Vampyr, le DVD français de 2008 édition simple.Sorti en France le 10 avril 2008 chez Mk2.
Sur le film : Concernant la version allemande reconstituée - Sans scénario digne de ce nom (d'où les dialogues réduits au minimum), Dreyer enchaîne les images censées épouvanter le public, espérant que l'imagination du spectateur fera le travail de construction des personnages et de l'intrigue qu'il s'est économisé... "Ah, regardez il y a un homme avec une faux qui ressemble à la Mort ! Tremblez pauvres mortels !" Dreyer ne pouvait pas refaire Nosferatu sans se choper le procès, il nous sert donc ce film "expérimental" (entendez livré en vrac, si vous critiquez, c'est que vous ne connaissez rien à l'Art) avec lequel, comble de l'hypocrisie, il vend un film fantastique en prétendant que ce n'est qu'un rêve du héros, juste pour le cas où on l'accuserait de satanisme, je suppose. Dans les faits, le résultat est profondément soporifique et facile à casser en comparaison avec le Cabinet du Doctor Caligari, Freaks et bien d'autres films d'horreur fantastique des années 1920 / 1930 de qualité très supérieure, ne serait-ce que parce qu'ils ont des dialogues, une vision et un univers.
Sur l'image : 4:3 zoomé en 16:9 par mon lecteur blu-rat Philips ; médiocre. Mon lecteur blu-ray Philips lit le film comme si c'était du 16/9ème, l'image étant coupée en haut et en bas - le lecteur DVD de mon ordinateur restitue le bon format. La jaquette indique que c'est du 4:3, ce que confirme Youtube. Les négatifs originaux ayant été perdu, le désastre était assuré - grain, contraste à la ramasse. En plus, le réalisateur a voulu forcer l'aspect onirique en filmant une partie des scènes à travers de la gaze, autrement dit dégrader l'image pour suggérer une vision déréglée, ce qui mène évidemment à un second désastre assuré. J'ai une idée encore meilleure pour les réalisateurs à la Dreyer : filmez la totalité du film avec un flou maximum, sans aucun son et avec comme seule musique une craie crissant sur un tableau noir - votre objectif artistique n'en apparaîtra que plus clair et les spectateurs n'en seront que plus satisfaits.
Sur le son : médiocre. Image trouble, musique et dialogues sans intérêt de toute manière. Vous pouvez regarder le film en coupant le son et en mettant une symphonie romantique réussie sur votre lecteur de CD, le résultat sera meilleur.
Bonus : Un court métrage aussi vain que le film lui-même (un couple qui ne veut pas rater le départ d'un bateau a un accident de voiture... et alors ? et alors rien : leurs cercueils eux prendront le bateau, on dirait une campagne débile de plus de la prévention routière où l'agence touche son gros chèque et les accidents de la route continuent de progresser malgré les radars, ce qui oblige le gouvernement à truquer les statistiques une fois de plus pour justifier la hausse des taxes). Les scènes censurées - il n'y avait pas de quoi, seul avantage, on entend enfin la version française - aussi nulle que l'allemande, mais au moins, quand on ne comprend pas l'allemand, l'imagination peut tenter de rattraper le coup.
En conclusion : L'expressionnisme ou le surréalisme ne rattrape pas un scénario indigent. Dreyer est comme ces réalisateurs américains d'aujourd'hui misant tout sur les effets spéciaux et s'appropriant le talent des infographistes qui font tout le travail créatif à leur place ; il serait facile aujourd'hui de tourner une nouvelle adaptation bien plus compétente et bien plus inquiétante. Je ne compte bien sûr pas sur la production française d'aujourd'hui pour y parvenir. Maintenant je n'ai pas vu le film à sa sortie dans le montage français non censuré et remonté par Dreyer après l'échec de la sortie du film en Allemagne, et je n'ai pas vu cette version dans l'état apparemment idéal pour trouver ce film impressionnant : complètement bourré (je déconseille, regardez plutôt un bon film).