L'invention de Morel, le roman de 1940

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L'invention de Morel, le roman de 1940

Messagepar Greenheart » Mer 13 Avr 2016 22:26

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La invención de Morel (1940)

Sorti en Argentine en 1940 chez EDITORIAL LOSADA AR (couverture de Norah Borges).
Sorti en France en 1952 chez Robert Laffont, traduction Armand Pierhal,
Sorti en France en juin 1962 dans la revue Fiction # 103 chez OPTA,
Sorti en France en 1974 chez Edito Service,
Sorti en France en février 1976 en poche chez 10/18,
Réédité en France chez Laffont en février 1978,
Réédité en France chez Laffont en 1984,
Réédité i en France en 1992 chez 10/18,
Réédité en France en mars 2001 intégrale des romans chez Bouquins,
Réédité en France chez 10/18 en mars 2018.

De Adolfo Bioy Casares.

Pour adultes et adolescents.

Un homme fuyant la dictature qui le poursuit pour ses opinions croit trouver refuge sur une île ayant très mauvaise réputation, et où se trouve une villa et un musée abandonné, ainsi qu'une source d'eau potable. C'est alors que débarque une petite troupe de fêtards qui semblent complètement ignorer son existence, tandis que la villa et le musée sont rouverts et retrouvent leur splendeur d'origine.

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***

Le texte original de Bioy Casares

Hoy, en esta isla, ha ocurrido un milagro. El verano se adelantó. Puse la cama cerca de la pileta de natación y estuve bañándome, hasta muy tarde. Era imposible dormir. Dos o tres minutos afuera bastaban para convertir en sudor el agua que debía protegerme de la espantosa calma. A la madrugada me despertó ub fonógrafo. No pude volver al museo, a buscar las cosas. Huí por la barrancas. Estoy en los bajos del sur, entre plantas acuáticas, indignado por los mosquitos, conel mar o sucios arroyos hasta la cintura, viendo que anticipé absurdamente mi huida. Creo que esa gente no vino a buscarme ; tal vez no me hayan visto. Pero sigo mi destino ; estoy desprovisto de todo, confinado al lugar más escaso, menos habitable de la isla; a pantanos que el mar suprime un avez por semana.

Escribo esto para dejar testimonio del adverso milagro. Si en pocos días no muero ahogado, o luchando por mi libertad, espero escribir la Defensa ante sobrevivientes y un Elogio de Malthus. Atacaré, en esas páginas, a los agotadores de las selvas y de los desiertos ; demostraré que el mundo, con el perfeccionamiento de la policías, de los documentos, del periodismo, de la radiotelefonía, de las aduanas, hace irreparable cualquier error de la justicia, es un infierno unánime para los perseguidos. Hasta ahora no he podido escribir sino esta hoja que ayer no preveía. ¡Cómo hay de ocupaciones en la isla solitaria! ¡Qué insuperable es la dureza de la madera! ¡Cuánto más grande es el espacio que el pájaro movedizo !

La traduction au plus proche

Aujourd'hui, sur cette île, un miracle s'est produit. L'été est arrivé tôt. J'ai mis le lit près de la piscine et je me suis baigné, jusqu'à très tard. C'était impossible de dormir. Deux ou trois minutes dehors ont suffi pour convertir en sueur l'eau qui était censée me protéger du terrible soleil. Au petit matin, j'ai été réveillé par le phonographe. Je ne pouvais pas retourner au musée pour chercher mes affaires. Je me suis enfui par le ravin. Je suis dans les bas-fonds du sud, parmi les plantes aquatiques, outragé par les moustiques, avec la mer ou des ruisseaux insalubres jusqu'à la taille, vu que j'ai absurdement précipité ma fuite. Je pense que ces gens ne sont pas venus me chercher ; peut-être même qu’ils ne m’ont pas vu. Mais je continue sur ma lancée ; je suis privé de tout, confiné dans l'endroit le plus exigu, le moins habitable de l'île ; dans des marais que la mer engloutit une fois par semaine.

J'écris ceci pour témoigner du miracle antagoniste. Si dans quelques jours je ne meurs pas noyé ou en luttant pour ma liberté, j'espère écrire une Défense en faveur des survivants et un Éloge de Malthus. J'attaquerai, dans ces pages, les destructeurs des jungles et des déserts ; je démontrerai que le monde, avec la perfection de la police, des documents, du journalisme, de la radiotéléphonie, des douanes, rend irréparable toute erreur de justice, est un enfer implacable pour les persécutés. Jusqu'à présent, je n'ai pu écrire que cette page que je n'avais pas prévue hier. Combien il y a à s’occuper sur une île déserte ! Comme la dureté du bois est intraitable ! Combien plus vaste est l'espace que l'oiseau parcourt !

***

La traduction française de Armand Pierhal pour les éditions LAFFONT & 10/18.

Aujourd'hui, dans cette île, s'est produit un miracle. L'été a été précoce. J'ai disposé mon lit près de la piscine et je me suis baigné, jusque très tard. Impossible de dormir. Deux à trois minutes à l’air suffisaient à convertir en sueur l'eau qui devait me protéger de l’effroyable touffeur. A l’aube, un phonographe m’a réveillé. Je n’ai pas eu le temps de retourner chercher mes affaires au musée. J’ai fui par les ravins. Je suis dans les basses terres du sud, parmi les plantes aquatiques, exaspéré par les moustiques, avec la mer ou des ruisseaux boueux jusqu'à la ceinture, vu que j'ai précipité absurdement ma fuite. Je crois que ces gens ne sont pas venus me chercher ; il se peut, même, qu’ils ne m’aient pas vu. Mais je subis mon destin ; démuni de tout, je me trouve confiné dans l'endroit le plus étroit, le moins habitable de l'île ; dans des marécages que la mer recouvre une fois par semaine.

J’écris ces lignes pour laisser un témoignage de l’hostile miracle. Si d’ici quelques jours je ne meurs pas noyé, ou luttant pour ma liberté, j’espère écrire la Défense devant les Survivants et un Eloge de Malthus. J’attaquerai, dans ces pages, les ennemis des forêts et des déserts ; je démontrerai que le monde, avec le perfectionnement de l’appareil policier, des fiches, du journalisme, de la radiotéléphonie, des douanes, rend irréparable toute erreur de la justice, qu’il est un enfer sans issue pour les persécutés. Jusqu’à présent je n’ai rien pu écrire, sinon cette feuille, qu’hier encore je ne prévoyais pas. Que d’occupations dans une île déserte ! que la dureté du bois est implacable ! Combien plus vaste l’espace que le vol de l’oiseau !

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Re: L'invention de Morel, le roman de 1940

Messagepar Greenheart » Dim 12 Juin 2022 15:21

A voir et lire tant de récits dont les auteurs manquent à tous leurs devoirs, on en finirait presque par oublier à quoi ressemble le texte d’un auteur a tout compris de la Science-fiction, et réussit son tour du premier mot jusqu’au dernier. L’invention de Morel est à raison décrit comme un court roman à lire absolument. Il a déjà été adapté plusieurs fois en téléfilm et au cinéma, de manière relativement fidèle, mais il faut toujours s’abreuver à la source avant de risquer la pollution imaginative. Donc si vous vous trouvez un exemplaire, dévorez-le figurativement parlant il s’entend : il n’est jamais trop tard pour entretenir, protéger et possiblement développer son cerveau, le plus économiquement du monde soit-dit en passant.
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