Je viens enfin d'acquérir un écran 4K samsung, sachant que dès lors que vous ne visionnez pas un programme en 4K (prétendu) natif), l'image transmise à l'écran est forcément mise à l'échelle, c'est-à-dire réajustée à l'écran de résolution 4K. Cela implique que tous les pixels qui manquent à l'image envoyée à l'écran, plus petite que l'écran, sont inventées.
Autrefois, il s'agissait d'un algorithme d'interpolation telle l'ancienne mise à l'échelle de totoshop appliqué en temps réel, par votre lecteur de dvd puis par celui-ci et votre télévision plus ou moins intelligente.
Sony a présenté à l'occasion de ses images 8K ses mises à échelles "intelligentes", dont le principe est d'identifier un groupe de pixels de l'image original au format définition standard ou haute définition, et de le remplacer par le même échantillon ou le plus approchant, à l'échelle 4K. Par exemple, si votre téléviseur reconnait des cils, de la peau, de l'herbe à une certaine distance de la caméra, il remplace ce bloc en définition standard (DVD récent) ou HD (blu-ray Haute définition). Cela ne fonctionnera pas ou mal si la définition est trop basse, l'image trop compressée, par exemple s'il s'agit d'une VHS avec ses lignes d'entrelacement, un télécinéma de basse qualité ou mal réglé lorsque l'image sur pellicule a été projetée devant une caméra vidéo trop ancienne.
Mais cela implique que forcément les blocs de pixels en 4K ne font pas partie de l'image original du transfert HD sur votre disque.
La première conséquence est déjà grave : lorsqu'il faut juger de la qualité d'un transfert SD ou HD, il faut se baser sur des détails de l'image : typiquement dans cet ordre, les cils, les cheveux fins ou le duvet, les grains de peau et la pilosité, les textures des vêtements et détails des bijoux, les textures des décors et détails des motifs.
Or, c'est exactement ce qui est remplacé en 4K avec plus ou moins de fidélité. Mais tant que la représentation est une exacte reproduction, aucun problème. Seulement ce ne sera pas le cas quand le détail n'a pas été représenté assez fidèlement au départ par le transfert : généralement, il s'agit du bruit électronique qui va par exemple flouter ou déformer un motif en forme de croix sur un bijou, un t-shirt, ou dans le décor. A la mise à l'échelle 4K, la croix elle-même est remplacé.
Sauf que lorsque le transfert n'est pas bon au départ, parce qu'il n'a pas été réalisé à partir des négatifs originaux, perdus ou abîmés ou remplacés par des retirages positifs ou négatifs, qui ont la particularité de rajouter du bruit à l'image à chaque nouvelle génération. Le problème est aggravé dans au moins deux cas de figure : le réalisateur a mécaniquement zoomé dans l'image original, ce qui agrandit le bruit original du négatif; il y a un trucage mécanique : des titres superposés à l'image du film, un fondu enchaîné etc.
L'autre genre de dégâts qui frappe n'importe quelle pellicule, c'est un phénomène de pourrissement dû à un stockage imprudent ou tout simplement l'effet du temps sur une pellicule d'une qualité relative : chimiquement, un point apparaît dans l'image et se mit à couler. Il y a d'autres dégâts occasionnés à toutes les étapes de la production du film, telles les fuites de lumière dans la caméra argentique ou des artefacts dans la caméra numérique.
Il existe aussi des dégâts spécifiques aux supports électroniques, tels la bande magnétique vidéo, qui peuvent se réparer spectaculairement ou les dégâts plus ou moins définitifs comme la rayure de la surface de votre dvd, ou le pourrissement de votre blu-ray ou disque 4K, causé par une coulure de résine, un décalage entre les couches ou une oxydation qui empêche le laser de lire les informations - certaines qui sont absolument nécessaires pour lire le disque, et qui sont exactement placées là où les problèmes chimiques ou physiques sont les plus susceptibles de se produire.
Donc une première conséquence de la mise à échelle, c'est que des défauts flagrant pour l’œil entraîné sur un écran HD tel un ou plusieurs points de pourrissement de la pellicule utilisée pour le transfert peuvent être "floutés" de manière relativement peu choquante par la télévision intelligente : vous pouvez alors soutenir sur un forum à quelqu'un que le transfert que vous visionnez en HD est littéralement pourri, et lui qui regarde son transfert en 4K mise à l'échelle vous soutiendra le contraire, vous insultera et se fera soutenir par une horde de harceleurs prêtes à intervenir sur le forum pour maintenir des objectifs de lavage de cerveau des internautes.
Où est le problème ?
Eh bien la mise à l'échelle 4K incite les éditeurs et les studios à ne pas programmer la production d'une version fidèlement reconstruite. Comme à opter pour vous vendre toujours aussi cher, voire davantage, une version ultra-compressée de vos films et épisodes de séries, en se disant qu'ils pourront toujours vous entuber d'un à trois disques à presser supplémentaire, pour que vous puissiez voir votre film ou votre série, plus ou moins comme si leur pellicule originale avaient été projetée dans une excellente salle cinéma, sans les parasites que sont les poils de cul du projectionniste et les pets, mastications et cris des autres spectateurs. Autrement dit, la mise à échelle 4K peut couvrir une fraude de l'éditeur, du studio, et de l'entreprise de restauration. Oui, l'argent peut se faire rare, mais s'il n'est pas investi, il n'y a aucune raison pour que le spectateur paye un travail de restauration qui n'a pas été fait, ou qui a été gâché au dernier moment.
Si la mise à échelle 4K traite le visage d'un personnage montré dans le plan à une certaine distance, son visage change. Or, quand un personnage est à distance, et que la situation de tournage est plus ou moins dangereuses, ou quelqu'un fait des économies de salaire, l'acteur principal peut-être remplacé par une doublure, ou un cascadeur. Comment savoir alors si la personne à l'écran est l'acteur, une doublure (qui pourrait ensuite être devenu un acteur célèbre) ou... un clone en image de synthèse automatiquement généré et ajouté à votre image ?
Imaginez une seconde que la mise à jour suivante de votre télé 4K soit conçue pour automatiquement remplacer certains acteurs par d'autres, changer leur sexe, leur couleur de peau, supprimer ou ajouter une cigarette ou des sex-toys etc. etc. ? De même pour les voix, certains mots de certaines répliques et ainsi de suite. Actuellement il est déjà possible de générer de nouveaux dialogues, de doubler à nouveau les films, changer le mouvement des lèvres etc.
D'autres points qui permettent de juger de la qualité d'un dvd, blu-ray etc. sont également modifié en direct par la télévision intelligence : le bruit, de quelque origine qu'il soit - grain du film, parasites électroniques à n'importe quel point de la production et du transfert, petits coups à l'image. On peut imaginer que d'ici peu, la télé intelligente pourrait faire disparaître les gros coups - tâches, étoiles etc qui apparaissent sur une image mais sont absents de la précédente ou de la suivante, tant que le plan n'est pas en mouvement - et à terme il serait possible de restaurer en temps réel comme cela a été fait sur les films Cinéramas, avec des outils de plus en plus efficaces d'une année à l'autre - cf. Windjammer la première édition réalisée à partir d'un film d'une projection, puis la seconde édition réalisée à partir d'une version (plus complètes !) préservée par la Suède (de mémoire), cf. le making of de la seconde édition.
La profondeur de champ est ce qui donne l'impression de regarder en HD une fenêtre ouverte sur le tournage du film, voire de la 3D sans lunette. C'est dû à la compression moindre des informations, et c'est simulé par les télévisions HD puis intelligentes, en ajoutant des images interpolées entre les images, ce qui est habituel car il est très rare voire impossible que les blu-rays et 4K contiennent effectivement les images à projeter en HD ou 4K sur votre écran. Les éditions 4K qui offrent une véritable 4K à la source (sur le disque) sont très rares et relativement facile à repérer au nombre de disques 4K dans le coffret (HD pour une édition HD).
En HD, la première édition de la saison 1 de True Blood sur HBO contenait deux ou trois épisodes de 45 minutes maximums, et c'est extraordinaire tant au niveau du son que de l'image. En 4K, la récente série Halo propose deux épisodes de 45 minutes et deux making of de 20 à 30 minutes par disque 4K, donc la limite semble être une heure trente de qualité maximale. Attention, comme pour les DVD, l'éditeur peut choisir de ne vendre que la pire des images, et remplir le disque DVD de bruits pour faire croire à l'acheteur que le DVD est complètement rempli. Ou il peut utiliser un CODEC (une clé de chiffrement et déchiffrement des images) qui à l'arrivée vous projettera une image immonde tout en prenant un maximum de place : cela arrive très souvent en blu-ray parce que l'éditeur ne veut pas payer le codec le plus performant ou bien parce que ce codec n'existait pas à l'époque de l'édition du blu-ray.
Lorsque le téléviseur intelligent ou pas veut "gonfler" une image trop compressé, il peut se produire différents défauts à l'image. Les traînées et autres embrouilles en cas d'action à l'écran semblent être aujourd'hui corrigées de manière assez superbes. Il y a toujours le risque de se retrouver avec l'effet "télénovela" selon quelles corrections sont appliquées : effectivement je suis arrivé à cette situation, mais en cherchant à retrouver une image de qualité moderne avec des séries sur DVD à l'image "poussive" sur télé HD avec ancien lecteur et nouveau lecteur de blu-ray qui améliorait déjà la qualité, mais pas à ce point. Il y a aussi moyen d'éclairer les ombres et mieux répartir le contraste, mais là encore rien ne dit que nous retomberons sur l'image originale.
Il n'existe pas encore de simulateur de tube cathodique par exemple, pour reproduire un signal VHS que l'on aurait pu numériser le plus exactement possible, pour obtenir la même image que sur les téléviseurs les plus performants de l'époque, type Bang et Olufsen. Même genre de problème que pour reproduire une image cinérama sur un écran plat, mais probablement en plus compliqué. Ce n'est pas un problème si nous visionnons une série tournée sur pellicule, mais beaucoup de séries des années 1970/1980/1990 ont été tournées et truquées en vidéo.
Enfin, la colorisation en direct de qualité n'existe pas encore, mais elle pourrait arriver avec une télévision encore plus intelligente qui utiliserait le genre d'Intelligence Artificielle qui génère des images sur prompt. Cette fois, le bloc de pixel noir et blanc devrait être remplacé par le bloc 4K de la bonne couleur, ce qui impliquerait qu'au-delà d'une banque de données de pixel, il existe un prompt généré à chaque image qui soit rapproché d'une banque d'images des objets, textures, acteurs et figurants de chaque époque et lieu de tournage.
Cela paraît compliqué, mais aujourd'hui très loin d'être impossible. Probablement cela pourrait arriver l'année prochaine si tout va bien, le temps que la vidéo générée par prompt prenne son essor. Là encore, il n'y aura aucune garantie que les couleurs soient les bonnes, plus les couleurs des décors ou des costumes lors du tournage réel de la série ou du film peuvent très bien ne pas avoir été conforme au scénario, comme dans l'anecdote où des bonnes sœurs étaient habillées en rouge parce qu'il n'y avait plus de tissu noir pour faire leur costume, ou les photos couleurs originales de tournage de la série Destination Danger, où les murs des pièces sont anthracites parce que trop cher de peindre ou tapisser, les paysages par les fenêtres en noir et blanc parce que des tirages photos moins cher qu'en noir et blanc.
Donc, ma question au départ : comment donner son avis sur la qualité d'un blu-ray, dvd ou même d'un streaming quand nous le voyons tous mis à l'échelle et altéré différemment selon sur quel écran nous le regardons ? Et à quel point ce que nous voyons ne sera pas altéré en fonction de qui nous procure le flux d'image ? Par exemple, nous savons déjà que Disney altère et censure ses films, typiquement Star Wars l'original. Mais à quel point cela n'est pas le cas bien au-delà de ce que nous pouvons constater isolés, chacun de notre côté et qui nous dit que ce n'est pas le cas pour tout ce qui est streamé.
Spoiler : :
Le problème devient le même que lorsque ces éditeurs, auteurs et producteurs jeunesses tentent à toute force de vendre à des enfants et des adolescents des récits originaux écrits pour des adultes, parce que c'est plus facile de plagier et pomper que de créer - une trahison de la réalité non seulement de l'époque, mais du présent, un mensonge fait au spectateur qui croit que le film, l'épisode original est quelque chose qu'il n'est pas, qu'il n'a jamais été. Une transformation de n'importe quel récit en propagande du moment, désormais possible en temps réel, et avec obligation de passer par un internet ultra-surveillé, ultra-censuré, ultra-stigmatisant, ultra-traître et ennemi de tous les citoyens - un phénomène que tout usager de l'internet des années 1990 / 2000 a forcément remarqué, s'il n'a pas été entre-temps zombifié par la propagande ou les drogues.
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