La ville sans soleil, le roman de 1973

Infos et retours sur les romans et nouvelles parus ou à paraître.

Comment avez-vous trouvé ce roman ?

Pas vu.
0
Aucun vote
Nul :
0
Aucun vote
Bof...
0
Aucun vote
Correct.
0
Aucun vote
Bon.
0
Aucun vote
Excellent.
1
100%
Génial !
0
Aucun vote
 
Nombre total de votes : 1

La ville sans soleil, le roman de 1973

Messagepar Greenheart » Mer 24 Jan 2024 12:08

Image

La ville sans soleil (1973)

Sorti le 16 mars 1973, chez Robert Laffont, collection Plein Vent n°95, réédité en novembre 1978.

De Michel Grimaud ; préface d’Alain Bombard qui a conseillé et documenté les auteurs.

Pour adultes et adolescents.

(Prospective, presse) Nous sommes dans une petite ville industrielle dans la France des années 1980. La pollution de l'atmosphère y a pris des allures inquiétantes. Un groupe de jeunes essaie par tous les moyens de stopper la progression de ce mal qui menace la population dans son existence même. se heurte cependant à la résistance intéressée du principal industriel de la ville, propriétaire des usines les plus polluantes.

*

Spoiler : :
De mémoire découvert dans le Bibliobus qui avait remplacé la précieuse bibliothèque de mon quartier prématuréement fermée par la municipalité, ce qui obligeait jusque là à marcher jusqu’à l’ancienne mairie annexe. Le roman m’avait beaucoup impressionné, et je pense que c’est peu après que je découvrais dans Science & Vie un article sur Seveso qui confirmait à mes yeux le genre de pollution industriel qui continue d’être étouffé par les médias, les industriels responsables bien entendu, les syndicats et les autorités.

J’étais aussi sensible à la question car ayant passé toute mon enfance dans la région à l’air le plus pollué de France — je l’ignorais alors — je souffrais de maladie pulmonaire à répétition et j’étais asthmatique, alors qu’on m’accusait de faire exprès de tomber malade. Plusieurs dizaines années plus tard, je vis dans un reportage micro-trottoir France 2 quelqu’un se plaindre de tous les symptômes dont je souffrais à cette époque et là, plus de problème, plus de doute, de l’écoute…

Le même genre de personne qui se serait f..tu de ma gu..le autrefois et qui se f.t encore de la gu.le de tout le monde en censurant à donf l’actualité et en crachant sur les gens qui souffrent jouait cette fois la comprehénsion, tout ça pour enfoncer les éléments de langage de la semaine. Puis la crise du COVID et mon COVID long et tout recommence avec les médecins généralistes et spécialistes qui essaient systématiquement de me faire croire que tout est dans ma tête, que c’est ma faute parce que « je stress trop », tout en menaçant de privation de soins, en mentant frontalement sur des informations officielles que je venais de lire juste avant la visite ou en me prescrivant un médicament auquel j’ai dit que j’étais allergique.

On nous a longtemps ressassé — même le fandom, les éditeurs, les professeurs — étaient persuadés du fait dans les années 1990 quand à mon retour d’armée, voulant savoir ce qui sort en librairie en matière de science-fiction et quels sont les goûts du lecteurs — que la prospective, les romans d’alarmes et la dystopie n’intéressaient plus personnes. C’était vain, biaisé, déprimant — et à raison, certains auteurs avaient réalisés (ils finissent toujours par le réaliser) que leur mission d’alerter les populations étaient complètement inefficaces, juste un trip égocentrique : les romans comme les chansons pacifistes n’ont jamais arrêté la guerre du Vietnam, c’était seulement une question de perte et de profits pour le « complexe militaro-industriels » (aka les banksteurs, le 1% etc.).

Ce n’est pas tout à fait vrai. D’abord il est certainement plus noble et honnête de travailler à informer sur la réalité et donner des pistes pour échapper aux pièges et lutter plutôt qu’à détourner les yeux et se laisser mourir. Ensuite tout le monde mentait dans l’édition et le fandom sur le potentiel commercial de la (bonne) science-fiction excepté bien sûr les défenseurs de toujours de l’édition jeunesse de qualité, tel Christian Grenier : comme d’habitude un ou plusieurs auteurs et de vrais éditeurs populariseront à nouveau le roman dystopique pour jeunes adultes, signe un Hunger Games, et un vu au cinéma plus tard, tout le monde en veut, tout le monde en écrit, tout le monde en parle. Tous les récits ont un potentiel commercial ou humain, c’est seulement que pour le réaliser, il faut de la compétence à tous les niveaux, et il ne faut pas que la distribution ou les ressources des lecteurs soient verrouillées. Parce qu’on ne peut pas acheter ni lire ce qui n’existe pas, dont on ignore l’existence, dont le texte est altéré et trahi, ou dont on attendrait rien ou qui nous insulte à quelque niveau que ce soit.

J’ai croisé Michel Grimaud, en fait le nom de plume du couple Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse, mais comme d’habitude quand j’organise ou participe à l’organisation, j’étais trop absorbé pour pouvoir écouter davantage leur voix. Je crois même ne pas avoir eu l’occasion de leur dire que ce roman-là m’avait marqué, mais il est vrai que je n’ai pas su qu’il était d’eux avant d’avoir pu le retrouver d’occasion. Ils sont décédés en 2011, lui quelques mois après elle comme cela arrive souvent dans les couples de qualité. Ils nous ont laissé plus d’une trentaine de romans pour la jeunesse et cinq romans pour adulte.


*

Le texte original de Michel Grimaud, pour Laffont (Pleint Vent).

___________________________________1__

LA VILLE

Aldo dédaigna l’ascenseur surchargé et dévala en courant les larges escaliers du building.

Au-dehors, un air lourd, épais, poisseux même, l’enveloppa d’un manteau chaud et gluant. Le soleil, dans ses efforts pour traverser la brume dense couvrant la ville, inondait les rues d’une lumière douloureuse à la vue. C’était un mois de mai sans fleurs et sans oiseaux. Aldo, qui était né dans la cité, ne lui connaissait qu’un ciel couvert, plus ou moins plombé selon les saisons.

Aldo avait dix-sept ans et rêvait justement d’éclosions et de pépiements. A grandes enjambées, l’adolescent se mit en route, empruntant l’artère principale. Centre de toutes les activités, c’était la voie que l’on montait ou redescendait pour la promenade. Elle passait par la grand-poste, s’élargissait en place devant la basilique, pour repartir et prendre fin à la gare.

Prénommée rue Droite par la sagesse des anciens, elle avait connu de nombreux avatars : baptisée alternativement et par tronçons du nom de généraux ou d’hommes de lettres, selon les maires qui s’étaient succédés aux commandes de la ville, elle était pourtant demeurée rue Droite pour le bon sens populaire, et l’on ignorait résolument les plaques contradictoires jalonnant son parcours.

Rue Droite, donc. Aldo marchait à grands pas. Comme il s’y attendait, en abordant le carrefour de la poste et des grands magasins, le garçon trouva une circulation piétonne et automobile inextricable. Il eut un mouvement d’humeur : il lui faudrait certainement vingt minutes pour sortir de là ! Les trottoirs n’étaient guère plus praticables que la chaussée, et, quelques pas plus loin, un important rassemblement endiguait tout espoir de progression. Aldo s’en approcha, curieux.

— Que se passe-t-il ?

Nul ne répondit à sa question et les badauds machinalement s’écartèrent pour lui livrer passage. Trois ouvriers installaient non sans peine une machine à sous d’un nouveau genre. Elle se présentait sous l’apparence d’un volumineux cylindre d’acier brillant, percé sur son pourtour et à diverses hauteurs, d’ouvertures circulaires ressemblant à des hublots et surmontés d’un panneau publicitaire sur lequel on pouvait lire :

Fatigue ? AIR VITAL !
Tête lourde ? AIR VITAL !
Malaise ? AIR VITAL !
AIR VITAL ! la seule arme efficace contre les maux de la vie moderne !
AIR VITAL ! la bouffée d’oxygène qui vous fait revivre !
AIR VITAL !

***
...d'un G qui veut dire Greenheart !
Greenheart
Administrateur du site
 
Messages: 10970
Inscription: Sam 15 Nov 2014 19:56

Retourner vers Romans et nouvelles

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 20 invités