pas aussi soigneuse qu'elle a pu s'auto-proclamée.
Côté scénario et dialogues, ce n'est pas brillant, mais c'est bien de la Science-fiction année 1950 pur jus. Il y a des facilités catastrophiques, comme ces personnages qui se soucient de mercure alors qu'une de leur camarade vient de disparaître en poussant un cri déchirant (dans la bande son de 2023, je ne sais pas dans la version originale). La même femme plus tôt argumentait à raison qu'ils ne devaient pas pousser plus loin l'exploration et rembarquer immédiatement, tout le monde se baladant dans un milieu extraterrestre en tenue moderne, la disparue en jupe. En gros, les héros (Docteur compris) passent pour des c.ns, parce que ce qu'ils font et disent n'arrangent que les scénaristes.
Il y a aussi toujours ce biais horrifique commun à toutes les séries britanniques de (pseudo) Science-fiction, ce qui ne poserait aucun problème si la série était pour adultes, mais elle est présentée pour la jeunesse. Il s'agit toujours de la même facilité scénaristique qui consiste à rajouter de l'horreur (et en général du sexe ou de l'érotisme) parce que la production et ses auteurs préfèrent recycler ce qui a déjà été fait (récemment) à destination d'un public adulte. Quant aux prétentions pédagogiques, la production s'en fiche autant que l'industrie actuelle des médias : rien n'est réaliste, rien ne permet au spectateur d'apprendre quoi que ce soit qui lui sera utile dans la réalité, ou quoi que ce soit d'authentique du passé : tout est détourné, autant sinon davantage que les films et séries prétendues "historiques" depuis tant d'années déjà, dont le dernier exemple en date est le Napoléon de Ridley Scott.
Une consolation, ce nouveau montage du serial de 1963 n'a pas été rendu plus woke qu'à l'époque, mais gageons que si jamais la BBC se lance au prochain anniversaire dans un remake plus abouti des serials de 1963, nous aurons droits à toutes les perversions déjà relevées dans pratiquement toutes les productions streamées depuis 2018.
Notez que le téléfilm s'ouvre sur un logo animé à la Marvel du "Whoniverse" qui, comme par hasard, s'ouvre avec un plan appuyé sur le visage du Doctor Who de 2023. Avec la répétition du ce logo animé je suppose en ouverture des prochains épisodes "spéciaux", l'effet recherché est un conditionnement subliminal afin d'associer artificiellement un nouveau venu a priori woke à la gloire de tous les prédécesseurs dans le rôle, à peine visibles dans l'animation.
Or, le nouveau docteur Who n'est pas censé appartenir au Whoniverse des séries précédentes : les nouveaux épisodes sont censés appartenir à une première saison d'une nouvelle série, comme en 2005. Mais comme Star Trek Voyager avait vite fait revenir les borgs, et Enterprise comme toutes les nouveaux films et séries Star Trek ont systématiquement pillé les anciens épisodes, les scénaristes de Docteur Who, anciens et nouveaux, arrivent vite au bout de leurs inspirations et sacrifient toujours la construction d'univers à la redite, d'autant que même la première série historiquement était plagiée sur des héros et des auteurs précédents non crédités.
Ne reste d'intérêt qu'un scénario brillant et des acteurs charismatiques intégrés à des décors et effets spéciaux valant le prix d'entrée ou au moins le temps passé devant l'écran, ce qui n'est hélas pas le cas ici.
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...d'un G qui veut dire Greenheart !