Abyss, la novellisation de 1989

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Abyss, la novellisation de 1989

Messagepar Greenheart » Mer 24 Jan 2024 16:41

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The Abyss (1989)

Sorti aux USA en poche en juin 1989 chez POCKET BOOKS US ;
traduit en français en août 1989 par France-Marie WATKINS pour J’AI LU FR (poche),
réédité en grand format en novembre 1989 chez FRANCE LOISIR FR,
réédité en janvier 1990 ; en poche en février 1990, novembre 1993, décembre 1996.

De Orson Scott Card.

Pour adultes et adolescents

(Prospective, presse) Pour récupérer les secrets d’un sous-marin nucléaire immobilisé au bord d’une immense crevasse par 700 mètres de fond au cœur de l’océan, l’armée américaine envoie une équipe de spécialistes à bord d’un prototype sous-marin…

*

Spoiler : :
La particularité de cette novellisation est qu’elle fut rédigée avant que le film soit tronçonné par le studio voulait un film court pour davantage de projections par jour. A cette époque, James Cameron n’avait pas démontré sa capacité à attirer les foules en salle, peu importait la durée du film.

En clair, le seul moyen de savoir ce que James Cameron avait vraiment voulu raconter, c’était la novellisation, et ce jusqu’à la sortie de l’édition spéciale en DVD. Une édition avec une image étriquée, à résolution si faible qu’aujourd’hui le DVD reste pitoyable à regarder, peu importe le dernier cri d’une mise à échelle HD ou même 4K.

James Cameron a eu à l’époque accès à tout pour écrire son roman. Lui-même est déjà un romancier de Science-fiction renommé et primé, en particulier à cause de sa narration poignante et généreuse.

Désormais, la version spéciale va enfin sortir en blu-ray et 4K alors que cela faisait des années qu’on l’attendait -- malheureusement mis à échelle donc massacrée par Intelligence Artificielle --, mais cela n’empêche pas d’exercer son imagination et de probablement découvrir encore des détails sur la production qui n’auront toujours pas atteint l’écran. Une interrogation subsiste concernant l’impressionnant making of du film joint sur un second DVD de l’édition spécial, en format 4 : 3.


*

Le texte de Orson Scott Card de 1989 pour POCKET BOOKS US

Chapter 1
Buddy


Buddy could've written the script for that morning before it even started. His big brother Junior was asking if he could take the pickup truck down to the beach. Daddy would say no. Junior would argue. Daddy would lecture. Junior would get mad and cuss. Daddy would take off his belt and go after him. Always worked the same way. You'd think somebody besides Buddy would catch on.

"It's October. Too damn cold for the beach." Daddy said it so loud the baby got startled in the bassinet. She set to wiggling around and crying.
"Listen to that baby," said Junior. "She sounds like a mouse in heat."

On the way to picking up the baby, Mama slapped Junior lightly across his face. "Mind how you talk in this house, young man."
"Sorry, Mama." He turned back to Daddy, but Daddy was already back to reading the paper, looking for reasons to cuss out Kennedy, who was the poorest excuse for a Democrat as ever got elected President. "I got my license yesterday," said Junior. "It's Saturday. I promised my friends."

"You got your license on Friday the thirteenth." Daddy didn't even look up from the paper. "Proof positive that the superstition is true, because the day you got your license is the unluckiest day that ever dawned for the American driver, not to mention the poor defenseless American pedestrian."

Buddy heard all this from where he sat on the floor in front of the TV, where he was watching Saturday morning cartoons with the volume turned down low so it didn't bother anybody. So far Daddy was still joking and Junior wasn't swearing yet, but that wouldn't last long.
Unless Buddy did something.

Like always, what to do was so vague in his mind that he didn't even know what he was planning, except that he knew it would work, knew that it would make everything turn out just fine and there wouldn't be any yelling and nobody'd get hit with Daddy's belt or say terrible things that would go on stinging long after the welts from the whipping had faded. And once Buddy knew how to stop something bad from happening, he didn't wait and think about it.
Buddy spoke right up, first words that came to mind. "Daddy, couldn't I go to the beach with Junior? You never did take me that time you promised in August." Only now, when the words were said, did Buddy figure out what it was he was planning to do.

Mama called in from the kitchen, where she was nursing the baby. "You did promise him, Homer."
Junior was sharp. Junior understood right off, almost as fast as Buddy himself. Buddy liked how the two of them could figure each other out without saying a word. Like they had a pipeline pumping brains straight from one head to the other. "Come on, I don't have to take a ten-year-old along with me, do I?"

Daddy took the bait. That's what the plan depended on, Daddy and Mama acting just the way Buddy knew they would. "What is it with you, Junior?" Daddy said. "You expect to use the family pickup and family gasoline and you think you can do that without any family obligations? You think the whole world exists to serve you and you don't ever have to inconvenience yourself in return?"

Just like that, the argument had stopped being about whether Junior could go, and instead it was about whether he had to take Buddy with him. And since Buddy knew that Junior probably would have taken him anyway, they were safe on base.

*

La traduction au plus proche.

Chapter 1
Buddy


Buddy aurait pu écrire le script cette matinée-là avant même qu’elle commence. Son grand frère demanderait s’il pouvait prendre le pickup pour aller à la plage. Papa dirait non. Junior objecterait. Papa ferait la leçon. Junior s’emporterait et lâcherait des jurons. Papa ôterait sa ceinture et se lancerait à sa poursuite. C’était toujours comme ça que cela se passait. Vous devez penser qu’à part Buddy, n’importe qui l’aurait réalisé.

« On est en octobre. Il fait putain de trop froid pour la plage. » Papa l’avait dit si fort que le bébé sursauta dans le couffin. Elle commença à gigoter et à pleurer.
« Ecoute donc ce bébé, répondit Junior. On dirait une souris en chaleur. »

En chemin pour récupérer le bébé, Maman frappa le visage de Junior d’une gifle légère. « Fais attention à comment tu parles sous ce toit, jeune homme. »
« Désolé, M’man. » Il se retourna vers Papa, mais Papa était déjà retourné à la lecture de son journal, en quête de raisons pour maudir Kennedy, qui était le pire Démocrate à jamais avoir été élu Président. « J’ai eu mon permis hier, déclara Junior. « On est samedi, j’ai promis à mes amis. »
« Tu as eu ton permis un vendredi 13. » Papa n’avait même pas levé le nez de son journal. « La preuve qu’il faut être superstitieux, parce que le jour où tu as eu ton permis fut le plus malchanceux qui n’ait jamais brillé pour le conducteur américain, sans parler du pauvre piéton américain sans défense. »

Buddy entendit tout cela depuis là où il était asis sur le sol devant la télévision, où il regardait les dessins animés du samedi matin avec le bouton volume tourné bas histoire qu’il n’aille pas déranger quelqu’un. Jusqu’à présent, Papa plaisantait encore et Junior ne s’était pas encore mis à jurer, mais cela ne durerait pas.
Sauf si Buddy intervenait.

Comme toujours, l’idée était si vague dans sa tête qu’il ne savait même pas lui-même ce qu’il projetait, excepté qu’il savait que cela marcherait, savait que cela retournerait en bien la situation et qu’il n’y aurait aucun hurlement et que personne ne se retrouverait frappé avec la ceinture de Papa ou ni’rait dire des choses terribles qui continueraient à brûler bien après les cicatrices laissées par le fouet se seraient estompées. Et une fois que Buddy savait comment empêcher quelque chose de mal d’arriver, il n’allait pas attendre et y réfléchir davantage.

Buddy parla sur le champ, prononçant les premiers mots qui lui venaient à l’esprit. « Papa, est-ce que je ne pourrais pas aller à la plage avec Junior ? Tu ne m’y as jamais emmené la fois où tu me l’avais promis en Août. » Et seulement comme les mots avaient été dits, Buddy réalisa quel avait été son plan.
Maman lança depuis la cuisine où elle était en train d’allaiter bébé. « Tu le lui avais vraiment promis, Homer. »

Junior n’était pas bête. Junior compris aussitôt, presque aussi vite que Buddy lui-même. Buddy aimait comme eux-deux parvenaient à se comprendre l’un l’autre sans ajouter un mot. Comme s’ils avaient eu un pipeline pompant de la cervelle directemment d’une tête à l’autre. « Allez, je vais quand même pas avoir à me trimbaler là-bas avec un gamin de dix ans, tout de même ? »

Papa mordit à l’hameçon. C’était de cela que dépendait le plan, Papa et Maman qui feraient exactement comme Buddy savait qu’ils le feraient. « Qu’est-ce qui ne va pas avec toi, Junior ? répondit Papa. Tu t’attendais à emprunter le pick-up familial et consommer l’essence de la famille, et faire tout ça en te dispensant de toute obligation familiale ? Tu pense que le monde entier n’existe que pour te servir et que tu n’auras jamais aucune contrainte en retour ? »

Et d’un coup, la dispute avait cessée d’être au sujet de si Junior pourrait aller à la plage ou pas, pour à la place, se concentrer sur si Junior devait avoir à y amener Buddy. Et comme Buddy savait que Junior l’y aurait emmené de toute manière, ils étaient certains d’atteindre leur but en toute sécurité.

*

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La traduction de France-Marie Watkins de 1989 pour J’AI LU FR et France LOISIR FR.

Buddy

Buddy aurait pu écrire le scénario de cette matinée avant qu’elle ne commence. Junior, son frère aîné, demanderait s’il pouvait se servir de la camionnette pour aller à la plage. Papa allait dire non, Junior discuterait. Papa sermonnerait. Junior se mettrait en rogne et dirait des gros mots. Papa ôterait sa ceinture et lui courrait après. Toujours la même chose.

— On est en octobre, bien trop froid pour la plage, dit Papa, si fort que le bébé eut peur, dans son berceau, et se mit à hurler.
— Ecoute cette mioche, dit Junior. On dirait une souris en chaleur.

Maman, tout en courant calmer le bébé, balança une gifle à Junior.
— Fait attention à ce que tu dis dans cette maison, jeune homme !
— Pardon, m’man.

Junior se tourna de nouveau vers Papa, qui s’était replongé dans son journal et cherchait des raisons de rouspéter contre Kennedy, le plus lamentable démocrate qui ait jamais réussi à se faire élire président.
— J’ai eu mon permis hier, insista Junior. C’est samedi ? J’ai promis à mes copains.
— Tu as été reçu à ton permis hier un vendredi 13, dit papa sans lever les yeux de son journal. Ce qui est bien la preuve que la superstition a raison parce que le jour où tu as eu ton permis est le jour le plus sinistre pour les conducteurs américains, sans parler des malheureux piétons américains sans défense.

Buddy entendait tout cela assis par terre devant la télévision qui diffusait les dessins animés du samedi matin, avec le son tout bas pour ne gêner personne. Jusqu’à présent, papa plaisantait et Junior ne jurait pas encore, mais ça n’allait pas tarder.
A moins que Buddy ne dise quelque chose.

Comme toujours, ce qu’il fallait faire était si vague dans son esprit qu’il ne savait même pas ce qu’il dirait, mais il savait que ça marcherait, comme chaque fois, qu’il n’y aurait pas de cris, que papa ne prendrait pas sa ceinture et ne dirait pas des choses terribles qui feraient encore mal bien après que les marques de coups se seraient effacées. Alors, très vite, il prononça les premiers mots qui lui passaient par la tête :
— Papa, est-ce que je ne peux pas aller à la plage avec Junior ? Tu ne m’y as jamais emmené, la fois où tu avais promis, en août.

Seulement maintenant, une fois tous les mots sortis de sa bouche, Buddy comprit où il voulait en venir. Sa mère, qui faisait têter le bébé à la cuisine, lança :
— C’est vrai que tu lui avais promis, Homer. 

***
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