Plus rien à manger en trois jours
Mais pour Alexandre Boisson, cofondateur de SOS Maires, ce n’est pas suffisant. « S’il y a un problème sur Rungis, par exemple une cyberattaque ou un prix du pétrole trop cher qui neutralise les business models des transporteurs routiers, la résilience alimentaire à Paris est de trois jours ». Au bout de trois jours, les gens n’auront plus à manger. « Il y a une volonté de Paris de répondre à cette problématique, mais ça ne va pas assez vite », insiste-t-il.
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« Je suis allé vérifier le document d’information communal sur les risques majeurs (Dicrim) de ma ville, à Vitry sur Seine, raconte Alexandre Boisson. J’ai eu la chance d’avoir aussi accès au plan communal de sauvegarde. On attend la crue centennale qui devrait inonder une grande partie de la ville. Il y a bien une réflexion sur le relogement des sinistrés dans des gymnases, mais comment leur donne-t-on à manger ? Les équipes municipales pensent qu’elles peuvent réquisitionner des supermarchés, des supérettes, des réfectoires ». Or, les crises annoncées par les théories de l’effondrement décrivent une rupture des circuits alimentaires. Comment fait-on si les transports sont paralysés ?
Des réserves d’hydrocarbure… de trois mois
En 2008, la hausse du pétrole avait causé des faillites en masse chez les transporteurs routiers d’Ile de France (plus de 500, selon Le Parisien en 2009). Quels sont les risques aujourd’hui ? Dès 2018, Patrick Pouyanné, patron de Total, alertait dans une interview au Monde sur les risques de pénurie de pétrole à partir de 2020. « Si on se projette dans ces documents d’information, avec une crise comme celle qui nous est annoncée sur l’énergie, on voit bien que les supérettes seraient vides, poursuit Alexandre Boisson. Ce qui est prévu aujourd’hui par l’administration française est inopérationnel ».
Le cabinet de la secrétaire d’État à la Transition Écologique Brune Poirson se veut rassurant. Il évoque les réserves stratégiques d’hydrocarbure de plusieurs mois pour affronter une crise pétrolière. « Il s’agit d’une réserve de trois mois », rectifie Alexandre Boisson avec une pointe d’ironie. SOS Maires a identifié à peine une vingtaine de communes résilientes sur les 34.968 que compte la France, c’est-à-dire capables de faire face à une crise alimentaire. Mais si une rupture d’approvisionnement frappait la France aujourd’hui, elles seraient prises d’assaut par toutes les autres communes en difficulté. Il suffit de regarder la série de Canal+ pour se faire une idée du chaos et de la violence causés par les pénuries et la peur, et les désastres des réactions en chaîne.
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