Et tout cela parce que le monsieur ne supporte pas l’idée que son épouse refasse sa vie sans lui et choisisse un autre père plus apte que lui pour poursuivre l’éducation de son fils et le protéger. Notez aussi comme dans plusieurs films récents sur les affres domestiques des uns et des autres sur le futur, l’étalage de technologie inutile avec des écrans partout avec de très grosses icones holographiques, super pratique en cas de panne d’électricité ou d’internet qui nous pend au nez.
Notez aussi la présence au générique de Awkwafina, que nous retrouvons systématiquement en ce moment dans le pire des productions formatées type Disney et autres streamers. Mahershala Ali ne fait pas tellement mieux question filmographie, mais ce qui frappe dans Swan Song (chant du cygne) ce sont ces voix monocordes : tout le monde parle comme s’il cherchait à hypnotiser le spectateur, un petit peu trop lentement, et l’épouse du héros, censée être une chanteuse, ne cesse de quasiment chuchoter, comme dans ces vidéos sur youtube censées vous exciter sexuellement. S’il y a des passages plus émotifs, ils surviennent sous forme de flashs incompréhensibles censés représentés les souvenirs du héros.
A l’image à la colorimétrie bien sûr virée au bleu et légèrement désaturée, quelques décors sans personnalité, un futur sans culture ni passé (donc sans avenir), bloqué sur une vie générique en forme publicité Apple (streamer et coproducteur). A ce point de lavage de cerveau, je ne vois pas pourquoi le héros s’inquiète de la fidélité des souvenirs et de la personnalité imprimée de force dans ce frère jumeau qu’est son clone, un être garanti humain privé de son libre-arbitre et forcé de vivre une vie qu’il n’aura jamais choisie ni construite, simplement parce qu’une multinationale a décidé d’en faire un esclave de fait pour gagner toujours plus de fric.
Un clone n’est pas une marchandise ou une commodité – ce n’est pas un robot ni même un répliquant à la Blade Runner, c’est-à-dire un être humain simplifié exactement comme le racontait R.U.R que Philip K. Dick, lui, avait bien lu, ainsi que plusieurs autres récits clés dont il cite les auteurs comme fabricants de d’androïdes dans le texte original des Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Un clone, c’est un enfant du même âge ou plus jeune que l’être original, donc un descendant de cet être original. Traiter votre enfant comme une pièce de rechange qui reprendra votre « commerce » après votre mort est ignoble, et si beaucoup d’enfants sur cette planète sont effectivement traités de la sorte par leurs parents (qui peuvent aussi les violer, les battre à morts, les envoyer à la mine, sur le trottoir ou les vendre ou stocker leur viande au congélateur), des pièces de rechange au service des dictatures en tous genres. Bien sûr, il existe toujours un retour de bâton à ce genre d’éducation, et c’est de la violence – contre soi-même, contre les plus faibles et contre les responsables de cet esclavage de fait, et le conditionnement imposé aux enfants (aux clones) ne fait que retarder et démultiplier cette violence, ce prix que les autres payent pour le pouvoir des parents et des gouvernants et autres super-riche.
Or Swan Song censure complètement cette réalité : toute violence génère de la violence en retour, peu importe que cette violence soit reconnue comme telle ou nom : le clone représenté dans ce film est complètement résigné, on le croirait sous camisole chimique. Si encore il avait ignoré être un clone, et ignoré son séjour à l’usine, s’il n’avait eu aucun souvenir de la cuve d’où il est sorti, mais non, il est au courant, présenté à son original et sa geôlière franchement flippante l’a menacé à mots couverts : il a la meilleure part du marché… sous-entendu s’il fait exactement ce qu’on lui dit de faire, et si ce n’est pas le cas, sera-t-il retiré comme les répliquants de Blade Runner, ou reprogrammé jusqu’à ce qu’il plie, à la façon de l’épisode de Black Mirror White Christmas ?
Et comment le héros peut-il savoir que l’impression de sa personnalité dans son clone n’a pas été « optimisée » de la même manière que son ADN cancérigène, à supposer que son cancer soit réellement génétique, puisque les facteurs qui rendrait n’importe qui cancéreux peu importe l’ADN sont simplement partout et ne cessent de monter en létalité, je m’en foutisme et appât du gain obligent : « c’est génétique » n’est-il pas une manière déguisée de dire aux victimes « c’est de votre faute » quand dans le même temps les experts sont achetés à tour de bras par les multinationales qui épandent des produits qui ne peuvent que détruire l’ADN et les organes humains ?
Par ailleurs combien de fois le héros a-t-il déjà été cloné ? et est-ce que les services de la société de clonage inclus l’euthanasie et le remplacement des enfants et de l’épouse par d’autres clones pour qu’ils restent conformes au souvenir du client au moment de l’impression dans la cervelle du clone ? Et est-ce que la compagnie de clonage fidélise la clientèle en introduisant un nouveau défaut à chaque clonage qui nécessitera toujours plus de remplacement, à la manière d’un vaccin contre le COVID qui n’empêche ni la contagion ni la maladie et augmente l’épidémie dans tous les pays où il y a une campagne de vaccination tandis que les actionnaires de la compagnie qui vend la vaccin nous annoncent qu’il faudra être vacciné tous les deux ans, y compris ceux qui n’avaient aucune chance de tomber malade et qui maintenant tombent malades voire crèvent atrocement ?
Et plus j’y songe, plus je pense que le même sujet aurait pu faire une comédie satirique positivement hilarante avec Eddie Murphy ou n’importe quel autre acteur un peu plus doué que pistonné.
En attendant, Swan Song est une grosse bouse qui tente de vous déprimer tout en vantant une collection de comportements ignobles si vous y réfléchissez deux secondes, dans un monde futur qui n’a aucune chance de durer si un jour il vient à exister. Les super-riches qui veulent vivre éternellement notamment en coupant la tête des jeunes pour mettre la leur à la place ou de se répliquer à l’infini finiront simplement bouffés par leur petit personnel.
Le seul problème est que ces monstres sans âme auront fait le plus de dégâts possible avant que leur tour d’être recyclé arrive, plus leurs cadavres seront probablement alors les pires déchets toxiques qui soient.
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