Je me suis quand même forcé à voir l'épisode S6E1 jusqu'au bout : il ne tient pas debout.
Pourquoi est-ce que nous, spectateurs, regardons le niveau 1 virtuel de la série générée par l'ordinateur "quantique" plutôt que le niveau 0, réel ?
Pourquoi est-ce que détruire l'ordinateur quantique du niveau 1 influerait sur la simulation générée par un ordinateur au niveau 0 ?
Pourquoi l'héroïne du niveau 1 se demanderait-elle si oui ou non une autre personne aurait détruit l'ordinateur au niveau 0 ?
Si l'ordinateur du niveau 0 a été détruit, pourquoi avons-nous pu voir le niveau 1 de la simulation depuis le début de l'épisode jusqu'à la fin ?
Si l'ordinateur du niveau 0 construit sa simulation d'après la vraie vie, comment est-il au courant de la vraie vie de Joan-Source dans ses moindres détails ?
Quel est le délai entre l'événement source et sa diffusion sur le netflix de la réalité, puis du niveau 1 de la simulation et ainsi de suite ?
Quel intérêt de faire calculer des simulations infinies de la réalité et même si l'ordinateur du niveau zéro est quantique, comment peut-il ne pas planter ?
Faire raconter par le personnage de la directrice qu'un ordinateur quantique c'est magique ne suffit pas à combler les trous béants du scénario...
Si Salma Hayek aurait pu être piégée par son contrat, Joan ne l'est pas : elle n'a pas de contrat, le netflix de son niveau n'a aucun droit à reproduire sa vie privée en utilisant son nom et de déroulé volé de sa journée : le juge et la police auraient dû débarquer dès le lendemain au siège. L'argument pour motiver les juges et les politiques qui tiennent le petit personnel serait évidemment que si cela pouvait arriver à Joan, cela leur arriverait forcément à eux, et qu'ils auraient sans doute beaucoup plus à perdre à laisser faire ce genre de machine.
La présentation de la directrice du Netflix est énorme : elle déclare à une journaliste qu'elle va violer le droit à la vie privée, à l'image et atteindre à l'honneur et détruire la carrière professionnel de tous les spectateurs de Netflix et tous les citoyens du pays, inclus la journaliste elle-même, possiblement inclus son propre personnel et son propre service de sécurité ou proches de ? Et elle croit qu'elle ne va pas se faire lyncher ?
Pourquoi Joan-Source existerait-elle ? Pourquoi une telle série auto-générée aurait-elle besoin de violer de vraies vies plutôt que de faire comme dans la réalité, enquiller des clichés et les faire jouer par des célébrités interchangeables ou des cascadeurs / acteurs inconnus deep-fakés ?
La vie volée de Joan n'a aucun intérêt au départ, l'idée de "génie" du Netflix de l'épisode serait d'insulter ou de lyncher quelqu'un de réel pour faire des clicks et fasciner ses spectateurs - qui eux-mêmes se feraient insulter ou lyncher ? Mais le problème de base est que de toute manière les scènes en question n'ont aucun intérêt y compris pour le spectateur bien réel que nous sommes.
Là encore un commentaire méta-méta-méta de Brooker : parce qu'il y a l'étiquette "Black Mirror" dessus, le spectateur est censé se satisfaire d'avoir espéré une chute en suivant des personnages, des dialogues et des intrigues sans intérêt ? Mais là-encore, s'il espère que le spectateur Netflix va faire le rapport avec le contenu Netflix et éteindre définitivement tous ses écrans pour lire un bon bouquin ou en écrire un, il se fiche le doigt dans l’œil ou ailleurs.
Ou alors il s'en fiche tout court : Charlie Brooker espère peut-être qu'en écrivant désormais ce genre d'épisode, il ne risque pas de voir encore de ses nouvelles idées de dictature totalitaire être transposée dans la réalité par la Chine, le Canada, les USA, l'Europe et le Common Wealth. Mais c'est un peu tard pour prévenir quand l'urgence est désormais de guérir dans la réalité.
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