eXistenZ, le film de 1999

Les films des années 1981 à 2000.

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eXistenZ, le film de 1999

Messagepar Greenheart » Ven 6 Sep 2024 14:53

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eXistenZ (1999)

Âmes relativement sensibles s'abstenir.

Sorti en France le 14 avril 1999.
Sorti aux USA le 23 avril 1999.
Sorti en Angleterre le 30 avril 1999.

Sorti en blu-ray américain ECHO BRIDGE (région A, image 1080i)
Sorti en blu-ray allemand TURBEN MEDIEN le 1er mars 2019.
Sorti en coffret br+4K américain VINEGAR SYNDROME le 24 novembre 2023.
Sorti en coffret br+4K français L'ATELIER D'IMAGE le 15 octobre 2024.

De David Cronenberg (également scénariste) ; avec Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Ian Holm, Don McKellar, Callum Keith Rennie, Sarah Polley, Robert A. Silverman, Christopher Eccleston, Willem Dafoe.

Pour adultes

(Horreur cyberpunk, virtuel) "Existenz..." commence le conférencier en chemise bleue. Une craie blanche à la main, il va au tableau noir roulant positionné derrière lui, et poursuit, tournant le dos à son public : "... écrit comme ceci : en un seul mot, petit e, grand X, grand Z..."

L'homme à la chemise bleue se retourne vers son public, sagement assis à sa droite en contrebas, au bas d'une estrade occupant le fond de ce qui ressemble à une salle de prière, avec une douzaine de chaises vides placées en arc de cercle. La salle est parcimonieusement éclairée par des lustres et des appliques aux murs jaunâtres verdâtres. Les peintures sont craquelées, le plancher de bois usé et tâché et rien ne brille particulièrement.

Le conférencier précise : "C'est nouveau, ça vient des Recherches Antenna, et c'est ici, et dès maintenant."

Pendant qu'il parle, une femme blonde aux cheveux longs se sert du café d'un percolateur avec une tasse de la vaisselle en porcelaine préparée sur la table dans un coin de la salle. Sur la même table, des plateaux chargés de biscuits et petits fours. Elle charge son café d'une cuillerée de sucre.

Le conférencier poursuit : "Nous encourageons la loyauté de nos consommateurs aussi nous voulons que vous nous aidiez avec le test de nos produits : nous formons une équipe, Antenna et vous-même. Ceux d'entre vous qui sont déjà venus à nos séminaires auparavant savent d'avance que je guides normalement les groupes à travers nos nouveaux jeux; mais ce soir, ce ne sera pas moi, non."

La blonde debout à côté du buffet dresse l'oreille. Elle porte en bandoulière du matériel électronique en métal et plastique brillant bleu et noir. Elle boit une gorgée de son café.

Le conférencier reprend : "Car pour le test de lancement de eXistenZ par Antenna, nous avons fait venir à vous un guide de séminaire qui est spécial..."

Assis jambes et bras croisés à côté de la porte d'entrée de la salle, badgé, un homme plutôt jeune sourit, un détecteur de métal à la main, tandis que le conférencier annonce : "Oui, c'est le concepteur de jeu le plus génial de toute la planète, il est ici en personne, votre premier test vous enclavera dans sa plus récente création, eXistenZ par Antenna."

Et de tendre le bras, paume ouverte, pouce dressé en direction de la blonde restée au fond de la salle : "Je vous présente la Déesse du Pod de Jeu en personne, Allegra Geller !"

Applaudissement général, particulièrement chaleureux du jeune homme à la porte. Allegra sourit, répond d'un petit salut de la main, monte sur l'estrade et commence, sa tasse à la main : "Le monde du jeu est un genre de transe : les gens sont programmés pour se contenter de si peu, mais les possibilités sont si grandes : eXistenZ n'est pas seulement un jeu, c'est un système de jeu entièrement nouveau, et..." Elle soupire : "...il implique toute une gamme de nouveaux joujoux, que vous allez être les premiers à essayer. Donc..."

Elle fait un vague signe en direction du conférencier à la chemise bleu, qui reprend la parole : "Nous avons douze prototypes de pods de jeu ; cela veut dire que nous aurons besoin pour notre première vague de test d'enclave de douze volontaires qui se brancheront sur ces unités asservies au pod de jeu de la Déesse elle-même."

Tout le public lève la main, enthousiaste. Dans le brouhaha, un jeune homme à la besace noire se précipite pour franchir la porte d'entrée de la salle du séminaire, et l'homme au détecteur de métal se lève d'un bond : "Stop ! Pas si vite !"

Le jeune homme se fige et se retourne, tandis que l'autre tend sa main et le jeune homme sort un badge d'identification : "Oui, bien sûr !" Le garde scanne le badge, ce qui fait apparaître en caractères luminescents orange son nom : Noël Dichter. Le jeune homme s'inquiète alors : "Oh mon Dieu, est-ce que j'ai raté le branchement ?"

Le garde le rassure : "Seulement la première vague : vous pourrez faire partie de la seconde."

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Bande-annonce officielle HD VINEGAR SYNDROME : https://youtu.be/DZZJrQc-wtw

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Bande-annonce officielle HD sous-titrée français : https://youtu.be/kKkgjYlVbEc

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Re: eXistenZ, le film de 1999

Messagepar Greenheart » Ven 6 Sep 2024 15:36

David Cronenberg revisite constamment les thèmes de l'horreur biologique et de la psychopathie insidieuse humaine... Jamais plus subtilement mais de manière toujours expertes, mais de manière curieusement pertinente, alors que le premier réflexe naturel serait d'arrêter la projection ou de sortir de la salle pour aller vomir. Même endurci vous n'échapperez probablement au malaise que si vous en avez vu d'autre dans la réalité, sans trucage. Cela fait échapper eXistenZ comme ses autres films à la seule exploitation horrifique.

Cela et un humour à la fois visuel et intellectuel assez vache branché directement sur le thème du film, que Cronenberg fait très bien de réaliser lui-même, compte tenu du nombre de niveau de récits et d'interprétations avec lesquelles il jongle. Quelque part, je doute fortement qu'un autre puisse réussir à adapter (rebooter etc.) Cronenberg avec autant de maîtrise et de justesse.

Maintenant, comme cela est le cas pour tous les films violents, de quelque sorte de violence que ce soit, la violence, toutes les violences à l'écran comme dans les propos et les implications du récit jouent contre la vision claire et enrichissante de ce que Cronenberg nous raconte.

Pire encore, comme tous les films mettant en scène des joueurs de jeux (vidéos) se regardant le nombril en mettant en scène du jeu vidéo et une réalité parallèle de toute manière fictionnelle, eXistenZ pouvait largement se vautrer car le "jeu" auquel les héros jouent à l'écran n'a rien de passionnant pour le télespectateur : il tourne en rond, il ne cesse de bugger, s'il devait s'analyser comme un récit, il enquillent les jeux de c.ns et les raisonnements dont les conclusions fausses sont disjointes des prémisses...

Spoiler : :
Cf. par exemple une scène où le héros qui la garde ne comprend pas pourquoi un trou au bas de sa colonne vertébrale servant à le connecter à un "pod" (console de jeu) biologique ne risque pas de s'infecter, et la créatrice lui répond en lui montrant sa bouche ouverte, car selon elle ce serait aussi un trou qui ne risque pas de s'infecter. Or une bouche s'infecte en permanence - carie, hépatite, herpès, grippe, neurotoxiques, hormones, pesticides, plastiques cancérigènes etc. il n'y a que le premier pas qui compte. Oui, il existe des défenses naturelles et artificielles contre les infections, mais l'infection elle-même est permanente, ce qui change c'est la concentration, le type d'infection, les conséquences et les capacités du corps à enrayer et régénérer les dommages...

... la même bactérie sur une dent la ronge, mais tant que l'émail n'est pas percé, il peut guérir, mais si la bactérie va se concentrer dans le cœur, la même ronge les cellules qui font battre le cœur et une fois la lésion suffisante, le cœur fonctionne mal ou plus du tout. Même combat pour l'herpès, c'est le même pour le buccal et le génital (attrapé à cause de l'herpès buccal), un simple "bouton de fièvre" qui se camoufle et se calme, mais si la même saleté franchit les protections biologiques du cerveau, le même agent biologique répondra cette fois au doux nom de l'encéphalite, celle dont les épidémies se répètent mystérieusement sans que les médias s'attardent sur la réalité biologique : l'encéphalite est l'herpès que tout le monde prétend sans danger et qu'il ne faut pas hésiter à attraper parce si ça se trouve vous l'avez déjà attrapé.


... le scénario du "jeu" ne va nulle part à part où le scénariste veut nous mener - et de notre fauteuil, nous n'y pouvons rien changer, nous tenons même pas la manette de jeu depuis notre salon.

Seulement Cronenberg l'annonce dès la première scène, soulignant une forme de jeu (vidéo) faussement interactive, basée sur le dressage et l'accoutumance à la récompense virtuelle du joueur -- la forme qui triomphe aujourd'hui, sauf que la tentative de conditionnement est devenue politique et sexuelle au point de s'apparenter au harcèlement et au viol mental, et que traiter la clientèle de raciste, bigot etc. à longueur de journée quand il est à la portée du premier venu et surtout du joueur expérimenté de réaliser que les jeux vidéos en question sont des fraudes au budget massivement détournés, non fonctionnels et incapables de délivrer le train de récompenses censé rendre le joueur accro ou consolider son accoutumance.

Sorti des gags récurrents répugnants, on retrouve la démonstration de comment le jeu vidéo (et autres médias) coupent de la réalité les joueurs - littéralement dans le film, virtuellement dans la réalité - comment les joueurs (les citoyens) sont conditionnés, perdent leur empathie, tiennent un discours sectaire qui reste imprimé en creux dans leur cerveau longtemps après la déconnexion, et deviennent réellement des personnages non joueurs de leur vie qui effectivement tournent en boucle tant qu'ils n'auront pas reçu l'ordre de repartir pour un tour dans les rails pour lesquels on les a littéralement programmer :

Spoiler : :
... Répéter du mal de Donald Trump, répéter du bien de Kamala Harris, admettre comme Vérité vraie les raisonnements les plus spécieux, des mots dont la définition prétendue ou avérée est clairement fausse, ou des actes "légaux", "constitutionnels", "respectueux" des droits humains, qui ne le sont absolument pas quand vous vous en tenez à la lettre des textes de référence et aux faits, peu importe les réécritures et les appels à l'autorité de gens qui n'en ont aucune ou qui à l'évidence trahissent complètement cette autorité.


En conclusion, Cronenberg sait écrire, ses récits ont plusieurs niveaux et des messages très intéressants dont le spectateur ferait bien de réaliser la portée concernant la réalité qui l'entoure, mais il faut supporter ses biais cognitifs qui semblent le rendre incapables de raconter tout ça sans y ajouter des horreurs gluantes. Imaginez seulement la projection dans le genre de salles qui prétend vous faire sentir physiquement ce qui arrive à l'écran...

Maintenant je comprends très bien pourquoi Cronenberg nous ressert le même genre de plat tout en parvenant à faire la preuve de sa lucidité et de la pertinence de ses récits : c'est, comme l'humour noir, une genre de parade créative de celui qui a compris à quel point le monde peut-être dangereux et écœurant, et qui veut exorciser son écœurement et alerter autant que possible, sans prêcher ni se retrouver censuré. Plus le sexe et la violence rapportent, et comme disait Lon Chaney, pour trouver du travail (donc du flouze et de la distribution) à Hollywood, il faut savoir faire quelque chose mieux que tous les autres, et ne jamais cesser de le faire.

Et cela fonctionne aussi sur YouTube, ou son équivalent, là où tout le monde va au fur et à mesure qu'on les vire pour cause de crise économique orchestrée et de prétendue intelligence artificielle censé tout faire mieux plus vite et pour plus personne qui puisse le payer.

***
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