Il s'agit d'un petit budget réalisé "en hommage" aux monstres de la MGM des années 1930. L'hommage se limitant à la créature en question, ici le loup-garou.
L'autre référence est évidemment Le Loup Garou de Londres et il y a au moins un critique du film qui ment frontalement en disant que la transformation dans Blackout n'a rien à envier à celle du Loup Garou de Londres. Dans Blackout, la transformation se limite à la tête, et il n'y a pas de scène de transformation : il y a simplement coupure au montage entre le plan de la tête de l'acteur et celui où l'acteur porte un masque.
Les problèmes récurrents du film sont la demi-mesure et le jouer la montre : la majorité des séquences, budget oblige, consiste à suivre le héros qui va du point A au point B, sur une route, en forêt, etc. Il discute avec les uns ou les autres. Il y a ensuite quelques scènes d'action, et là, c'est la demi-mesure : même s'il y a bien des morts mais aucune bagarre digne de ce nom faute d'un budget cascadeurs, les séquences ne font que passer sans frapper si j'ose dire.
Et pour quelqu'un censé rendre un hommage à des films d'horreur mythiques ou iconiques, Larry Fesseden passe en fait à côté de tout ce qui fait un vrai film d'horreur fantastique aka le merveilleux horrifiques, dont ses références - le loup-garou de Londres et les films de la MGM des années 1930-40 font au contraire le plus grand étalage.
Et ce merveilleux horrifique ne coûte pas tant que cela en terme de budget, revoyez les films : il repose sur l'atmosphère, la manière de filmer un décor rempli de clé et de germes de terreurs, avec des acteurs beaucoup plus expressifs que ça, tant à la voix qu'au geste ou aux mimiques, forcément encore puisque les acteurs de l'époque venaient du muet et du théâtre, du cabaret et du comique visuel - et parce qu'à l'âge d'or du cinéma fantastique des années 1980, les gens qui réalisaient, truquaient et produisaient les films cultes étaient ceux qui avaient vu tout ce qui était sorti d'un peu fantastique soit au cinéma de quartier, soit tard le soir sur un petit écran cathodique dont la mauvaise qualité de la transmission laissait la plus grande place à l'imagination.
Or donc à part une errance et quelques comptes réglés plus woke que lucide quant au problème du racisme et de l'exploitation des êtres humains --- comme si l'exploitation s'était jamais limitée à une couleur de peau ou une nationalité -- Blackout n'a qu'une originalité et c'est exactement la fausse bonne idée qui fiche tout en l'air et achève le film en queue de poisson.
Seulement nous ne sommes même pas dans le misérabilisme casanier d'une série comme Being Human : le héros n'explore jamais réellement les pistes d'une vie après la morsure si j'ose dire, et le film ne bascule jamais dans la fantasy urbaine comme il aurait dû logiquement le faire : le manque de budget certes, mais je détecte également que plus le film avance, plus les scènes (donc la résolution) sont expédiées, parce que, plus le budget et surtout plus le temps gaspillé à errer et se taire ou parler de chose et d'autres.
Comparer avec les films de référence : The Wolf Man (1941, le loup garou) et An American Were-wolf in London (1981, Le loup-garou de Londres)
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