Gothic, le film de 1986.

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Gothic, le film de 1986.

Messagepar Greenheart » Jeu 2 Oct 2025 18:27

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Gothic (1986)

Sorti en France le 4 février 1987.
Sorti en Angleterre le 27 février 1987.
Sorti aux USA le 10 avril 1987.
Sorti en blu-ray américain le 30 janvier 2018.
Sorti en blu-ray français ESC le 27 octobre 2022.
Sorti en blu-ray anglais BFI UK le 18 septembre 2023.

De Ken Russell, sur un scénario de Stephen Volk d'après Lord Byron, Percy Bysshe Shelley, le roman Frankenstein 1816 de Mary Shelley et la nouvelle Le vampire 1819 de John William Polidori.

Pour adultes.

1816. De jour, un petit groupe d’une majorité de femmes élégantes à corset et bonnets écoutent religieusement un gentleman ganté et redingote bleu qui scrute à l’aide d’une lunette de cuivre sur trépied l’autre rive d’un lac : « Là-bas, Mesdames et Messieurs, de l’autre côté du lac, nous avons la fameuse villa Diodati… »

Le gentleman se lève pour céder sa place à une dame joufflue qui s’empresse de la prendre, tout en poursuivant : « … où Lord Byron, le plus grand poète anglais, demeure en exil. »

Dans la lunette, on peut voir le perron imposant du manoir – un chapiteau, à la grecque, porté par quatre colonnes, desservi par deux grands escaliers coudés qui versent sur une vaste pelouse verdoyante.

Le guide reprend : « Romantique, érudit, duelliste et l’auteur le plus vendeur du Pèlerinage de Childe Harold, il fut forcer de quitter sa patrie après bien des scandales, incluant l’inceste et l’adultère avec Lady Caroline Lamb.» Une femme plus mince et plus élégantes encore remplace la joufflue à la petite table de la lunette sur trépied. Le guide continue avec délectation : « Fou, méchant, et dangereux à connaîte, disait-elle. »

Le guide s’agenouille pour prendre la main gantée de la blonde élégante assise à la lunette et lui sussure à l’oreille : « La chambre à coucher, dernier étage à droite. » Et la jeune femme pointe docilement la lunette vers la fenêtre en question, à laquelle se trouve posté un austère bonhomme un peu gras lui aussi et plutôt chauve.

De la fenêtre, le docteur Polidori, car c’est lui, lève son lorgnon de sa main droite, puis déclare à son perroquet perché sur le perchoir voisin : « Oh, regarde Polly, quelle plaisante surprise : des visiteurs inattendus ! »

Et, en effet, sur un canot en approche de la rive, deux femmes, l’une blonde, l’autre brune et un jeune homme blond : le jeune homme rame, la jeune femme brune figure une proue embrassant leur destination les yeux levés au ciel, et moins outrancièrement, à l’arrière, la blonde, la tête drapée dans son châle, scrute la rive.

La brune figure de proue s’impatiente et lance « Allez, mettez-y un peu d’énergie ! » alors que le canot est sur le point d’arriver au bout du recoin bordé de pierres plates en guise de quai, gardé par un conifère dégarniet un bosquet abritant la minuscule crique. Le jeune homme blond répond : « Aye aye mon Capitaine ! » Et la jeune femme brune commente : « Il est si proche que je peux goûter ses lèvres ! »

Cachées dans les buissons, deux jeunes filles s’impatientes aussi, les joues empourprées, et comme le canot touche terre, elles s’élancent tandis que la première crie : « Shelley, Shelley !!! » et l’autre « Ne le laisse pas s’échapper ! »

Le jeune homme blond détale, talonné par les deux jeunes filles qui crient encore : « Shelley, viens ici !!! » et comme plus loin l’une des deux parvient à lui arracher sa veste, deux dogues lâchés sur elles les font enfin s’enfuir, tandis que le blond Shelley repart en courant, abandonnant sa veste sur l’allée en pelouse bordée de buissons arrondis.

Et en arrivant au perron, Shelley fait jouer le heurtoir de la grande porte en criant : « Sanctuaire ! » tandis que derrière lui la femme brune a récupéré la veste de Shelley par terre, et la blonde plus réservée arrive forcément plus lentement, car chargée de leurs bagages.

Un coup de tonnerre retentit : les deux jeunes filles qui avaient poursuivi Shelley ressortent en escaldant le haut mur qu’elles avaient sans doute franchi à l’aller, toujours avec les dogues en bas du mur à aboyer.

La jeune femme brune rejoint Shelley à la porte qui la laisse marteler les heurtoirs histoire de reveiller les domestiques selon Shelley, et celui-ci part retrouver Mary — sa jeune épouse, et l’aider, tandis que la pluie drue s’abat sur eux et que la pelouse, gorgée d’eau, devient glissante.

Marie tombe, la jeune femme brune en rit de devant l’entrée abritée et Shelley remarque : « Elles ont dû nous suivre tout du long depuis Genève ! »

Arrivée à son tour à la porte d’entrée, Mary (Shelley) s’écrie : « Ces filles sont folles ! » Et Shelley répond, euphorique : « Elles m’adorent : comment pourraient-elles être folles ? »

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***



La bande-annonce HD non restaurée : https://youtu.be/J_JQ8o2M68w

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La bande-annonce du blu-ray BFI : https://youtu.be/TbWkZEQf9kc

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Re: Gothic, le film de 1986.

Messagepar Greenheart » Jeu 2 Oct 2025 18:58

Les films de Ken Russell sont toujours à la limite, voire l'extrême limite de l'exploitation, et peuvent facilement franchir cette limite.

Dans le cas de Gothic, nous sommes à la limite, mais Ken Russell tient plusieurs de ses promesses : il s'agit bien d'évoquer l'horreur gothique de la littérature du 19ème siècle préparée par les contes, légendes et autres occultismes des siècles précédents, plongeant leurs racines jusque dans l'Antiquité, et notamment Les Métamorphoses d'Oedipe.

Ensuite, Ken Russell prétend raconter cette nuit où les Shelley, Byron, et Polidori se sont réellement lancé dans un concours d'écriture de récits d'épouvante. Mary Shelley eut une indigestion, et en conçu Frankenstein, aujourd'hui présenté comme le premier roman de la Science-fiction, alors qu'il s'agit d'une histoire de Golem, inspiré de la légende de Paracelse créant un homoncule dans sa cornue, les Shelley ayant visité la ville où Paracelse était supposé avoir réalisé la création d'un homme miniature artificielle aka l'homoncule.

La démarche de Ken Russell reste délirante et certainement pas historique, mais sa version de la soirée d'épouvante est bien plus satisfaisante que le prologue de la Fiancée de Frankenstein et autres daubes qui suivirent sur le même thème. Il connait bien les détails salaces de la période historique et de la société victorienne, pour que son saupoudrage d'images et d'allusions érotico-glauques sonne récréativement juste. Mais pas un mot sur Paracelse par exemple alors que c'était le thème de l'escale précédente du couple Shelley et que ce genre de légende est autrement plus inspirant et fantastique que le rata qu'il nous sert.

Il n'y a pas de construction d'un monde surnaturel ou fantastique : tout juste Ken Russell insiste sur le fait que ses héroïnes sont hystériques et ses héros drogués, ce qui non seulement explique rationnellement leurs comportements et leurs visions au fil de la soirée. Il y ajoute la prémonition des protagonistes des tragédies futures de leur vie, et des récits qu'ils sont supposés écrire en plus, mélangés aux tragédies et scandales passés.

A l'époque les vrais membres de la bonne société victorienne, comme de nos jours, pensaient échapper aux servitudes de leur très haut statut social en s'autorisant la débauche et les formes d'autopunition, conduites ordalesques et automutilations que sont leurs addictions et autres outrances. Tout cela sonne juste, mais il manque tout le reste : Ken Russell d'une part a pu déjà aborder ce thème de manière plus réaliste et surtout avec un budget plus conséquent dans ses films précédents.

Et de toute manière, comme beaucoup de son monde art et essai / cinéaste, ses scénarios et thèmes tournent facilement en prétexte classieux au voyeurisme, et le temps pris à ménager les scènes de nudités et de sadisme est pris sur l'énergie et le soin à construire une véritable évocation du récit d'épouvante gothique, de comment, dans quelle décor et avec quelles personnalités bien réelles il s'est construit : imaginez par exemple en gros Chambre avec Vue d'Ivory mais consacré au voyage des Shelley se concluant par la soirée concours d'écriture.

Par curiosité j'essaierai de voir si d'autres réalisateurs ont évoqué cette fameuse soirée avec plus de talent, sachant qu'à ce jour nous n'avons aucune adaptation fidèle et talentueuse du roman de Mary Shelley, à moins bien entendu que Guillermo del Tora se surpasse (une fois de plus).
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Re: Gothic, le film de 1986.

Messagepar Greenheart » Jeu 2 Oct 2025 19:07

Reçu le blu-ray français ESC de 2022.

Image mise à l'échelle 4K par l'écran premier prix : plutôt bonne avec des coups à l'image discrets qui auraient facilement pu être réparés.

Son stéréo original anglais LPCM 2.0, bon également. Le doublage français est caricatural : Polidori a une voix de femme, etc. et cela fait sortir du film.

Bonus : sans intérêt. Il s'agit d'une présentation très vague de la cinématographie de Ken Russell suivi d'une redite de ce que l'on voit à l'écran quand on regarde le film. Préférez clairement l'édition anglaise BFI, même si je n'en ai pas encore visionné les bonus qui semblent quand même d'un autre niveau avec d'autres films de Ken Russell en bonus, l'interview de Julian Sand, conférence de Ken Russell lui-même.

Spoiler : :
Feature commentary by film historian Matthew Melia and Lisi Russell (2018)
The Fall of the Louse of Usher (2002, 83 mins): Ken Russell returns to gothic themes in this legendarily lurid late video work starring both the director and his wife, Lisi Russell
A Haunted Evening (2023, 35 mins): Stephen Volk, the writer of Gothic, revisits his earliest feature script
The Sound of Shelley with Julian Sands (2017, 18 mins): the actor reflects upon the making of Gothic
Amelia and the Angel (1958, 27 mins): in this charming early Russell short, a young girl, cast as an angel in the school play, is distraught when her brother damages her treasured wings. Pocket money in hand, Amelia traverses London on the hunt for a new pair in time for the play
The Guardian Lecture: Ken Russell in conversation with Derek Malcolm (1987, 88 mins, audio only): the director reflects upon his career, at the time of Gothic
Original trailer


Les bonus de l'édition américaine pour comparaison, le commentaire est le même :

Audio Commentary with Lisi Russell and Film Historian Matthew Melia
Isolated Score Selections and Audio Interview with Composer Thomas Dolby
"The Soul of Shelley" Featurette with Actor Julian Sands
"Fear Itself" Featurette with Screenwriter Stephen Volk
"One Rainy Night" Featurette with Director of Photography Mike Southon
Theatrical Trailer
TV Spot
Still Gallery
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