Une saison de quatre épisodes de ou 13 épisodes de
Diffusé le 6 mars 1965 sur ORTF 1 FR. La série est rediffusé en 1978 sur Antenne 2 en 13 épisodes d'une demi heure. Sorti en coffret 2 DVD français le 18 avril 2001 chez TF1 VIDEO (format 4 époques). Sorti en DVD allemand le 20 septembre 2013 chez PIDAX DE (format 13 épisodes, "nouveau" master, version française manquante pour au moins un épisode, éditeur allemand déplorable à ma connaissance).
De Claude Barma (également scénariste), d'après le roman-feuilleton de Arthur Bernède paru dans Le Petit Parisien à partir du 28 janvier 1927 et le serial sorti à partir du 10 février 1927, avec Juliette Gréco, René Dary, François Chaumette, Yves Rénier, Christine Delaroche, Sylvie.
Pour adultes et adolescents.
(Mystère fantastique) Paris (1965). Cent trente mille bretonnes ; trois mille américaines ; trois mille cinq cents allemandes ; un million cinq cent mille parisiennes. La rue de la Paix ; l’Opéra ; les Champs-Elysées ; le marché aux Puces… Oui, les Puces, c’est ça : apparemment rien de très remarquable— vieux meubles, bibelots démodés, bric-à-brac. Mais on y fait, parait-il, des affaires extraordinaires. Vrai ? Faux ? L’important est que la légende existe : le monde moderne a autant besoin de rêves que de certitudes. Des objets ; des gens — bizarres, curieux, insolites. Des gens dont on ne sait pas toujours ce qu’il faut en penser.
Dans une brasserie, un jeune homme blond en costume cravate attablé vient d’achever son déjeuner et, à son camarade attablé de même à la petite table, encore à mâcher, en face de lui, dit : « L’avion supersonique, la fusée dans la Lune ne l’épatait pas ; tu sais ce qui l’épatait ? Les coïncidences. » Un vieil homme à la grosse moustache blanche, béret, veste et gilet à carreaux, accoudé au comptoir à côté d’eux, déclare alors bruyamment : « Madame votre mère avait raison. » Les yeux ronds, le jeune homme blond regarde le vieil homme, qui continue de sourire – puis le jeune se détourne et finit son verre de vin.
Nous retrouvons le jeune homme blond et son camarade brun en gilet à faire les Puces. Le blond, mâchonnant une cigarette, se saisit d’une espèce de tasse au milieu d’un fouillis de babioles exposées sur un bureau : « Pas mal, ça, dit le blond au brun, qu’est-c’qu’t’en penses ? » C’est alors que le même vieil homme à la moustache blanche, sortait justement de cette boutique et, un peu surpris en apercevant le blond, se plante en face du celui-ci pour lancer haut et fort : « On croit que ce sont des coïncidences ! » Le blond le reconnait et s’exclame : « Ben, on vous demande rien ! »
Le petit vieux vient alors se planter sous le nez du jeune en blond et déclare à nouveau : « Ça n’en n’est pas ! » Puis il repart, un peu précipitamment, franchissant une porte cochère voisine. Comme le petit vieux se retourne avant d’entrer dans une maison, il se retourne : le jeune blond, d’un air de défi, l’a suivi dans le passage, et soutient le regard du petit vieux, qui rit, et entre dans la maison. Le blond le suit et gravit les marches de l’escalier mal éclairé pour arriver au palier : le petit vieux l’attendait en ricanant à la porte de son appartement.
« Que voulez-vous dire ? » demande le blond. Le petit vieux rit encore et répond : « Tout se tient. » Le petit vieux entre dans son appartement, le blond le suit et entre dans le salon, de plus en plus intrigué : « Comment ?— Vous vous promenez en mer, explique le petit vieux, touillant dans une casserole posée sur un réchaud à gaz : Vous voyez une île ; c’est une île ? Eh bien non, je regrette, ça n’est pas une île : enlevez l’eau, et vous verrez que votre île est reliée à la terre ferme. »
Le blond met ses mains à ses hanches, relevant les pans de sa veste : « Et pour vous, les coïncidences sont des îles. — Ah exactement, mais enlevez l’eau, vous verrez. » Le blond objecte : « Ce n’est pas un point de vue très scientifique ?— Oh, mais qu’est-ce que c’est, la Science ? Des faits ? Mais moi aussi j’en ai aussi des faits. »
Le petit vieux quitte sa casserole et va à la grande armoire aux vantaux tapissés de tissus fleuri à la hauteur de laquelle le blond s’était arrêté : « Tenez, j’en ai vingt-cinq-mille dans cette armoire… » Il ouvre les portes de l’armoire. Les étagères sont remplies de conserves métalliques et de vieux journaux empilées. « Comment ça ? s’étonne le jeune homme blond. « Attendez, fait le vieillard. »
Et celui-ci prend l’une des conserves empilées, va à la table sous la fenêtre dont les carreaux sont occultés par du papier journal collé dessus faisant office de rideaux. Aux murs, la peinture tombe en morceaux, et sous la fenêtre, c’est entièrement moisi. En souriant, le vieillard pose la conserve et prend un ouvre-boîte, visse et ouvre la conserve pour faire tomber une liasse de papier roulée à l’intérieur. « Là ! » marmonne le petit vieux, l’air très satisfait alors qu’il feuillette la liasse.
Puis s’étant arrêté sur une coupure de presse fait « Ah : pluie de sang à Messine... » et de tendre la coupure de presse au jeune homme blond qui lit, amusé. Mais celui-ci lit à peine les premiers mots que déjà le petit vieux lui tend une autre coupure de presse titrée : « Roues lumineuse dans le ciel d’Ecosse… » et déjà il entend une autre, très satisfait : « Soucoupes volantes ! »
Devant l’air moqueur du blond, le petit vieux insiste : « Ben, des faits ! » Mais le jeune homme corrige : « Ah non : des coupures de journaux — Des faits ! Mais mais regardez mieux : Annual Record of Science, Revue d’Entomologie… Ben ah, ce sont des publications sérieuses, il me semble ? J’en ouvre une autre ? » Le blond répond précipitamment : « Non merci ! » Mais doit s’écarter pour laisser le petit vieux revenir à sa grande armoire. « Mais si, mais si : ce n’est pas souvent que j’ai l’occasion de déguster une boîte fantastique avec un connaisseur ! »
Le blond le rejoint : « Je comprends que vous rangiez vos documents, mais pourquoi soudez-vous les boîtes ?— Vous voulez savoir ?— Ben oui. — C’est sans doute idiot, mais, c’est çà cause de la guerre… » Le blond répète, incrédule : « La guerre ?— Mais la guerre atomique ! J’ai l’intention d’enterrer tout mon stock. » Le blond complimente, ironique : « Vous pensez à tout… » Et le petit vieux de répondre : « Il faut vivre avec son temps ; voyez-vous, j’ai mis trente-et-un ans à réunir ce collections, ben ça m’embêterait qu’elles soient perdues.»
Comme le petit vieux va pour ouvrir la nouvelle boîte, le blond propose : « Permettez ?— Je vous en pris. » et le petit vieux s’écarte pour laisser le blond batailler avec l’ouvre-boîte, puis « C’est parfait ! » Le blond s’écarte : « Voilà. » Le petit vieux s’empare de la boîte : « Merci ! » Soulève le couvercle de métal découpé, porte la conserve à son nez et inspire fortement puis annonce : « Asie, 1881 : pluie de grenouilles à Bornéo ; marques de ventouses sur l’Everest…— Conclusion ? demande le blond. — Mais pourquoi la Science refuse-t-elle de se pencher sur ces faits ? s’agite le petit vieux ; parce qu’ils sont troublants ? » Le blond secoue la tête et répond : « Peut-être parce qu’ils sont invraisemblables ?— Voilà ! Vous avez dit le mot : ils sont in-vrai-sem-bla-bles ; mais qu’est-ce que ça peut faire dans le fondqu’ils soient invraisemblables, s’ils sont vrais ? »
Le blond sourit : « Bornéo, Palmyre, tout ça c’est bien loin… » Le petit vieux relève immédiatement le défi : « Vous préférez la France ? Tenez… » Il va au lit, recouvert de papier journal, sur lequel est posé une boîte de plus, encore ouverte : « J’allais justement en sertir la boîte… », il sort une coupure de presse et la montre au jeune homme : « 3 août 1925… » Le blond lit lui-même le titre : « Versailles : un fantôme de forme inconnue apparaît dans la Gallerie des Glaces… »
Paris, 1965. La Seine, le pont — un premier coup de feu, un second coup de feu — et les alarmes du Musée du Louvres qui se mettent à sonner.