Videodrome, le film de 1984

Les films des années 1981 à 2000.

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Videodrome, le film de 1984

Messagepar Greenheart » Mer 15 Juin 2022 16:30

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Videodrome (1984)

Toxique : ce film montre sous une forme figuré les dommages causés par des scènes toxiques par nature, qui même simulées causent les mêmes dommages au spectateur que si celui-ci assistait à ces scènes dans la réalité. Ne vous exposez pas à ces images si vous êtes fragile, en état de suggestion (alcool, antidépresseur etc.), avez été ou êtes encore victime de violence, ne racontez pas ces scènes.

Sorti aux USA le 4 février 1984
Sorti en France le 16 mai 1984.

Sorti en blu-ray américain le 7 décembre 2010 chez CRITERION.
Sorti en blu-ray anglais version sortie au cinéma 26 décembre 2011.
Sorti en blu-ray français le 21 février 2012.
Sorti en blu-ray anglais édition limitée 17 août 2015, inclus Transfer 1966, From the Drain 1967, Stereo 1969, Crimes of the Future 1970.
Sorti en blu-ray français exclusivité FNAC ELEPHANT le 7 décembre 2021.
Sorti en blu-ray français ELEPHANT le 12 avril 2022.
Annoncé en blu-ray français ELEPHANT le 12 juillet 2022.

De David Cronenberg (également scénariste) ; avec James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry, Peter Dvorsky, Les Carlson, Jack Creley, Lynne Gorman.

Pour adultes.

(horreur, cyberpunk) « Civic TV, la chaîne que vous emmenez au lit avec vous. » Une femme brune apparait sur l’écran cathodique de télévision et déclare à la caméra : « Max, c'est le moment de revenir doucement et douloureusement à la conscience. Non, je ne suis pas un rêve... bien qu'on m'ait dit que j'étais une vision de beauté. » Hors-champ, un homme ricane : « Qui t'a dit ça ? »

La femme reprend : « Je ne suis rien d'autre que votre fidèle Vendredi au féminin, Bridey James, qui vous réveille aujourd'hui, mercredi 23. Vous avez compris ? Mercredi 23. Et j'ai un message. N'oubliez pas votre rendez-vous ce matin à 6h30... avec Shinji Kuraki de Ηiroshima Video. Cette réunion aura lieu... à l'hôtel Classic, suite 17. Et inutile de dire que c'est votre premier rendez-vous de la journée. Vous ne connaissez personne qui travaille de 9 h à 17 h ? Terminé, commandant. » Puis l’écran de télévision répète : « Civic TV, la chaîne que vous emmenez au lit avec vous. »

Il est six heures trente passée d’une minute à la montre de l’homme affalé dans le canapé du salon, en face de la télévision. Son poing se contracte et retombe du haut du dossier. L’homme soupire. Plus tard, il se fait un café et tout en mangeant un reste de pizza, passe en revue des photos d’un film japonais érotique. Plus tard il se rend à l’hôtel Classic, frappe à la porte de la suite 17. Un homme japonais lui ouvre et il entre un peu comme un voleur. Il s’assied à la table encore encombrée d’un menu MacDo abandonné et commence en souriant : eh bien, j’ai passé en revue les photos, je suis un petit peu intéressé. Combien avez-vous d’épisodes ? »

L’autre répond qu’il en a treize, et qu’il pouvait en faire six autres si les ventes suivaient. L’homme demande au japonais s’il a des cassettes, et le japonais répond en riant que bien sûr. Le japonais fait un signe à un barbu qui attendait assis à côté d’une valise noire. Le barbu pose la valise sur la table et l’ouvre. Comme le barbu sort la première cassette, l’homme l’interrompt : il veut voir le dernier épisode, le 13. Le japonais s’indigne : l’homme n’y comprendra rien s’il n’a pas vu les deux premiers épisodes. L’homme répond que son public ne regardera pas les deux premiers épisodes : l’homme veut donc voir le dernier.

Sur l’écran de télévision à la définition poussive et aux couleurs bruitées s’affiche le visage d’une jeune femme japonaise apparemment endormie, et le titre rose en police exotique : Rêves de Samourai. La femme ouvre les yeux, puis elle ôte la tête d’une poupée qui en réalité habillait un jouet sexuel sur un air de flûte mélancolique… La vidéo est projetée cette fois dans une salle de conférence devant l’homme et deux autres, l’un chauve, l’autre aux cheveux épais. L’homme demande, inquiet : « vous pensez que ça peut passer ? Est-ce qu’on veut que ça passe ainsi ? L’homme aux cheveux épais répond qu’il pense que le sexe japonais est naturel et que cela leur amènera un public qu’ils n’ont jamais eu auparavant. Mais le chauve déclare qu’il n’aime pas : ce n’est pas assez vulgaire. » L’homme demande « assez vulgaire pourquoi faire ? », et le chauve répond : « pour m’exciter. C’est trop classieux. Mauvais pour le sexe. » L’homme soupire en écrasant sans fin sa cigarette et admet que c’est seulement léger. Il y a quelque chose de trop léger dans tout ça. Lui recherche quelque chose qui ferait sensation, quelque chose de plus rude.

Les tours de métal et de verre dominent vertigineusement de vieilles bâtisses en brique aux façades noircies. Dans la cour, une antenne parabolique grésille en pivotant. A l’intérieur, un jeune homme aux cheveux bouclés noirs et à la chemise à carreau rouge tourne un cadran, puis travaille sur un circuit intégré sorti d’une armoire d’appareils électroniques. Comme il s’écarte et met le manche du tournevis de précision dans sa bouche, il se tourne vers l’homme et voyant son regard agacé, déclare que c’est bon et qu’on y va. Puis il prévient : ils n’ont que 53 secondes de séquence environ alors que l’homme garde les yeux bien ouverts. Et d’ajouter en souriant que les autres ont un désembrouilleur embrouilleur si l’autre comprend ce qu’il veut dire. Le désembrouilleur a détecté qu’ils désembrouillaient, alors il a automatiquement changé son code contre eux.

Sans même regarder son interlocuteur, l’homme demande quel satellite les autres utilisent. On lui répond « snooker ». Il demande encore de quel pays est son origine. Réponse, d’après le délais de réponse de 53 secondes, la Malaisie. Le jeune homme aux cheveux bouclés déclare alors qu’ils y sont. Sur le moniteur s’affiche alors une scène en couleur où une femme asiatique ne portant qu’un genre de blouse d’hôpital est maltraitée par deux hommes masqués en combinaison intégrale isolante. Aucun des deux spectateurs ne semble s’émouvoir, et l’homme demande qu’est-ce que c’est que le mur auquel la femme est poussée. L’autre répond que c’est de l’argile humide et qu’il pense qu’elle est électrifiée. Et comme la scène s’interrompt, le jeune homme soupire : c’est grotesque comme promis. L’homme lui demande d’essayer de trouver la suite à la prochaine diffusion, et l’autre répond qu’il travaille déjà dessus parce qu’il s’est senti plutôt insulté que la scène soit si courte.

Plus tard, l’homme est invité sur le plateau d’une émission de télévisée, le talk-show de Rena King dont le thème de ce soir est la responsabilité sociale de la télévision, et Rena le présente comme étant Max Renn, le président controversé de la chaîne 83. Les deux autres invités étant l’animatrice radio Nicki Brand et Brian Oblivion, un prophète en matière de média. Rena commence par expliquer que la chaîne 83 diffuse tout depuis de l’érotisme jusqu’à de la pure violence et demande pourquoi. Max Renn explique que c’est une pure question économique : pour survivre, la chaîne doit offrir à ses spectateurs quelque chose qu’ils ne peuvent voir nulle part ailleurs, et c’est ce qu’ils font. Rena demande alors si Renn ne pense pas que de telles émissions contribuent au climat de violence sociale et au malaise sexuel. Rena demande encore si Renn s’en soucie. Renn répond qu’il s’en soucie, et il s’en soucie tellement qu’il donne à ses spectateurs un exutoire inoffensif pour leurs fantasmes et leurs frustrations, et en ce qui me concerne, c'est un acte socialement positif.

Rena demande alors à Nicki, l’animatrice radio, si elle pense aussi que c’est un acte socialement positif. Nicki répond que nous tous vivons des vies surstimulées et que nous aspirons à la stimulation pour la stimulation, et nous nous en repaissons, nous en voulons toujours davantage, que ce soit tactile, émotionnel ou sexuel.

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Bande annonce officielle HD : https://www.youtube.com/watch?v=bjkK3Hnjy8s

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Re: Videodrome, le film de 1984

Messagepar Greenheart » Mer 15 Juin 2022 16:34

Démonstration éclatante si l’on peut dire que Cronenberg sait raconter des histoires pertinentes et cohérentes, contrairement à certain(e)s qui se contentent de balancer l’ultraviolence et la nudité (suivez mon regard Titane). Le problème numéro un est bien sûr que pour évoquer son sujet de manière suffisamment explicite, Cronenberg expose précisément son public à la violence et la nudité gratuite qu’il est censé dénoncer et la question se pose alors de savoir si Cronenberg fait des films sur la violence et le sexe pour s’en repaître au passage et gagner du fric comme ses personnages, et de la même manière, si les spectateurs regardent d’abord ses films pour se repaître de sexe et de violence.

Spoiler : :
Toujours est-il que Cronenberg décrit parfaitement et clairement la manière dont l’ultraviolence de la p.rn.graphie et du gore dérange l’esprit puis détruit la vie en s’insinuant dans la vie sexuelle, puis dans la vie de tous les jours et la perception que la victime peut ensuite avoir à la fois des autres et des objets. Le traitement fantastique sert donc seulement à rendre la crise schizophrène plus spectaculaire et plus facile à expliquer et à accepter — et non à construire une nouvelle réalité, un nouvelle univers cohérent, loi surnaturelle après loi surnaturelle.

Et là se cristallise un nouveau paradoxe : parce que le film est censé être du fantastique, et que tout ce qui est montré ne sont que des effets spéciaux et du théâtre, le spectateur est tranquillisé et accepte le fait qu’il est en train de regarder des scènes sadiques pour de faux. Le problème c’est que ces scènes sadiques restent des scènes sadiques car la représentation du sadisme produit exactement les mêmes effets sur le cerveau qu’une réalité sadique : les scènes sont seulement rangées dans le coin du cerveau qui prétend qu’il s’agit d’un rêve et non de la réalité. Maintenant si le spectateur rêve un peu trop d’ultraviolence ou s’il est régulièrement sous l’influence d’un médicament, d’une drogue, d’alcool etc. qui affaiblissent ou dérèglent la chimie du cerveau, auquel s’ajoute le stress ne serait-ce que celui généré par les dictateurs et leurs médias pour déboussoler et contrôler les populations, et le rêve peut très bien devenir souvenir fictif de la réalité ou réalité, ou ressortir sous d’autres formes.


En conclusion, Videodrome le film est bien une réussite, on ne peut plus pertinente à l’époque actuelle, à réserver aux adultes avertis, même si à partir du moment où le héros ne distingue plus la réalité de l’hallucination, il n’y a plus de raisons de continuer à regarder le film. Plus, à mon humble avis, ce n’est vraiment pas le moment de visionner ce genre de film, ni d’ailleurs n’importe quel autre séquence ultraviolente ou p.rn., ni même leur équivalent déguisé que sont les productions Disney actuelles et trop souvent les dessins animés pour enfants. Ce qui doit vous alerter, c’est la répétition presque à l’identique des scènes dites « stimulantes », qu’il s’agisse de lapins crétins accidentés ou de jeunes filles poignardées encore et encore.

En effet, pour ne pas devenir toxiques, une scène ou un discours violent ou sexuels doivent être compensés par quantité d’autres scènes d’une grande variété, sollicitant le cerveau et sa chimie de manière complètement différentes et avec la plus grande variété d’intensité. Les causes et les effets sont strictement les mêmes qu’en matière de musique : de la techno à fond vous rendra sourd et insensible, et vous l’entendrez encore dans vos rêves toute votre vie, une musique polyphonique développera votre oreille et cultivera et vos souvenirs et votre imagination... Ou si vous préférez, on devient ce que l’on voit et ce que l’on entend, exactement comme on devient ce que l’on mange. Et si vous avez bien compris le raisonnement, vous avez déjà réalisé que les jeux vidéos actuels qui monopolisent l’attention d’une majorité d’enfants et de beaucoup d’adultes causent d’énormes dégâts, impossible à rattraper. Les chinois ne s’y sont pas trompé en limitant récemment le temps de jeu en ligne et en interdisant certains jeux, purement et simplement.
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