Posté par Greenheart le Dim 15 Jan 2006, 20:28
POUR RETROUVER DINO...
Une fan-fiction de Fantasy tout public d''après les personnages créés par Philippe Ebly dans sa nouvelle "Reviens, Dino, reviens".
par Doug Greenheart
CHAPITRE UN : UN INCONNU
C'était en sortant de l'école que Morgane l'avait vu pour la première fois. Ce n'était pas un adulte ordinaire. Il était tout de noir vêtu, avec un grand chapeau à larges bords, un manteau très long, et des hautes bottes. Ce qui était un peu étrange, car il faisait grand soleil.
« Regarde-le !, lui souffla Nadia, sa meilleure amie. On dirait presque Viggo ! »
Et c'est vrai qu'il ressemblait à cet acteur dont on retrouvait régulièrement des posters au milieu des magazines pour jeunes filles.
Mais ce n'était pas lui. Cet homme-là avait l'air beaucoup plus inquiétant.
Morgane avait l'habitude de rentrer à pieds de l'école jusqu'à la maison de ses parents, au bout de la route, adossée à la forêt. Elle était grande maintenant, et il n'y avait rien à craindre, tant le petit bourg était paisible. Nadia l'accompagna un moment, puis arrivé au premier carrefour, lui dit au revoir et s'en alla. Morgane regarda s'éloigner son amie, puis jeta un coup d'oeil derrière elle, au cas où... Mais il n'y avait personne.
Lorsqu'elle se retourna, il était là !
***
CHAPITRE DEUX : SUR LA ROUTE
« Bonjour, » dit simplement l'inconnu.
Morgane ne répondit rien : elle traversa aussitôt la rue, pour continuer son chemin, en pressant le pas et en farfouillant dans son sac, histoire de retrouver son téléphone mobile rose avec un autocollant de Britney Spear collé au dos.
« Est-ce que c'est vrai ce que l'on raconte ? », lança l'inconnu qui continuait tranquillement de marcher de l'autre côté de la rue. « Que tu as rencontré Dino ? »
A ces mots, la jeune fille s'arrêta net. Son petit coeur s'était mis à battre très fort. Elle fit volte-face et cria :
« Vous connaissez Dino ? »
Une voiture passa entre eux en vrombissant. L'inconnu sourit. Il avait une cicatrice qui lui barrait le menton et les lèvres. Et il n'était pas très bien rasé.
« Oui. Et toi aussi, apparemment. »
« Oh, hésita Morgane. Je le connais à peine. Il a juste passé une nuit chez nous, mais... »
Et là, elle eut un serrement au coeur.
« Je ne l'ai plus jamais revu depuis. Cela fait presque un an. Oui, un an, c'est ça. »
« Et c'était pendant une nuit d'orage ? »
L'inconnu traversa tranquillement la route pour la rejoindre sur le bas-côté.
« Oui, répondit Morgane, étonnée : comment vous savez ça ? »
« Parce qu'il me l'a raconté, bien sûr !, » répondit l'homme avec assurance.
Maintenant qu'elle le voyait de plus près, Morgane se sentit un peu plus rassurée : il avait de très beaux yeux, très clairs, pétillants de malice.
« Tu sais, reprit l'inconnu : pour des gens comme lui, le temps ne compte pas trop. Cette nuit que vous avez passé.. ensemble, pour lui, c'est pour ainsi dire, comme si c'était hier ! »
Une larme roula le long de la joue de la jeune fille :
« Alors il se souvient encore de moi ! », s'exclama-t-elle.
L'inconnu prit Morgane par les épaules. Il sentait une eau de toilette de garçon très agréable, et aussi, le cuir, et l'odeur de la forêt.
« Bien sûr qu'il se souvient de toi, assura-t-il. Mais on bavarde et je ne t'ai toujours pas dit pourquoi je t'ai trouvée : figure-toi que les parents de Dino m'ont chargé de lui porter un message très important. Et tu es la seule personne qu'il connaisse dans la région. Aussi je me suis dit que tu pourrais peut-être m'aider à la retrouver plus rapidement, n'est-ce pas ? »
Morgane essuya des yeux et répondit :
« Oui. Bien sûr. Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider ? »
***
CHAPITRE TROIS : DANS LA FORET
Cela faisait longtemps qu'ils marchaient dans la forêt, et la lumière du soleil déclinait plus que rapidement à présent. Morgane frissonna et resserra le col de son blouson molletonné contre son cou. L'homme en noir semblait exactement savoir où il allait. De temps en temps, il s'arrêtait ; il ouvrait un genre de petite boite avec des décorations en or gravées dessus ; et puis il poursuivait son chemin au milieu des grands arbres noueux, à travers le tapis rouge des fougères arborescentes.
Morgane trébucha sur une racine.
« Monsieur ! », appela-t-elle.
Elle commençait à fatiguer. L'inconnu se retourna. Et elle réalisa qu'il ne lui avait toujours pas dit son nom. Ce n'était guère poli, se disait-elle soudain.
« Veux-tu que je te porte ? », proposa-t-il.
Elle avait mal aux pieds.
« Je veux bien. C'est encore loin ? »
« Non, c'est tout prêt. », répondit l'inconnu, avec son sourire coupé. « Je le sens. »
Il la souleva sans aucun effort et la jucha sur son épaule. Morgane n'était plus tout à fait une petite fille, et même son père n'avait plus fait cela depuis... au moins avant son dernier anniversaire. Elle renifla plusieurs fois, mais il n'y avait rien. Rien de plus que l'odeur du sous-bois, de la terre et de l'humidité.
« Tu fais attention aux branches... », conseilla l'inconnu.
Lui-même écartait tout un tas de feuillages... pour révéler une petite clairière, entourée d'un tas de pierres dressées plus grandes qu'un homme. Il y avait même comme un dallage sur le sol, avec brien sûr des hautes herbes et des racines qui soulevaient les roches plates. On aurait dit une sorte de grande salle à laquelle on aurait enlevé le plafond. Mais le plus étrange, c'était tout ces cercles tracés sur les pierres, et ces étoiles, et encore plein d'autres signes étranges, qui brillaient tous de la même lueur argentée dans la pénombre bleuâtre du crépuscule.
L'homme déposa Morgane au centre, et se recula de quelques pas :
« Appelle-le, maintenant. Ici, il ne pourra pas ne pas t'entendre. »
Morgane se tourna encore une fois vers l'inconnu. Sa silhouette sombre se confondait quasiment avec les buissons autour de lui. Seuls ses deux yeux pâles luisait encore dans l'obscurité. Il ajouta.
« Et n'oublie pas de lui dire qui tu es ! »
Morgane hocha la tête.
CHAPITRE QUATRE :
« Dino ! », appella la jeune fille. « Dino, c'est moi, Morgane ! Tu ne m'as pas oubliée ? Reviens s'il te plaît... »
Un vent léger se leva, tiède, surnaturel. Morgane tressaillit. On aurait dit que le vent tournait autour d'elle, faisant grincer les branches, et crisser le tapis de feuilles mortes. Morgane regarda désespérément de tous les côtés.
« Dino ? », appela-t-elle encore, vraiment pas rassurée.
C'est alors qu'il apparut, juste au bas de l'un des grands rochers étoilés, là où la jeune fille n'avait sans doute pas bien regardé une demi seconde auparavant. Il y eu comme un déclic métallique dans son dos, mais Morgane s'en fichait. Elle se jeta au cou du garçon dont la blondeur illuminée par la lune avait pris une allure cendrée.
« Dino, tu m'as tellement manqué ! »
Alors Morgane ressentit une peur terrible. Sa peur à lui. Elle voulut regarder là où les grands yeux noirs de l'enfant fée s'étaient braqués... Mais déjà un filet s'abattait sur eux, tandis qu'une voix terrible criait :
« Stupéfix ! »
Il y eut un grand éclair, et l'inconnu éclata de rire.
« J'adore toute cette littérature ! », s'exclama-t-il.
Entraîné par le poids de Morgane, Dino tomba par terre. Et même s'il ne touchait pas vraiment le sol, il restait prisonnier du filet, et apparemment aussi paralysé que son amie.
« Et maintenant, fit l'homme en noir en s'approchant de ses deux prisonniers : « Dodo ! »
Il fit un geste de la main - et Morgane perdit conscience.
***
CHAPITRE CINQ : DANS LES CAGES DE GRAINVILLE
Lorsque Morgane ouvrit les yeux, elle était enfermée dans une cage. Une cage petite, mais assez haute pour qu'elle puisse s'y tenir debout, avec des barreaux en cuivre, tout usé, et avec des ornements accrochés dessus.
Tout autour d'elle, ce n'était que rangées de caisses, de cages et d'étals garnis d'un bric à brac incroyable, et des tas de gens habillés bizarrement se promenaient comme si de rien était dans les allées formées par ces espèces de boutiques.
Juste à côté de Morgane, il y avait une autre cage, avec des barreaux peints en noir, et des pointes dirigée vers l'intérieur. Dino se tenait à l'intérieur, à la regarder, debout, triste et immobile, ses pieds flottant à quelques centimètres du sol jonché de papier journal.
« Oh non, sanglota Morgane, Dino ! Est-ce qu'il t'a fait du mal ? »
Le regard du garçon était très doux. Morgane comprit en un instant que ce n'était pas le cas, qu'il allait bien. Mais qu'ils étaient en danger. Et que Dino était surtout très inquiet pour elle.
La jeune fille se sentit alors légère comme une plume : Dino ne l'avait pas oublié. Dino s'inquiétait pour elle. Dino... Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Ils étaient tombés dans un piège, et c'était elle, qui, comme une idiote, avait suivi un inconnu et l'avait guidé jusqu'à Dino, non pas pour lui remettre un message de ses parents, mais pour le capturer ! Elle était morte de honte. Elle s'en voulait. Elle aurait voulu mourir.
Mais... une minute : elle avait encore son sac. Elle avait encore son téléphone portable. Morgane s'empara aussitôt du petit boitier, et fébrilement, appela d'une touche le numéro de ses parents.
« DONG ! »
C'était l'homme en noir qui venait de frapper un grand coup de canne sur les barreaux de la cage de Morgane.
« Alors, on est réveillé ? », appela-t-il. « Te fatigue pas ma belle, il n'y a pas vraiment de réseau ici. »
Et c'était vrai. Alors Morgane fondit en larmes et aggripa les barreaux :
« Pourquoi ? Pourquoi vous faites ça ? Vous allez payer pour ça, vous allez voir ! »
Pour toute réponse, l'homme donna un coup de canne encore plus violent sur la cage, et la jeune fille recula précipitamment, de peur de se voir casser un doigt.
« D'abord tu vas te taire, espèce de petite imbécile à la cervelle de moineau. Ici les demoiselles bien élevées ne parlent que on les en autorise, et elles restent polies... »
La bouche de l'inconnu se tordit : « ...sinon on les corrige ! »
Et il frappa une nouvelle fois contre les barreaux, dans le dos de sa prisonnière. Morgane étouffa un cri, mais cette fois, elle n'osa rien dire.
« Alors c'est que je ne suis pas une demoiselle bien élevée, répondit à sa place une voix de femme, moqueuse : est-ce que tu comptes me corriger, Grainville 'aux yeux de rêves' ? »
FIN DE LA PREMIERE PARTIE
Tous droits réservés David Sicé 2006 pour le texte.
Tous droits réservés Philippe Ebly 2014 pour les personnages de Dino et Morgane.