Neverwhere, le roman de 1996

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Neverwhere, le roman de 1996

Messagepar Greenheart » Sam 27 Jan 2024 18:21

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Neverwhere (1996)
Traduction du titre anglais : Jamaisnullepart.

Noter qu’il s’agit de la novellisation de la série de Neil Gaiman par lui-même.

Attention : il en existe trois versions de ce roman en plus de l’adaptation théâtrale et de la bande-dessinée : originale d’octobre 1996 chez BBC BOOKS, explicitée pour l’édition américaine de 1997 chez PENGUIN BOOKS, révisée en mélangeant les deux versions précédentes— possiblement la « version longue inédite en France » de 2010 parue AU DIABLE VAUVERT sous deux couvertures différentes (collection jeunesse / collection adulte).

Ce roman appartient à la série London Below et est suivi par How the Marquis Got His Coat Back (2014).

Sorti en Angleterre en septembre 1996 chez BBC BOOKS UK.
Sorti aux USA dans sa version explicité en 1997 chez PENGUIN BOOKS.
Traduction de la version explicitée américaine de 1997 en grand format français par Patrick Marcel en octobre 1998 pour J’AI LU MILLENAIRE,
Réédité en poche le 13 avril 2001 chez J’AI LU, en décembre 2001, en janvier 2003, en octobre 2004.
Réédité AU DIABLE VAUVERT en mai 2010.
Réédité chez J’AI LU FANTASTIQUE en janvier 2011, en février 2013 et en mars 2020.

Pour adultes et adolescents.

Parce qu'il veut bien faire, le jeune Richard Mayhew vole au secours d'une jeune fille apparemment sans abri, se prénommant "Porte". Sa vie toute tracée et très ordinaire bascule entièrement dans l'envers du décor, Porte étant poursuivie par des assassins des royaumes surnaturels que cachent le métro londonien. Or il n'y a que le premier pas qui compte et il va se retrouver très vite coupé de son monde tandis que le monde de la jeune fugitive n'est que morts violentes et folie pas toujours douce.

*

Spoiler : :
A l’origine une mini-série de 6 épisodes d’une demi-heure diffusée à partir du 12 septembre 1996, crée par Neil Gaiman
Lenny Henry. C’est la première incursion sur les écrans à ma connaissance de Neil Gaiman mais Neverwhere s’inscrit complètement dans la tradition des séries télévisées britanniques fantastiques : fauchée, même pas les sous pour être tourné sur pellicule — garantie d’une durée et qualité de préservation limitée et une dégradation de l’image à chaque réédition sur support vidéo — l’édition blu-ray quand bien même correctement mise à l’échelle apparait striée parce qu’apparemment quelqu’un a oublié de désentrelacer la source.

Les trucages vidéo d’époque donc limités, direction artistique et acteurs anglais de bonne tenue sans non plus être particulièrement brillants, soit qu’ils vissaient leur boulon comme tant d’autres en s’économisant émotionnellement, soit qu’ils avaient la consigne de ne pas jouer tant que cela, soit que la capture vidéo de l’époque ne permettait pas de distinguer à l’écran les micro-émotions et autres détails essentiels pour qu’une performance d’acteur vous éblouisse, du genre être les larmes qui commencent à briller aux coins des yeux de Katherine Hepburn dans The African Queen, que je n’ai remarquées que dans l’édition blu-ray coûteusement restaurée américaine pour image par image réparer la déformation de chaque couche de couleur des négatifs originaux.

Cependant, question imagination, l’arrivée de Neil Gaiman garantit de bonnes idées et de l’émotion jusqu’à un certain point. Mais déjà à l’époque et comme en bande dessinée, il semble que Neil Gaiman s’arrête de développer ses idées, de paufiner son scénario — de s’accomplir — dès lors que le récit à l’arrivée se traduit en image : s’agit-il d’une question de tunnel de production, délais de bouclage, habitude d’arrêter la création inachevée pour passer le relais à des « faiseurs » — qui peuvent aussi être géniaux, mais seront à leur tour entravés par le matériel inachevé ?

La différence de niveau d’écriture est de fait flagrante entre d’une part un récit en images qui aurait été adapté à nouveau par un scénariste talentueux de cinéma comme pour le film animé Coraline ou How to Talk to Girls at Parties, voire même Mirror Mask pourtant réalisé sous une pression budgetaire terrible à partir d’un scénario spécialement écrit par Gaiman mais réalisé et co-scénarisé par Dave McKean — et des produits où Neil Gaiman a un total contrôle ou bien le contrôle échoit à des gens clairement moins talentueux en écriture que dans les premiers films cités — qui sont désormais nombreux, tels les séries Good Omens, Sandman, American Gods, Likely Stories ou les films Beowulf et Stardust.

Maintenant lorsque l’on abandonne les récits en images et que l’on revient à la source des mots de Neil Gaiman, il en va tout à fait autrement — qu’il s’agisse de fiction ou d’essais, tels les entrées de son blog : son talent est réel, pertinent, ses mots tissent des personnages dignes de ce nom, des mondes et des visions à laquelle s’abreuveront sans hésiter les imaginations assoiffées. Neverwhere le roman est le récit non dénaturé qui avait été limité par la nécessité d’en faire un script pour une production fauchée de la BBC. Cependant en saisissant et traduisant la première page de la première édition de 1996 et celui de de l’édition française de 1998 chez J’ai Lu Millénaire, j’ai noté des ajouts parfaitement inutiles qui n’ont pas pu être faits par le traducteur.

J’en déduirai, possiblement à tort, qu’il n’y a pas tellement à gagner et possiblement quelque chose à perdre — à faire trop réfléchir Neil Gaiman et surtout trop révisé et adapter ses propres textes. Maintenant je suis absolument certain que n’importe quel auteur, et en particulier Neil Gaiman peut dépasser, ponctuellement ou durablement ce genre de biais cognitif, l’un des plus délicats à s’affranchir pour un auteur, à savoir quand estimer à juste titre que le mieux est l’ennemi du bien, et quand le bien n’est pas encore atteint tandis que la date limite de remise du manuscrit arrive et qu’il faut payer ses impôts.


*

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Le texte original anglais de Neil Gaiman publié en septembre 1996 chez BBC BOOKS.

Prologue

The night before he went to London, Richard Mayhew was not enjoying himself.

He had begun the evening by enjoying himself: he had enjoyed reading the goodbye cards, and receiving the hugs from several not entirely unattractive young ladies of his acquaintance; he had enjoyed the warnings about the evils and dangers of London, and the gift of the white umbrella with the map of London Underground on it that the lads had clubbed together to get him; he had enjoyed the first few pints of ale; but then, with each successive pint of ale, he found he was enjoying himself significantly less; until now he was sitting and shivering on the pavement outside the pub, weighing the conflicting merits of being sick and not being sick, and not enjoying himself at all.

Inside the pub, Richard’s friends continued to celebrate his forthcoming departure, with an enthusiasm that, to Richard’s way of thinking, wad beginning to border on the sinister.
He held on tightly to the rolled-up umbrella, and wondered wether going to London was really a good idea.

‘You wonter keep a eye out,’ said a cracked old voice. ‘They’ll be moving you before you can say Jack Robinson. Or runnin’ you in, I wouldn’t be surprised.’ Two sharp eyes stared out from a beaky, grimy face. ‘You orl right?’
‘Yes, thank you,’ said Richard.

The grimy face softened.
‘Here, poor thing,’ she said, and pushed a fifty-pence piece into Richard’s hand.’Ow long you bin on ther streets, then?’

*

La traduction au plus proche.

Prologue

La nuit d’avant qu’il s’en aille à Londres, Richard Mayhew ne s'amusait pas.

Il avait commencé la soirée en s'amusant : il avait apprécié de lire les cartes de départ et de recevoir les embrassades de plusieurs jeunes femmes de sa connaissance, pas complètement dépourvues d’attraits ; il avait apprécié les mises en garde contre les pièges et les dangers de Londres, et le cadeau du parapluie blanc avec le plan du métro de Londres que les garçons s'étaient cotisés pour lui offrir ; il avait apprécié les premières pintes de bière, mais ensuite, après chaque pinte de bière supplémentaire, il avait réalisé qu'il s'amusait significativement moins, jusqu’à ce qu’il se retrouve à présent assis et frissonnant sur le trottoir à l'extérieur du pub, à peser les mérites conflictuels d'être malade et de ne pas être malade, et de ne pas s'amuser du tout.

À l'intérieur du pub, les amis de Richard continuaient à fêter son prochain départ, avec un enthousiasme qui, vu la façon dont Richard pensait alors, commençait à devenir sinistre.
Il s'accrochait fermement au parapluie plié, et se demandait si partir pour Londres était vraiment une bonne idée.

"Vous f’riez ben d’pas trop fermer l’œil," dit une vieille voix cassée. Ils vous déménageront avant d’avoir pu dire ouf. Ou ça ne m’étonnerait pas qu’ils vous écrasent. » Deux yeux perçants d’un visage crochu grincheux le fixait. "Vous z’allez bien ?
"Oui, merci", répondit Richard.

Le visage lugubre s’était adouci.
« Là, mon pauvre, dit-elle, en glissant une pièce de cinquante pence dans la main de Richard. Combien de temps ça fait qu’vous z’êtes à la rue maint’nant ? »

*

ImageImageImageImageImageImage

La traduction de Patrick Marcel de 1998 pour J’AI LU MILLENAIRE.

PROLOGUE

Pendant la soirée qui précéda son départ pour Londres, Richard Mayhew ne s’amusa guère.

Il avait débuté la soirée en s’amusant : il s’était musé à lire les cartes d’adieu, à accepter les embrassades de plusieurs jeunes personnes de sa connaissance, pas franchement déplaisantes ; il s’était amusé de toutes les mises en gardes contre les périls et les dangers de Londres, et du grand parapluie blanc imprimé d’une carte du métro londonien que ses amis lui avaient offert en se cotisant. Il s’amusait encore quand vint l’heure des premières pintes de bières. Et puis, à chaque nouvelle pinte, il constata qu’il s’amusait de moins en moins. Jusqu’à cet instant où, assis sur le trottoir, il grelottait devant le pub d’une petite bourgade d’Ecosse, en se demandant s’il valait mieux être malade ou pas. Et il ne s’amusait plus du tout.

A l’intérieur du pub, les amis de Richard continuaient de célébrer son départ imminent avec un enthousiasme que Richard commençait à trouver inquiétant. Assis au bord du trottoir, serrant le poing sur son parapluie roulé, il se demanda si partir au sud pour Londres était vraiment une bonne idée.
— Faites gaffe, annonça une vieille voix cassée. Y vont vous faire circuler avant que z’ayez eu le temps de dire ouf. Ou vous fourreze au bloc, ça m’étonnerait pas non plus. (Deux yeux perçants le fixaient au milieu d’un visage crasseux en forme de bec.) Ça va bien ?
— Oui, merci.

Richard était un jeune homme au visage ouvert, aux cheveux légèrement bouclés et aux grands yeux noisette ; il avait l’air fripé de quelqu’un qui se lève tout juste, ce qui lui conférait auprès du sexe opposé plus d’attrait qu’il ne le comprendrait ni le croirait jamais.

Le visage crasseux s’adoucit.
— Tiens, mon pauvret, dit-elle en fourrant une pièce de cinquante pence au creux de la main de Richard. Alors, ça fait combien de temps que t’es à la rue ?
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