(re)Vu le pilote.
The Nevers fait donc parti du club de ces films ou séries qui utilisent des attentats ayant réellement lieu faute d'inspiration et d'avoir fait ses devoirs sur le Londres victorien
La Guerre des mondes de Tom Cruise utilisait l'image des victimes du World Trade Center recouvertes de poussières blanches, figurant les passants désintégrés par le rayon des tripodes sortis de terre dans la nouvelle version.
Dans de Nevers, comme pour le film Tenet, c'est l'attentat du Bataclan qui est récupéré en mettant en scène un massacre dans un opéra. De manière improbable, personne ne garde la salle d'opéra alors qu'il y avait à l'époque considérablement plus de personnel à nos jours, surtout dans un loisir réservé aux riches. Plus les foules étaient moins sensibles et disciplinés, et les troupes de théâtre plutôt promptes à fuir et piquer des crises de nerf. De plus un personnage principal passe toute la prise en otage dans les coulisses à "baiser" sans jamais craindre d'être dérangé, ce qui fait penser que les scènes servent seulement les scénaristes et non l'histoire, les personnages et l'univers.
C'est cependant le "moindre" des problèmes de la série qui de manière complètement invraisemblable fait pleuvoir des superpouvoirs sur Londres sous la forme d'une poudre de fée clochette, qui bien que tombant comme neige, n'ont pas "touché" l'ensemble de la population qui regardait tomber les petites lumières sans jamais imaginer une seule seconde que lorsqu'une "comète" tombe sur Londres, cela pouvait être dangereux, et ce malgré quoi, deux mille ans d'histoire et de nombreuses expositions de météores.
Et bien sûr, ces bonnes femmes qui ne font strictement rien pour ne pas terminer égorgées dans la minute et pourtant s'en sortent systématiquement à travers des combats illisibles et des gadgets technologiques à la physique de jeu vidéo seulement utilisables dans les rues victoriennes grâce au mépris total de la production pour la réalité de l'époque, pourtant largement documentées et surtout survivant en film d'époque lorsqu'apparaissent les premières voitures à essence. ainsi, les méchants hommes toxiques à chevaux qui tentent d'enlever les pôvres, euh, lesbiennes (?) mineures parce qu'elles ont, euh, le super-pouvoir de se faire enlever toutes les cinq minutes, vont poursuivre un fiacre à travers une rue fréquentée qui, étrangement ne compte que que le fiacre en guise de circulation sur roue, et aucun autre cheval que les poursuivants, et des passants ultradisciplinés qui loin d'aller et venir à leur guise sont soient plantés sur le côté, soient rangés sur les trottoirs (?). Dans la réalité, il y aurait eu tellement de monde au milieu, que les chevaux au galop et leurs cavaliers auraient vite fini dans le décor et le fiacre des héroïnes et/ou leur torpille sur roue auraient forcément terminé dans un bus, un fourgon, une charrette et possiblement les trois à la fois.
L'époque victorienne est remplie de réalités qui ont largement de quoi horrifier et émerveiller le spectateur d'aujourd'hui
et les scribouillards de The Nevers se contentent de copier-coller des tropes piquées dans les films et séries télé les plus récents (au hasard, les Sherlock Holmes avec Downey Jr ? n'importe quel James Bond ?).
Et bien sûr, les "auteurs" de The Nevers semblent tout ignorer de la société d'alors, en particulier des codes de bonne conduite, ou de l'argot et du langage des différentes catégories sociales et professions. En gros, pour eux, on vit à Londres sous la reine Victoria comme dans Plus Belle La Vie et Tu t'endormiras plus vite si tu regardes Meurtre à Troutrouville.
Enfin, car nous sommes sur HBO, que diantre, où en sont le sexe, la vulgarité et la violence que des séries (l'excellent True Blood à ses débuts et plus récemment le nulllissime Mondwest). Eh bien à zéro. Certes, ça blablate, mais c'est aussi peu convainquant que le sexisme ultramou des notables victoriens mis en scène. Précisons que si The Nevers reproduisaient les dialogues authentiques de l'époque contenant quoi que ce soit d'un peu méprisant, la série, ses auteurs et ses acteurs se retrouveraient immédiatement lynchée en ligne ... résultat, une lâcheté créative et une inculture épouvantable étalée à l'écran durant quarante et quelques minutes, avec l'échec total consistant à mettre en scène des personnages que nous sommes censé haïr sans qu'ils fassent quoi que ce soit de réellement haïssable. En fait, sans qu'ils fassent quoi que ce soit de ce que leur place dans la société les aurait forcément conduit à faire.
***
Ah, et dans les opéras victoriens il y a forcément des haches et du gaz, donc des pompiers prêts à intervenir en cas d'incendie, et du personnel pour faire partir les gens. Et au fait, où croyez-vous qu'était l'orchestre lors de la prise d'otage ? à l'époque, on utilisait pas de bande orchestrale à l'opéra ou au ballet. Et encore une fois, personne ne serait resté dans la salle même avec une jeune fille menacée d'être égorgée s'ils s'en allaient. Comment les scénaristes peuvent-ils d'un côté présenter les richards comme misérables et dans le même temps sous prétexte de noblesse d'âme les faire atteindre sagement de se faire égorger ou tirer dessus (les pistolets, bombes, couteaux à lancer et sabres existaient, ainsi que toutes les machines dites "infernales" dont les magazines à un penny et les journaux n'arrêtaient pas de parler.
***