Si Djinns était un film fantastique, ce serait un médiocre épisode de la Quatrième dimension l'original, bien sûr rallongé comme ça peu. Mais il s'agirait plutôt d'un film de propagande à prétexte fantastique très léger, dont le petit budget, aucun décor construit apparemment, juste le militaire prêté par l'armée, et les naturels comme le désert et le "village" - est en partie financé par le Maroc et l'argent public français, ceci explique sans doute ce qui suit.
En filtrant la propagande, plus le film va, plus il est mauvais, parce que d'une part les scénaristes n'ont ni culture, ni idées (ceci expliquant cela) et plus les réactions des personnages ne s'expliquent que parce que les scénaristes forcent la marche du film en direction des scènes qu'il veulent forcer dans la gu.le du spectateur. Passé une heure déjà pas palpitante, la projection devient simplement insupportable tellement c'est artificiel, c.n, et mal joué forcément parce qu'aucun acteur ne pourrait rattraper ça.
Les effets spéciaux sont vraiment limités, un "djinn" ressemblant à une vague momie fantôme fumante noire sur fond noir. Pour info, ce qui s'appelle un "djinn" en Afrique du Nord, c'est une mini-tornade de sable, très dangereuse comme n'importe quel sorte de tornade, mini ou giga, mais cela, la production du film l'ignore. L'autre chose que semble ignorer la production, c'est qu'une explosion nucléaire ne se regarde pas à l’œil nu comme le font le héros et le gamin, sans perdre la vue, mais le plus simple serait encore que ceux qui nous ont pondu "djinn" assistent à ce genre d'explosion avec protection, sauf s'ils sont vraiment persuadés qu'ils n'en ont pas besoin.
Le montage confus : est-ce que le méchant pisse sur son canon ou transpire ou bien le djinn fait pleuvoir ? réponse il fait pleuvoir mais dans le souvenir du vietnam du méchant traumatisé. Les personnages sont des clichés, aucune chance qu'on s'attache à eux ou les comprennent, donc indifférence totale sur tout ce qui peut arriver dans le film. Et bien sûr, les "djinns" ont des pouvoirs illimités jamais décrits clairement, là encore, à cause de scénaristes qui ne connaissent absolument rien à l'écriture fantastique, en particulier au fait qu'il faut redoubler de précaution pour rester proche du vraisemblable : ce qui arrive de fantastique doit suivre des lois surnaturelles, s'y tenir, et ces lois doivent permettre que l'univers naturel présenté tout au du récit puisse exister de cette manière.
La barbarie n'a pas de frontière, surtout quand on ne défend pas les siennes., ni de couleur de peau, mais ça rapporte un salaire à certains dont cette production de continuer d’œuvrer à la haine, à l'ignorance et la guerre partout.
Les "parachutistes" (ils n'en ont pas l'air ni la chanson) français sont présentés comme des brêles, ils n'ont pas leur nom sur leur uniforme, ne se présentent pas au nouveau venu, ils sont censés se connaître entre eux mais ils sont tellement sans expérience qu'il faut que leur chef leur explique ce qu'est une garde. Aucun d'eux ne sait parler l'arabe du coin alors que c'est indispensable, en général. Le chef abat gratuitement des prisonniers, ses subalternes tirent sur tout ce qui bouge, femme en robe blanche parfaitement éclairée incluse parce que je cite "elle est sortie de l'ombre" et bien sûr deviennent fous ou sont complètement incohérents dans leurs raisonnements avant même d'avoir pris un coup de soleil, en un délai record : pourquoi d'un coup chercher à ouvrir la mallette qu'ils sont censés ne pas ouvrir ?
Pourquoi rester dans le village alors qu'ils sont censés revenir au camp après avoir trouvé la mallette et sont sans radio ? Quel intérêt d'attendre que rapplique les copains terroristes en torturant et en abattant les prisonniers alors qu'ils auraient pu les ramener au camp et les utiliser comme otages le temps qu'ils reviennent ? Pourquoi le tortureur raconte sa vie à qui il torture alors que les soldats ne sont pas censés fournir des informations à l'ennemi ? Pourquoi son chef ne le met pas immédiatement aux arrêts après le premier meurtre de sang froid, pourquoi il n'abat pas le tortureur lorsque celui-ci le menace, pourquoi les soldats pleurent comme des fillettes en criant n'importe quoi quand ils ont des règles à respecter, ou simplement à faire usage de leur arme selon le règlement, même contre le camarade qui les attaque. Pourquoi il y a des soldats qui se baladent dehors, dedans, n'importe où au lieu d'être attachés bâillonnés pieds et poings liés dans un placard - et sans armes, svp ? Ce sont des soldats qui n'ont aucune idée de ce que c'est de mettre quelqu'un au trou ?
Quand le soldat voit la femme qu'il a tué, au lieu d'en déduire qu'elle n'est pas morte et qu'elle l'attire dans un piège, il admet qu'elle est morte, et veut lui expliquer qu'il ne voulait pas la tuer, ce qui est pourtant évident, même pour une morte. Et d'abandonner son poste de garde, sans alerter personne, quel professionnalisme (de sa part comme des autres "soldats"). Lorsqu'un soldat qui a déserté leur patrouille revient, le chef l'accueille bras ouvert alors que c'est un déserteur, il devrait l'interroger, le mettre aux arrêts, l'attacher etc.
Bien sûr les combattants du FLN sont beaux, sages, n'abattent pas les civils par erreur, ne torturent personne et n'oublient jamais de mettre du rimmel autour de leurs yeux pour faire un regard plus profond, ils parlent français clairement et poliment sans accent alors que les "paras" sont incapables d'articuler donc de parler clairement. La sorcière est bien sûr la préposée aux dialogues d'exposition, et cela vaut mieux parce que le fantastique du film, pourquoi le jeune caméraman qui ne parle pas arabe serait le prochain "gardien", pourquoi débattrait-il que si ça l'intéresse ou non ou de ses compétences, surtout que la sorcière n'apporte strictement aucun fait, aucune précision sur en quoi consiste être la concierge d'un djinn ? Il y a du courrier à distribuer ?
Probablement écrit, tourné et réalisé par des gens qui n'ont aucune idée des contes et légendes historique de la région, qui n'ont jamais été militaires ni lus des biographies (voire, soyons fou, dans la bibliothèque verte, Langelot Agent secret) pas vécu la guerre d'Algérie ni parlé avec suffisamment de gens de toutes les opinions qui l'auraient vécue, et surtout des gens qui ont détourné la tête lorsque plus récemment le même régime laissait les frères musulmans massacraient les chanteurs de Raï entre autres ou tabassait / torturait sa propre population, ou qui n'ont eu encore personne de leur famille ou de leurs amis assassinés au couteau par un migrant nord-africain, ce qui devient de plus en plus difficile de nos jours cependant : la violence et la barbarie parait venir seulement des soldats français (blancs, parce qu'étrangement d'un coup les noirs et les jaunes, ça n'existe plus) du film alors que dans la réalité à quelque époque que ce soit, la violence et la barbarie ont des causes tout à fait réelles, qui effectivement peuvent se conjuguer avec ou être enrayées par des causes surnaturelles dans un récit fantastique. Le fantastique remplit alors deux fonctions : exagérer le trait pour dramatiser et clairement identifier la violence, et clarifier la différence entre la violence et ses causes réelles par rapport à tout le baratin dont les manipulateurs de la réalité se servent pour que la violence réelle soit à leur service.
Et la propagande fait un très mauvais ménage avec le fantastique : après avoir vu Djinns, le public ne peut en effet qu'en déduire que c'est à cause de ces sales Djinns que les français et les algériens qui ont commis des atrocités ne les ont commises que parce qu'ils étaient possédés par ces démons. Et qu'il faut donc exorciser ces sales mioches qui ne vous obéissent pas au doigt et à l'oeil, brûler les femmes qui ne veulent pas se soumettre et coucher avec vous quand bon vous semble, faire des sacrifices humains parce que faut essayer etc. etc.
Comme quoi, l'obscurentisme, comme la violence et la barbarie, a aussi ses causes et ses conséquences qui n'ont rien de surnaturels.
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Attention, les blu-rays français de Djinns se sont effacés tout seuls à part le premier tirage. Préférez le tirage allemand si vous tenez à avoir de ce film une copie physique.
L'image et le son sont de qualité moyenne - beaucoup d'artefacts en cas de mouvements rapides ou de scène sombre (au moins la moitié du film) ce qui est un problème de compression qui peut être n'existera pas dans l'édition allemande, les dialogues sont très difficile à suivre non seulement à cause du son mais surtout parce que seul le gentil résistant FLN articule et pose sa voix clairement, tous les autres bredouillent, y compris les gradés français, ce qui en 1960 parait simplement invraisemblable : ils auraient plutôt des accents régionaux français et même en 1990 les gradés français parlaient encore de manière tranchante, forte et sèche en général, pas en baragouinant et en hésitant constamment. Quant aux pelouses, dans les années 1990 ils savaient encore s'exprimer clairement quand ils en avaient besoin donc aucune raison que des parachutistes comme dans le film ne le puissent pas.