The Boy And The Heron (2023) Titre original japonais : Kimitachi wa dô ikiru ka (Comment vivons-nous ?), 君たちはどう生きろか.
Sorti au Japon le 14 juillet 2023 (cinéma). Annoncé en France pour le 1er novembre 2023 (cinéma). Annoncé aux USA pour le 22 novembre 2023 (cinéma, limité). Annoncé aux USA pour le 8 décembre 2023 (cinéma)
De Hayao Miyazaki (également scénariste), inspiré d'un roman de 1937 de Yūzō Yamamoto, complété par Genzaburô Yoshino, partiellement censuré en 1945 ; avec les voix japonaises de Soma Santoki, Masaki Suda, Aimyon, Yoshino Kimura, Shōhei Hino, Ko Shibasaki, Takuya Kimura.
Pour tout public ?
(presse, fantasy)Des sirènes dans la nuit, d’abord aigües, puis plus graves. La ville entière est plongée dans l’obscurité. Puis c’est à la cloche des pompiers d’être frappée frénétiquement. Un garçon dans son lit à l’étage d’une maison de bois est réveillé par un piétinement, et les sirènes. Quelqu’un demande « Où est le maître ? » et une femme en costume traditionnel japonais répond « Dans sa chambre. »
Le garçon sort de son lit et va à la fenêtre. Lui aussi porte une tenue traditionnelle, un kimono. Dehors, on entend le crépitement des braises, et des bouts de papier enflammés volent dans la direction de la maison, certains passant la fenêtre.
Son père apparaît et gravit en hâte les marches de bois pour atteindre le dernier étage et regarder par le fenêtre, suivi par le jeune garçon. Le père repart précipitamment en soufflant : « Ta mère est dans l’hôpital en feu ! »
Le jeune garçon va à la fenêtre. Le vent souffle les braises et les bouts de papier embrasés depuis les grandes flammes seules à illuminer la nuit de la ville. L’enfant s’écrit : « Maman… », referme la fenêtre, descend retrouver en bas son père qui est à présent en uniforme. Il lui crie « Attendez-moi ! » mais son père répond « Tu dois rester ici, Mahito. »
Mahito retourne dans la maison, se déchaussant en hâte avant d’entrer comme l’exige la tradition, remonte dans sa chambre, jette son kimono et se rhabille, pour s’échapper de la maison en short, chemise, casquette dans la pénombre agitée faiblement éclairée par l’incendie.
Comme il se précipite vers l’incendie, il se faufile dans une foule chargée de seaux, qui tentent d’éteinde les multiples départs de feu dans les rues. Quelqu’un crie d’abandonner ses affaires et de fuir, mais le garçon ne fait que répéter « Maman ! ». et on lui crie : « Rentre chez toi ! ». Il est arrivé au premier rang des pompiers face à la structure de bois embrasée qui s’effondre.
Plus tard. Un défilé de char (américains ?) dans la rue devant la foule immobile. Mahito et son père y assistent, comme beaucoup d’autres. Trois années après l’entrée en guerre, Maman mourut ; et un an plus tard, mon père et moi avons quitté Tokyo…
Un train à vapeur sillonnant la campagne ; une petite gare d’où sort la foule, le père et le fils qui tendent leurs tickets au contrôleur à la sortie. Une large rue de commerces décrépis. Une jeune femme en kimono jaune portant une ombrelle rose arrive en vélo-taxi et s’arrête devant eux. Elle replie son ombrelle pour descendre et le père murmure à son fils : « C’est elle… »
La jeune femme descend avec précaution et l’aide de son chauffeur, puis regarde Mahito. Elle ressemblait à Maman comme deux gouttes d’eau… Elle déclare à son père : « Je suis désolée d’être en retard. » Et le père de répondre en souriant : « Nous venous à l’instant de descendre du train. »
Puis elle s’adresse au fils : « Tu dois être Mahito, n’est-ce pas ? » et de s’incliner brièvement dans la direction du garçon : « Je suis Natsuko. » Puis : « J’espérais être là plus tôt, mais nous avons eu un pneu crevé en chemin. »
Mahito ne répond rien, retire sa casquette et s’incline bien bas. « Tu as vraiment grandi… » remarque Natsuko. « Je t’ai rencontré une fois, tu sais ; mais cela remonte à loin, tu n’étais qu’un bébé. » Puis à son père : « Allez-vous à l’usine. » Le père répond : « Oui, mais je serai de retour pour le dîner. »
En face d’eux, d’un coup de manivelle, un employé fait démarrer le moteur du bus, qui pétarade. Le père déclare : « Ah ! Le moment est parfait. » Natsuka prend la plus grosse valise des mains du père : « Alors nous y allons ? — Attention, c’est lourd. »
Ils se séparent : Mahito et Natsuko montent dans le vélo-taxi, le père monte dans le bus. Natsuko dit au chauffeur d’aller à la résidence, et tandis que le vélo-taxi se met à rouler, Natsuko dit à Mahito : « Alors, c’est moi qui serais ta nouvelle maman, désormais, cela te va ? » Mahito hoche la tête. « Donne-moi ta main. » Elle tire dessus et, posant la main du garçon sur son propre ventre rond, déclare : « Voilà, juste ici, tu le sens qui bouge ? »
Mahito est interloqué, alors Natsuko explique, ravie : « Un bébé : tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur, n’est-ce pas absolument merveilleux ? » Puis au chauffeur : « Arrêtez-vous s’il vous plait ! » Ils descendent tous les deux pour regarder un petit défilé de notables, de militaires et d’habitants portant haut le drapeau japonais et des banderoles. Mahito ôte sa casquette et avec Natsuko, s’incline bas. On les salue en retour.
Sur la route de campagne cahotante, entre les arbres et les champs verdoyants, au chant des oiseaux, jusqu’à un escalier flanqué d’un gros rocher, menant à une grande colline jalonnée de murs blancs. Natsuko annonce à Mahito : « Nous y sommes : c’est ta nouvelle maison. »
Comme ils descendent, Natsuko demande au chauffeur de bien vouloir porter la valise à l’intérieur de la maison. Le chauffeur accepte. Mahito remarque alors que le premier mur blanc défend un temple, surmonté par une tête de démon grimaçant au sommet du toit. Et sur la tête s’est perché un héron.
Natsuko tire le garçon de ses pensées, et comme ils gravissent les marches, elle explique : « Nous n’utilisons pas d’ordinaire l’entrée principale, mais comme c’est ta première fois, autant le faire. » Puis elle s’arrête sur l’une des marches et pointe du doigt : « Là-bas, tu vois les bâtiments, au loin ? C’est la toute nouvelle usine de ton père. Nus pourrons aller la visiter plus tard. »
Natsuko reprend l’ascension de l’escalier et ils arrivent au porche couvert de l’imposante maison apparemment déserte. Le héron les a suivi et d’un cercle large vient se poser sur une grosse branche d’un arbre à proximité. De fait le héron les suit jusque dans la galerie ouverte passée le hall d’entrée de la maison, et en planant effleure de l’aile l’épaule de Mahito. Natsuko est étonnée : « Je n’ai jamais vu ça : d’habitude ils restent dans le jardin. »
De loin c'est magnifique, de près c'est bien écrit et soigneusement mis en scène et animé.
Mais à mi-distance, le récit semble improvisé, probablement cousu de rêves juxtaposés, entre le cliché et les échos de la réalité imitant le style fantastique pastoral des précédents dessins animés du studio, sans la rigueur ni la pertinence de Mononoke ou Chihiro par exemple. J'ai vite perdu patience, et perdu pieds, la fatigue sans doute et la difficulté de fixer l'attention propre à ces dernières années où jamais nous n'avons autant zappé la réalité comme la fiction.
Mais cela ne m'arrivant pas avec des films récents que j'ai jugé meilleurs, ou les réussites passées que je me rediffuse pour maintenir ma tête hors de la médiocrité massive propagandaire de tout ce qui sort actuellement, je dois pour l'instant supposer que ce n'est pas le meilleur des films de Miyazaki, à cause de son écriture un peu trop flottante. Mais peut-être qu'en le revoyant à tête reposée, j'aurai un jugement différent.
Cependant, les détails autobiographiques, qui ont probablement aidé Miyazaki à sortir de sa retraite aka panne d'inspiration, et le niveau artistique authentiquement investi maintient le dessin animé très au-dessus de la masse de production animée ou pas récente.