Comment reconnaître un faux film ?

Infos et retours sur les films sortis ou à venir au cinéma.

Comment reconnaître un faux film ?

Messagepar Greenheart » Lun 17 Mai 2021 09:49

Aujourd'hui n'importe qui peut avec un téléphone ou un équipement plus conséquent tourner un "film". Outre les associations de fans et les étudiants en cinéma, ou les studios spécialisés dans la série Z à B, les "majors" se sont eux aussi mis à remplir avec du vide déguisé en cinéma. L'idée de ces derniers est de maximiser le profit en réduisant au maximum les goûts et d'abuser le spectateurs et les auteurs en monopolisant des franchises de qualité pour produire de daube, voire de la m.rde. Enfin, récemment se sont ajoutés les films "covids" qui sous prétexte de protéger les équipes de tournage, cumulent volontairement et sans aucune intelligence les tares du faux cinéma.

Un premier indice que vous êtes en train de regarder du faux cinéma est qu'une majorité de plans sont "serrés sur les personnages", c'est-à-dire qu'il y a tellement peu de décor, et les personnages sont si peu nombreux que le caméra doit constamment être sur l'acteur ou l'actrice qui débitera son texte.

Second indice : les éclairages varient entre le "naturel" (pas les moyens d'éclairer), le "basique" genre votre JT ou talk show, et le fluo (des couleurs violentes), sans oublier l'inénarrable pénombre qui permet de cacher le fait qu'il n'y a en fait rien à voir dans le décor, qui peut confiner carrément à l'écran noir.

Troisième indice : la colorimétrie. Profitant du fait que les logiciels basiques permettent de changer d'un clic les couleurs capturées en vidéo, la palette est torturée au montage pour tenter de faire croire que le film a été tourné avec pellicule et goût artistique, quand en réalité le monteur se contente de teindre en bleue les mines constipées des "acteurs" quand il s'agit d'un drame, et de teindre en orange lorsque c'est censé être comique. Le problème c'est que cette méthode réduit les nuances de couleur de l'image, au lieu de les augmenter. Résultat, l’œil s'ennuie et vous avec.

Quatrième indice : les acteurs ne ressemblent à rien et en général, ils sont mauvais à très mauvais. Le problème ne vient pas forcément de l'acteur, mais du scénario, de la production et de la direction d'acteur. Pour qu'un acteur brille il doit avoir un personnage digne de ce nom à jouer, et les dialogues qui vont avec. Ensuite il doit être apprêté et présenté dans un cadre qui mette en valeur le personnage (pas forcément l'acteur, même si c'était ou c'est encore la méthode Hollywood Studio qui vend des stars, leurs fringues et leur maquillage avec, sans oublier l'idéologie et probablement un assortiment de drogue plus ou moins récréatives).

Enfin, le tournage d'un film est rarement en temps réel comme au théâtre ou par exemple dans les épisodes de la récente série l'Effondrement des Parasites, donc l'acteur doit être mis en condition (ou doit arriver à se mettre en condition) c'est-à-dire se composer, décomposer ou recomposer au moment où la caméra tourne. Les films étant tournés et montés toujours plus vite, il est désormais rare qu'un réalisateur multiplie les prises et cela s'explique ou s'expliquait parce qu'en réalité le réalisateur ne sait pas ce qu'il fait, ne sait pas ce qu'il a tourné ou pourquoi, ne sait pas s'il n'y a pas eu un bug qui a gâché la prise qu'il aimait, et vit dans l'angoisse de ne pas retrouver au montagne de quoi illustrer en vidéo son script.

Cinquième indice : la multiplication des sketchs animés plus ou moins pourris. L'idée est de ne pas avoir à filmer ce que vous devez montrer, donc vous aller le montrer avec une animation bidon qui nécessite une équipe de production plus réduite, ou vous allez tourner un court-métrage à côté de votre film et l'ajouter. Et si vous faites cela cinq à douze fois, vous obtenez un film à sketch ou d'autonomie où quelques potes n'ont qu'à faire quelques grimaces sur skype et hop vous tenez votre "grand film" fantastique ou SF.

Sixième indice : la multiplication des plans longs. Dès les "débuts" du cinéma, la longueur des plans était limitée par le métrage, c'est-à-dire la longueur de la pellicule à imprimer dans la caméra, sans compter l'endurance du caméraman qui faisait défiler la pellicule à la manivelle en tenant une cadence métronomique. Une fois le procédé automatisé, restait le problème de la pellicule, mais à l'époque numérique, ce problème se limite à la taille de votre carte à insérer dans la caméra ou celle du disque dure, à supposer qu'un bug ne fracasse pas le fichier de sortie. Bref, quand vous n'avez pas de scénario, ou si vous n'avez rien à montrer, vous enchaînez les plans longs : le paysage, le mur, la tasse de café, la grand-mère en train de dormir (ou morte) etc. Au spectateur de se faire son vrai film.

Septième indice : le montage psychotronique. C'est la tactique inverse, là aussi facilité par la technologie. Avant il fallait couper et coller les bouts de pellicules, la gratter et la colorer à la main etc. et à chaque superposition, le grain était multiplié jusqu'à ce que l'on ne voit plus que ça. Aujourd'hui l'idée est d'enchaîner des effets souvent automatisés de manière à détourner l'attention du spectateur du fait qu'en réalité vous ne racontez rien, vos dialogues ne fonctionnent pas ou n'existent pas et vos acteurs ne jouent pas de vrais personnages.

Huitième indice : l'écran vert. C'est la combinaison de la technique sketch animé avec le montage psychotronique et le plan long. Au lieu de tourner un décor qui existe, soit cherché et trouvé, soit habillé, soit entièrement construit, ce qui coûte extrêmement cher, vous bariolez la "pellicule" de peinture numérique et autres images de synthèses, soit partiellement, soit totalement, le sommet étant atteint quand le film est entièrement animé en image de synthèse, à l'opposé complet d'un Dark Crystal où tout ce que vous voyez à quelques paysages peints sur verre près, existe pour de vrai, quand bien même il ne s'agirait que d'un décor de plâtre et des marionnettes avec des gens dedans.

Neuvième indice : les cascades. Il est déjà très difficile de trouver dans un film des cascades ou des combats dignes de ce nom, et plus encore de trouver les mêmes réalistes. Un exemple de réalisme serait la série Les Mystères de l'Ouest où l'acteur principal n'y va pas de main morte et se retrouve souvent en sang pour de vrai. Les cascades sont comme des numéros de cirque ou des combats de catch et il faut avoir l'expérience, assurer physiquement et avoir une équipe médicale pour intervenir en cas d'accident. Et ce genre de concours de compétence n'est simplement pas le genre de ceux qui font des faux films pour ramasser le fric en investissant le moins problème, sauf le cas des tournages carrément dangereux, du genre de ceux qui ont déjà tué ou mutilé leurs acteurs.

Dixième indice : le scénario est la dernière roue du carrosse, qu'ils soient seul ou dix à le signer (histoire, scénario, écriture, additionnel etc.). L'auteur d'un scénario digne de ce nom construit un univers, des personnages, des intrigues, de l'action dialoguée et de l'action graphique avec ou sans budget, pour n'importe quel genre : ce que vous voyez dans un vrai film doit pouvoir se lire avec autant de plaisir et d'intérêt si vous vous contentez d'écrire ce que vous voyez et entendez à l'écran. Le cinéma du vide se voit immédiatement au nombre de lignes de texte dont vous avez besoin pour décrire les deux premières minutes du film.

Onzième indice : les dialogues et panneaux d'exposition. Dans un film qui n'a pas de vrai scénario ou pas le budget pour le tourner, il va falloir trouver un moyen de raconter l'histoire malgré le fait que vous n'avez ni les acteurs, ni les décors, ni l'action pour. Seule solution : le texte à l'écran, la voix off, la chanson ou le dialogue qui consistera à expliquer au spectateur ce qu'il doit comprendre de l'histoire et ce qu'il doit en penser. Dans un vrai film, vous montrez, et le spectateur déduit avec ses moyens culturels et intellectuels.

Douzième indice : les flash-backs, flash-forward et multivers (c'était un rêve, mais en fait il n'est pas mort etc.). Vu que la production ne sait pas raconter une histoire avec un début, un milieu, une fin, une montée en tension et des rebondissements, il va falloir le cacher en racontant un truc très bête, mais à l'envers ou dans tous les sens, peu importe, du moment que le spectateur n'y comprend plus rien et que le réalisateur peut faire semblant d'y comprendre quelque chose. Et plus l'histoire avance, plus vous réalisez qu'en fait c'est très c.ns et qu'il y a des trous de scénarios de partout.

(liste non exhaustive)

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Re: Comment reconnaître un faux film ?

Messagepar Greenheart » Dim 12 Déc 2021 19:07

L'épisode de la série Voir consacré au cinéma comparé à la télévision ajoute un éclairage historique et budgétaire à cette liste de points donnant l'impression que l'on regarde un faux film.
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