C'est un vrai scénario plutôt bien écrit essentiellement référencé cinéma réaliste italien. A la manière de ces romans et films racontés par des gens qui ne savent pas écrire du fantastique, ou qui craignent de perdre leur public art et essai, la scénariste-réalisatrice fait tout pour éviter de tourner quoi que ce soit de palpitant : elle joue la montre en remplissant de clichés et de médiocrité humaine entre deux scènes de prémonition suivi de pillage de site archéologique. Le fantastique et le merveilleux sont bien, de très courts instants au rendez-vous, mais juste pour frustrer le spectateur assez patient pour ne pas quitter la salle ou stopper la projection. Il est d'ailleurs révélateur d'avoir de si longs mois laissé en ligne un dossier de presse aussi équivoque et lacunaire, histoire de faire croire que le film aura peut-être des rebondissements ou une fin satisfaisante.
En tant que métaphore de la décadence de l'Italie (et de l'Europe) réduite à piller ses richesses et faire disparaître sa culture, son passé antique juste pour un peu de fric que de toute manière les pillards se feront voler ou qui leur brûlent les doigts, oui, La Chimère dresse un portrait convaincant de la réalité de ces dernières décennies. Mais pour l'inspiration, les solutions, le relèvement de l'Humanité, on repassera : c'est un peu comme si, comme cela arrive systématiquement en ce moment, quelqu'un avait payé la production à enfoncer le visage du spectateur dans la m.rde actuel, en espérant qu'à force de voir ce genre de film, il meurt étouffé figurativement ou littéralement.
Maintenant, avoir un message sur notre époque ou filer des métaphores n'est pas un défaut d'écriture pour n'importe quel sorte de film. Ce qui est un défaut d'écriture et même un très gros, c'est de bâtir la totalité de son film sur les jeux de c.ns d'un héros c.nnard fini. Si en plus la narration se concentre sur ses c.nneries et le vide entre ses c.nneries, vous obtenez un film qui ne sert qu'à perdre votre temps avec des c.nneries. Des c.nneries et des déprimes d'autant plus sans solutions qu'elles n'existent pas, elles ont été spécialement inventées pour faire durer le film et vous déprimer.
D'autres exemples typiques du cinéma français consistent à produire un film sur les affres d'un couple qui veut se suicider parce qu'ils sont trop vieux --- afin de promouvoir la fin de vie en cours de vote, une procédure qui profite d'abord à qui se gave en détournant le budget de la sécurité sociale, en fermant des lits et des services hospitaliers et en épandant pesticides, malbouffes et déchets industriels partout pour maximiser l'enrichissement des ultra-riches tout en privant le reste du genre humain de ressources saines, et surtout d'une vie digne, plutôt que d'une morte prétendue digne.
En conclusion, la Chimère a des qualités métaphoriques, de rares références mythologiques, il ne se passe quasiment rien et l'écriture pro-mort s'interdit de raconter une histoire inspirante. Je suis aussi tout à fait d'accord avec ce commentaire sur IMDB d'un certain
Nairtejas :
[quote="Nairtejas]I loved the technical bits of La Chimera but it has all the veins of a self-indulgent narrative with flashbacks that are left to the viewer to unfold and understand.[/quote]
Traduction naturelle :
j'ai adoré les petits passages techniques de La Chimère, mais (ce film) a toutes les veines d'un récit auto-satisfait à flash-backs dont on laisse au spectateur le soin d'expliquer le pourquoi du comment.(à mon sens) la scénariste-réalisatrice a voulu livrer un film à l'apparence d'une énigme, qui ne contenait ni l'énigme ni ses clés. Pour les raisons déjà cités, je n'applaudirai pas à la mise en abyme du titre, qui revient à faire courir après et faire payer une chimère on ne peut moins figurative au spectateur, à savoir ce film --- à une époque où la presque totalité des films qui sortent sont des tromperies sur la marchandise.
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