... ça manque de chien.
En gros, c'est La route en beaucoup plus positif (
).
Plus sérieusement, le film date des années 2000 mais il est tourné comme un film des années 1970, et de manière moins captivante que les films de guerre ou post-apocalyptique de cette époque, et j'inclus les séries Z.
L'idée de la production est clairement d'économiser du budget, de jouer la montre et d'utiliser le peu de nudité et de sexe pour captiver essentiellement le public cannois et les goûts très particuliers de la cul-ture parisienne, dont nous avons régulièrement des échos à la rubrique affaire de mœurs.
Cela dit, Le Temps du Loup, en tant que film de prospective, puisque c'est ainsi qu'il a été présenté, a de très gros problèmes : son scénario est très mince, il joue donc constamment la montre. Ses dialogues et le jeux des acteurs sont inintéressants, certainement pas "naturels"; il n'y aucune construction de monde, aucune tentative d'ébaucher le moindre enrichissement du spectateur, la moindre stratégie de survie : dans ce film, on se contente d'attendre, de déprimer, de se suicider (à poils si vous êtes mineur). Les héros qui ont fui leur ville ne songent qu'à revenir en train alors que rien n'a changé dans la situation apparente de leur monde.
Bien sûr, c'est le mode "jeu de c.ns" en continu qui m'a le plus dérangé : à ce stade, ce ne sont plus des victimes, ce sont des masochistes. Comment avec un minimum de culture, un minimum de gens à qui parler depuis leur naissance, ont-ils pu imaginer qu'un lieu désert aux voisins lointains à peine aimables, en pleine famine, aurait pu bien les accueillir ?
Comment sont-ils parvenus, juste en faisant apparemment un plein d'essence, jusqu'à la rase campagne puis la forêt, sans avoir croisé d'autres réfugiés, sans avoir été témoin de violences, de tentative de les dépouiller, alors que même hors apocalypse et en temps de "paix", les attaques de voiture ou dans les transports sont incessantes à l'échelle du territoire nationale, même dans les années 2000 ?
Combien de temps comptaient-ils survivre avec un coffre de provisions à tout casser, sachant que la ferme voisine n'avait pas de quoi les nourrir ?
Si les eaux sont contaminées, pourquoi la pluie serait-elle "propre" ?
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Enfin, les situations m'ont l'air inspirés des anecdotes authentiques de récits de réfugiés de guerre, en particulier ceux de la seconde guerre mondiale qui fuyait vers le sud de la France. Seulement dans le cas d'une guerre contaminant les eaux, il aurait plutôt fallu s'inspirer de ce qui est arrivé dans des désastres type Tchernobyl 1986, ou Fukushima 2011 et autres accidents type Seveso 1976, et de conflits en Europe tels les horreurs de la guerre en Bosnie 1995 ou le sort des ukrainiens russophones depuis 2014, ou des ukrainiens réfugiés en Europe que l'Europe tente de renvoyer se faire massacrer au front en 2024 se moquant royalement de sa propre législation et des traités internationaux concernant le sort des réfugiés -- ou encore la Palestine depuis 1947 mais particulièrement en 2024.
Très peu a filtré de l'exode des populations japonaises, mais le film sud-coréen Pandora a tout de même traité un minimum du sujet, en mettant cette fois l'accent sur tous les aspects de la pollution catastrophique, que Le Temps du Loup minimise.
De la même manière, le film La Route ne vaut guerre mieux tout en jouant plutôt la carte du voyeurisme sadique et bien sûr de la nudité et autres perversions. Ce n'est pas en regardant Le Temps du Loup ou La Route que vous aurez une idée de quoi faire dans ce genre de situations dans la réalité, et vous n'en aurez pas davantage pour votre argent question niveau d'écriture, inspiration, vision, imagination et richesses des idées et des rebondissements.
La série L'effondrement et n'importe quel film catastrophe un peu mieux ficelé couvrira mieux les bases ; n'importe quel témoignage fiable de la survie pendant les guerres locales ou mondiales y compris celles qui ont lieu en ce moment même et qui relèvent de l'extermination pure et simple des populations vous fournira des récits plus édifiants, plus pertinents et plus dramatiques. Quant aux clés de la survie, elles tiennent à des savoir-faire, une maîtrise des technologies d'abord contemporaine dans le court terme, puis à moyen et long terme, du moyen-âge et de l'antiquité, assorti d'une connaissance intime de la géographie de votre pays et des autres, en attendant que la conquête de planète Mars fasse des progrès fulgurants, et que l'obstacle des ultra-riches qui se sont déjà réservé à la fois la Terre et Mars.
Enfin, pour survivre à n'importe quoi, il vaut mieux éviter de se laisser démolir le moral et intoxiquer par les médias ou même l'école. Il faut connaître les dangers, mais en avoir peur ne sert à rien on préserve sa santé d'abord en évitant de gaspiller son temps et son énergie avec des spectacles qui vous enfonce la tête dans le sable au lieu de vous donner les moyens d'éviter les pièges du présent comme du futur et maximiser vos chances de rester dans un monde prospère et respectueux de votre humanité.
Ce n'est malheureusement pas le cas du film Le Temps du Loup 2003, qui incidemment se termine en queue de poisson, comme tant d'autres films d'épouvante ou d'horreur post-apocalyptique.
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