Au delà du réel S01E06 : L'homme qui n'est jamais né (1963)

[Greenheart]

The Outer Limits S01E06: The man who was never born (1963)
Autre titre : Cry of The Unborn (traduction, le cri de l'avorté).

Diffusé aux USA le 28 octobre 1963.
Saison 1 sortie en blu-ray américain le 23 mars 2018.

De Leonard Horn (réalisateur), sur un scénario de Anthony Lawrence ; avec Martin Landau, Shirley Knight et Karl Held.

Pour adultes et adolescents

Ici, dans la solitude brillante et amassée des milliards et des milliards d'étoiles, la solitude peut être une chose excitante et volontaire, contrairement à la solitude dont souffre l'homme sur Terre. Ici, au plus profond du néant étoilé, l'homme peut ne faire qu’un avec l'espace et le temps ; préoccupé, mais pas indifférent ; anxieux et pourtant en paix. Il s'appelle Joseph Reardon. Il a, cette année-là, trente ans. C'est la première fois qu'il fait ce périple seul. Ses instruments bipent et font flasher des lumière et pourtant il n’y a absolument rien d’autre autour de lui que les étoiles. Les choses semblent alors se précipiter : un choc le plaque dans son fauteuil, et sa fusée passe au travers d’une anomalie qui inverse les couleurs de sa vision et le stupéfait. Puis en quelques secondes, tout retourne à la normale et les étoiles autour de lui sont toujours les mêmes.

Reardon interroge alors sa base, se présentant comme l’Astronef 1 demandant une trajectoire de ré-entrée. La radio crépite, mais la base, Project Control reste muette. Reardon fait basculer sa fusée et entame une descente verticale dans l’atmosphère terrienne pour atterrir, toujours à la verticale au milieu d’un désert jonché de rocher, avec une seule tour érigée au milieu, en forme de pyramide renversée. Reardon scrute le paysage à travers le hublot de son sas, puis déclenche l’ouverture des volets protégeant l’échelle pour descendre à la surface, puis celle du sas lui-même. En combinaison, mais sans son casque, il place son pistolet automatique dans son casque et descend l’échelle, puis marche à nouveau pistolet au poing, tandis qu’un homme défiguré en bure l’observe dissimulé en haut d’un rocher. Au détour du rocher, l’homme défiguré confronte l’astronaute qui lui demande où il se trouve. L’homme défiguré — un certain Andro — répond que l’astronaute se trouve sur la Terre...



***

[Greenheart]

Question surprise et merveilleux (ou horrifique) de pur science-fiction, l'épisode assure.

Mais dès que l'on réfléchit un peu, quantités de trous de scénarios assez spectaculaires apparaissent et quand bien même on admettrait l'histoire, les interprétations que font les héros de leur situation sont vicieuses ou mensongères.

Spoiler : :

* par quelle coïncidence incroyable l'astronaute tombe sur un trou de vers et passe pile au travers (deux fois !!!) ?
* par quelle coïncidence incroyable sa trajectoire de retour le fait atterrir pile à côté de la bibliothèque et de l'unique (?) survivant (Andro) ?
* comment le survivant, porteur du virus mutant, peut-il proposer de revenir dans le passé et contaminer la Terre du passé.
* même combat pour l'astronaute : comment lui peut-il songer à retourner contaminer la Terre et apporter en plus un contaminé avec lui ?
* pourquoi le trou de vers éliminerait-il un passager et pourquoi celui-ci plutôt que l'autre ? et qu'on ne me parle pas du pas encore né : Andro est strictement le seul à remplir ce critère.
* si on pouvait croire que la bibliothèque du futur était construit le site d'atterrissage du présent de l'astronaute, comment admettre que Andro puisse atterrir sans apparemment le réaliser exactement au temps et au moment où se trouve la future mère du savant fou à éliminer ?
* pourquoi le pouvoir d'illusion de Andro ne fonctionne ou ne fonctionne pas que lorsque cela arrange le scénariste de l'épisode ?
* comment la future mère du savant fou peut-elle tomber amoureuse d'Andro, à part à cause de son pouvoir hypnotique ?
* qui dit que l'enlèvement de la future mère du savant fou ne va pas forcément amener le futur père à dresser n'importe quel de ses descendants ou adopté à devenir le savant fou ?
* Andro cherche à sauver l'humanité par un avortement forcé temporel, précédé d'un enlèvement avec dans l'idée de violer la future mère grâce ses pouvoirs télépathiques ? La fin est dans les moyens. Le tout apparemment sans avoir la moindre idée de ce qui s'est passé en réalité, du pourquoi du comment ou de si cela changera quoi que ce soit : c'est forcément du vice.
* et bien sûr toujours le paradoxe : si Andro a changé le futur, il n'a pas pu rencontrer l'astronaute dans le futur ni savoir que le savant fou existera, donc il n'a rien changé du tout ou bien son futur n'a rien à voir avec le présent de l'astronaute ou des jeunes pas mariés.

Andro explique que l'humanité n'a pas lutté contre le virus mutagène parce qu'elle était distraite par la conquête de l'Espace ? C'est-à-dire lancer une seule fusée en orbite pour arriver à passer un trou de vers qui de toute manière aura tué l'astronaute ? Rien qu'en comparant les budgets de ventes d'arme et de conquête spatial ce ne peut-être que faux. Plus si Andro est resté seul sur Terre, une autre explication est que l'humanité s'est barré de la Terre après avoir épuisé ses ressources et l'avoir polluée à mort, ce qui fait que le dernier (?) habitant serait un mutant. Mais vu que le reste de l'épisode ne tient pas debout, l'hypothèse la plus probable est que le scénariste cherche à faire peur avec le progrès technologique et la conquête de l'Espace, tout en minimisant l'horreur de la barbarie, de l'avidité et des économies cannibales.

Sauf erreur de ma part, les héros et scénaristes du Ministère du Temps se seront posés les mêmes questions (et pour cause, ils lisent la science-fiction de l'âge d'or, comme les scénaristes de Au delà du réel et au contraire de toutes les productions actuelles s'il faut en croire le niveau d'écriture) - mais le Ministère du Temps s'en sort avec les honneurs et aura clairement vu plus loin que le bout de son nez (ou si vous préférez, que les clichés).