Les chroniques martiennes, les nouvelles de 1946

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Les chroniques martiennes, les nouvelles de 1946

Messagepar Greenheart » Mar 9 Avr 2024 10:10

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The Martian Chronicles (1946)
Traduction du titre Les chroniques martiennes.
Titre français : Chroniques martiennes.

Nouvelles sorties à partir de 1946 à 1950 dans divers magazines.
Compilée chez DOUBLE DAY US le 4 mai 1950.
Traduit en français par Marc Robillot en mars 1954 chez DENOEL FR, numéro un de la collection Présence du Futur,
Nombreuses rééditions : décembre 1954, mars 1960, 1963, 1966, 1968, 1970, 1973, janvier 1974, janvier 1975, avril 1978, septembre 1978, septembre 1979, novembre 1979, mai 1980, octobre 1981, décembre 1981, novembre 1982, avril 1983, septembre 1983, septembre 1984, février 1986, septembre 1986, 1987, décembre 1988, septembre 1989, juin 1990, mars 1991, septembre 1991, mars 1993, décembre 1994; mai 1995, avril 1996.
Réédité en 1976 chez GALLIMARD Jeunesse, collection 1000 soleils couverture Enki Bilal, réédité 1980, réédité juillet 1988.
Traduction de Marc Robillot révisée par Marc Chambon pour l’édition augmenté de 1997 DENOEL FR, édité avril 1999, 3 octobre 2019.
Réédité en janvier 2001 chez FOLIO SF, réédité en septembre 2001, mars 2002, décembre 2004, avril 2008, mars 2017, mars 2018.
Compilé en novembre 2007 chez LUNES D'ENCRE.

(pour adultes et adolescents) La colonisation de Mars, depuis la première expédition jusqu’au dernier vaisseau spatial des derniers terriens fuyant un holocauste atomique planétaire et la dernière ville arasée par les tempêtes martiennes.

*

Spoiler : :
J’ai toujours lu Ray Bradbury comme du Fantastique, voire de l’Horreur Fantastique plutôt que de la Science-fiction. On pourrait aussi parler de Science-Fantasy. Bien sûr si vous adoptez la définition la plus large et la plus logique du mot Science comme étant le goût par la pratique du savoir, n’importe lequel et non seulement les sciences dures et contre-vérifiées par l’expérience, les premiers récits étiquetés Science-fiction de Ray Bradbury brillent de leurs plus beaux feux au firmament du genre, et parmi ceux-là les nouvelles réunies sous le titre de Chroniques Martiennes. En version originale, Ray Bradbury brille non seulement par ses idées mais le choix de ses mots composant des tableaux nostalgiques et prenants, où le futur est souvent fortement rapproché du passé et d’un présent daté. Le côté très visuel, et facile (en tout cas dans les années 1950) à reconstruire en imagination explique le nombre d’adaptation et de réadaptation pour le petit et grand écran. Mais ces adaptations sont rarement réussie, tout comme les traductions françaises bourrées de petits glissements qui peuvent dégrader l’expérience. Parmi les meilleurs adaptations à ce jour comptent le film Fahrenheit 451 dont la forme mime le fond et se révèle du coup plus l’un des plus fidèles au roman d’origine, qui compte cependant deux versions, la première parue en magazine et l’autre réécrite et rallongée pour le roman.

C’est l’hommage à Edgar Allan Poe qui m’avait le plus impressionné à l’époque où très jeune je ne connaissais pas encore les récits originaux de Poe : la nouvelle Usher II est en effet une charge violente contre la censure qui aujourd’hui écho à la Cancel Culture (culture de l’annulation), ou la nouvelle Payment in Full (qui n’est pas inclue dans toutes les éditions) qui fait écho aux lynchages, pillages et destructions des Black Live Matters alors que dans les années 1950, Ray Bradbury répondait à la haine engendrée par la ségrégation américaine.Toutes autres nouvelles restent très pertinentes, parce que Ray Bradbury veille à nous prendre par les sentiments. Cependant, Mars selon lui ne semble être colonisée que par des américains, comme si les russes n’avaient pas été les premiers à mettre sur orbite un satellite. Les traductions sont plus ou moins subtilement altérées : les traducteurs français ajoutent des mots, des détails pour un style plus « poétique » à leurs yeux, et peuvent glisser en sens. Sauf erreur de ma part, la conquête de Mars dans le texte original s’étale de janvier 1999 avec l’été de la fusée jusqu’à octobre 2026.

Le détail qui tue est qu’avec cette chronologie originale, Bradbury est encore dans les temps pour que l’holocauste nucléaire planétaire terrien soit correctement daté. Quant au retard à l’allumage de la conquête de Mars, il s’explique non pas par un retard technologique — la propulsion magnéto-hydro-dynamique est connue des américains dans les années 1950 voire avant —, mais par le détournement massif des fonds de la conquête spatiale associé à un pouvoir américain qui remplace la Science et l’innovation par la propagande, comme au temps où Reagan tente de faire croire que les USA se lancent dans la « Guerre des étoiles ». Le résultat des courses est qu’en 2021, les USA sont apparemment surclassés par les Russes comme les Chinois tant au niveau des missiles hypersoniques que des stations spatiales, et des tirs anti-satellites, alors que la navette spatiale est redevenue de la Science-fiction depuis des dizaines années avec le Concorde supersonique dont la France se glorifiait autrefois. Les USA et l’Europe étant sur le point d’attaquer à la fois la Chine et la Russie, nous approchons d’un moment de vérité tel que Edgar Pierre Jakobs a pu l’anticiper dans sa bande dessinée Le Piège Diabolique,

Ou alors, comme l’espèrent peut-être encore Les Parasites, la solidarité et la vertu inspiratrice sauvera la Terre, tandis qu’Elon Musk réussira à atterrir vivant sur Mars avec le reste de ses pionniers et suffisamment d’intelligence et de ressources pour s’installer sur cette sœur jumelle plus jeune de la Terre où les hivers ne sont apparemment pas plus froids qu’au Canada, et dont les cratères se constellent de plus en plus fréquemment de geysers d’eau – ce qui correspond au développement logique d’une planète tectonique suffisamment dilatée et proche du Soleil pour que l’eau générée par son étoile-noyau dégaze à la surface avec le reste de l’atmosphère prochainement respirable.


***

The Martians Chronicles (1946)

L'Été de la fusée (Rocket Summer, 1947)
Ylla (Ylla / I'll Not Look for Wine, Maclean's, January 1950)
La Nuit d'été (The Summer Night / The Spring Night, The Arkham Sampler, hiver 1949)
Les Hommes de la Terre (The Earth Men, Thrilling Wonder Stories, numéro d'août1948)
Le Contribuable (The Taxpayer, 1950)
La Troisième expédition (The Third Expedition / Mars Is Heaven!, Planet Stories, Fall 1948)
Et la Lune qui luit / Et la lune toujours brillante (And the Moon Be Still as Bright, Thrilling Wonder Stories, June 1948)
Les Pionniers (The Settlers, 1950)
Le Matin vert (The Green Morning, 1950)
Les Sauterelles (The Locusts, 1950)
Rencontre nocturne (Night Meeting, 1950)
Le Rivage (The Shore, 1950)
Les Ballons de feu (The Fire Balloons, 1950)
Intérim (Interim, 1950)
Les Musiciens (The Musicians, 1950) *
Les Grands espaces (The Wilderness, The Magazine of Fantasy and Science Fiction numéro de novembre 1952) *
Tout là-haut dans le ciel / A travers les airs (Way in the Middle of the Air, Other Worlds Science Stories, numéro de juillet 1950)
L'Imposition des noms / Nommer les noms (The Naming of Names, 1950)
Usher II (Usher II, Thrilling Wonder Stories, April 1950)
Les Vieillards (The Old Ones, 1950)
Le Martien (The Martian / September 2005: The Martian / September 2036: The Martian / Impossible, 1949)
Le Marchand de bagages / La boutique de bagages (The Luggage Store, 1950)
La Morte-saison (The Off Season, Thrilling Wonder Stories, numéro de décembre 1948)
Les Spectateurs (The Watchers, 1950)
Les Villes muettes (The Silent Towns, Charm numéro de 1949)
Les Longues années (The Long Years / Dwellers in Silence, Planet Stories, été 1949)
Viendront de douces pluies... / Il viendra des pluies douces (There Will Come Soft Rains, Collier's magazine numéro du 6 mai 1950)
Pique-nique dans un million d'années / Le pique-nique d'un million d'années (The Million Year Picnic, Planet Stories - numéro de mars 1946)

***

Le texte original de Ray Bradbury de 1950 pour DOUBLE DAY.

THE MARTIAN CHRONICLES

August 2001: THE SETTLERS


The men of Earth came to Mars.
They came because they were afraid or unafraid, because they were happy or unhappy, because they felt like Pilgrims or did not feel like Pilgrims. There was a reason for each man. They were leaving bad wives or bad jobs or bad towns; they were coming to find something or leave something or get something, to dig up something or bury something or leave something alone. They were coming with small dreams or large dreams or none at all. But a government finger pointed from four-color posters in many towns: THERE'S WORK FOR YOU IN THE SKY: SEE MARS! and the men shuffled forward, only a few at first, a doublescore, for most men felt the great illness in them even before the rocket fired into space. And this disease was called The Loneliness, because when you saw your home town dwindle the size of your fist and then lemon-size and then pin-size and vanish in the fire-wake, you felt you had never been born, there was no town, you were nowhere, with space all around, nothing familiar, only other strange men. And when the state of Illinois, Iowa, Missouri, or Montana vanished into cloud seas, and, doubly, when the United States shrank to a misted island and the entire planet Earth became a muddy baseball tossed away, then you were alone, wandering in the meadows of space, on your way to a place you couldn't imagine.

So it was not unusual that the first men were few. The number grew steadily in proportion to the census of Earth Men already on Mars. There was comfort in numbers. But the first Lonely Ones had to stand by themselves.

December 2001: THE GREEN MORNING

When the sun set he crouched by the path and cooked a small supper and listened to the fire crack while he put the food in his mouth and chewed thoughtfully. It had been a day not unlike thirty others, with many neat holes dug in the dawn hours, seeds dropped in, and water brought from the bright canals. Now, with an iron weariness in his slight body, he lay and watched the sky color from one darkness to another.

His name was Benjamin Driscoll, and he was thirty-one years old. And the thing that be wanted was Mars grown green and tall with trees and foliage, producing air, more air, growing larger with each season; trees to cool the towns in the boiling summer, trees to hold back the winter winds. There were so many things a tree could do: add color, provide shade, drop fruit, or become a children's playground, a whole sky universe to climb and hang from; an architecture of food and pleasure, that was a tree. But most of all the trees would distill an icy air for the lungs, and a gentle rustling for the ear when you lay nights in your snowy bed and were gentled to sleep by the sound.

He lay listening to the dark earth gather itself, waiting for the sun, for the rains that hadn't come yet. His ear to the ground, he could hear the feet of the years ahead moving at a distance, and he imagined the seeds he had placed today sprouting up with green and taking hold on the sky, pushing out branch after branch, until Mars was an afternoon forest, Mars was a shining orchard.

*

Traduction au plus proche

LES CHRONIQUES MARTIENNES

Août 2001 : LES PIONNIERS


Les hommes de la Terre étaient venus sur Mars.

Ils étaient venus parce qu'ils avaient peur ou pas, parce qu'ils étaient heureux ou malheureux, parce qu'ils se sentaient comme les Pères Pèlerins ou pas comme les Pères Pèlerins. Il y avait une raison pour chaque homme. Ils quittaient de mauvaises épouses, de mauvais emplois ou de mauvaises villes ; ils venaient pour trouver quelque chose, abandonner quelque chose ou obtenir quelque chose, déterrer quelque chose, enterrer quelque chose ou laisser quelque chose tranquille. Ils venaient avec de petits rêves, ou de grands rêves ou pas de rêves du tout. Mais un doigt du gouvernement pointait sur des affiches en quadrichromie dans de nombreuses villes : IL Y A DU TRAVAIL POUR VOUS DANS L’ESPACE : VOYEZ MARS ! et les hommes se traînèrent en avant, quelques-uns seulement au début, une double peine, car la plupart des hommes sentaient la grande maladie en eux avant même que la fusée ne soit lancée dans l'Espace. Et cette maladie s'appelait la Solitude, parce que lorsque vous voyiez votre ville natale se réduire à la taille de votre poing, puis à la taille d'un citron, puis à la taille d'une épingle et enfin disparaître dans le feu grégeois, vous aviez l'impression de n'être jamais né, qu'il n'y avait pas de ville, que vous n'étiez nulle part, avec l'espace tout autour, rien de familier, seulement d'autres étrangers. Et lorsque l'État de l'Illinois, de l'Iowa, du Missouri ou du Montana disparaissait dans les mers de nuages et, doublement, lorsque les États-Unis se réduisaient à une île embrumée et que la planète Terre entière devenait une balle de baseball boueuse jetée au loin, alors vous étiez seul, errant dans les prairies de l'espace, en route vers un endroit que vous ne pouviez pas imaginer.

Il n'était donc pas inhabituel que les premiers hommes sur Mars soient peu nombreux. Leur nombre augmentait régulièrement en proportion du recensement des Terriens déjà présents sur Mars. Le nombre était réconfortant. Mais les premiers Solitaires ont dû se débrouiller seuls.

Décembre 2001 : LE MATIN VERT

Lorsque le soleil se coucha, il s'accroupit près du chemin et prépara un petit souper et écouta le feu crépiter tandis qu'il mettait la nourriture dans sa bouche et mâchait pensivement. La journée n'avait pas été différente des trente précédentes, avec de nombreux trous soignés creusés aux heures de l’aube, des graines déposées dedans et de l'eau apportée des canaux étincelants. Maintenant, avec une fatigue de fer dans son corps mince, il s’allongea et regarda le ciel se colorer d'une obscurité à l'autre.

Il s'appelait Benjamin Driscoll, et il était âgé de trente et un ans. Et la chose qui était voulue, c'était que Mars croisse verte et haute, avec des arbres et du feuillage, produisant de l'air, plus d'air, toujours plus volumineux à chaque saison ; des arbres pour rafraîchir les villes pendant l'été bouillant, des arbres pour retenir les vents d'hiver. Il y avait tant de choses qu'un arbre pouvait faire : ajouter de la couleur, fournir de l'ombre, donner des fruits, ou devenir un terrain de jeu pour les enfants, tout un univers aérien où grimper et se suspendre ; une architecture de nourriture et de plaisir, voilà ce qu’était un arbre. Mais par-dessus tout, les arbres distilleraient un air glacé pour les poumons et un doux bruissement pour l'oreille lorsque vous vous coucheriez dans votre lit blanc et que vous seriez assagi par le son jusqu’à vous endormir.

Il était allongé, écoutant la terre sombre se rassembler, attendant le soleil, les pluies qui n'étaient pas encore arrivées. L'oreille collée au sol, il entendait les pieds des années à venir qui marchaient à distance, et il imaginait les graines qu'il avait placées aujourd'hui germer de vert et s'accrocher au ciel, poussant branche après branche, jusqu'à ce que Mars soit une forêt d'après-midi, que Mars soit un verger resplendissant.

*

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La traduction de Henri Robillot de 1954 édité chez Denoël.

... à venir.

*

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La traduction de Henri Robillot de 1954 revue par Jacques Chambon en 1997 édité chez Denoël.

CHRONIQUES MARTIENNES
Août 2032 : Les pionniers


Les hommes de la Terre vinrent sur Mars.

Ils venaient parce qu’ils avaient peur ou ignoraient la peur, parce qu’ils étaient heureux ou malheureux, parce qu’ils se sentaient ou ne se sentaient pas des âmes de Pèlerins. Chacun avait ses raisons. Ils quittaient des hommes, des occupations ou des villes odieuses ; ils venaient pour découvrir, fuir, ou obtenir quelque chose ; ils venaient pour déterrer, enterrer ou abandonner quelque chose. Ils venaient avec des rêves étriqués ou grandioses, ou pas de rêves du tout. Mais dans beaucoup de villes un doigt gouvernemental jaillissait d’affiches en quadrichromie pour leur dire : DU TRAVAIL VOUS ATTEND DANS LE CIEL : PARTEZ POUR MARS ! Et les hommes avançaient en traînant les pieds, quelques-uns pour commencer, une quarantaine, car la plupart sentaient le haut mal les envahir avant même que la fusée ne se soit élancée dans l’espace. Et ce mal avait pour nom l’Isolement. Car en voyant sa ville natale rapetisser jusqu’à atteindre la grosseur du poing, puis d’un citron vert, puis d’une tête d’épingle, pour s’évanouir dans le sillage de feu, on avait l’impression de n’être jamais né, il n’y avait plus de ville, on n’était nulle part, perdu dans l’espace, sans points de repère, sans autre compagnie que des étrangers…

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Article en cours de rédaction.

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