par Greenheart » Sam 1 Juin 2019 20:47
Limité au drame, rappelant l'ambiance MASH en moins drôle et plus gore, le film ose un réalisme extrêmement rare au cinéma et à la télévision française. Curieusement, Delon sonne extrêmement juste sauf dans la scène finale, mais peut-être que dans ces moments-là on n'est simplement plus capable d'exprimer quoi que ce soit de juste, et à l'opposé, Véronique Jannot semble insignifiante et mignonne (ce qui est exactement le ton de son personnage) jusqu'à ce que les moments d'horreur surviennent et là, elle devient ne peut plus convaincante - au-delà du supportable pour une personne un peu sensible et probablement tout à fait fidèle à la réalité.
Si toutes les guerres racontées de façon réalistes sont atroces à voir, le Toubib en son temps racontait le futur, une troisième guerre mondiale qui commençait en Europe. Seulement ce genre de conflit est devenu réalité avec le Kosovo et la Serbie, mais également, de manière beaucoup moins médiatisée, avec toutes les invasions des pays de l'OPEP par les USA, l'Angleterre, l'Arabie Saoudite, Israël, la France et autre soutien de la "coalition", qui actuellement bombardent encore la Syrie et affame et bombardent le Yémen.
Alain Delon signait dans Le toubib - au nom de l'armée française soit-dit en passant - un vibrant plaidoyer contre la guerre moderne et les baratins qui la justifient. Si vous avez récemment trouvé Alain Delon cynique et en colère rentrée ces derniers temps, juste, imaginez cinq secondes ce qu'il doit ressentir aujourd'hui que la France est clairement dans le camp des criminels de guerre et criminels contre l'Humanité, et que la fausse information et le déni de réalité et autres mensonges frontaux s'abattent en permanence sur les citoyens via tous les médias grands publics et surtout la parole officielle de l'état et ses fonctionnaires, sa justice.
Alors oui, le Toubib parait aujourd'hui un peu court et fleur bleu, et du déjà vu dans la réalité si vous avez entre aperçu sur Internet les vrais images des conflits de ces vingt dernières années. La métaphore est limpide : le Toubib essaie en vain de soigner et réparer la casse, tandis que les profiteurs de guerre continuent le massacre, et "l'harmonie", l'innocence en prend plein la gu...le figurativement et littéralement parlant. Et le voir, simplement, comme ça, plein écran, c'est honnête, direct, pas de chichi (sinon tout le monde se mettrait à chanter "Frère Jacques"), et ne reste que la souffrance mais aussi la vertu de n'avoir pas détourné les yeux et de savoir d'instinct ce qu'est le Mal, sans que personne n'ait à en rajouter ou nous dire que "c'est un élément de langage" ou "c'est juste un film que l'on se fait". Le Toubib est bien un film, mais il n'aura fait que fidèlement représenter la réalité, et de ce fait, encore aujourd'hui, c'est un rappel à la réalité dès plus urgents. Il n'est simplement pas humain de détourner les yeux et de laisser faire, ou pire de rejoindre le camp des monstres.
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...d'un G qui veut dire Greenheart !