La nuit du chasseur, le film de 1955

Les films sortis de 1941 à 1960.

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La nuit du chasseur, le film de 1955

Messagepar Greenheart » Lun 24 Aoû 2015 08:36

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Night Of The Hunter (1955)

Sorti aux USA le 26 août 1956.
Sorti en France le 11 mai 1956.
Sorti en blu-ray américain le 16 novembre 2010 chez CRITERION (région A, anglais LPCM 1.0, pas de version ou sous-titres français).
Sorti en blu-ray français le 31 octobre 2012, coffret collector 1BR, 2DVD, 1CD (région B, anglais DTS HD MA 1.0, version française, sous-titres forcés), épuisé.
Sorti en blu-ray français le 4 septembre 2013 BR+DVD (région B, anglais DTS HD MA 1.0, version française, sous-titres forcés).

De Charles Laughton (également scénariste), sur un scénario de James Agee, d'après le roman de Davis Grubb ; avec Robert Mitchum, Billy Chapin, Sally Jane Bruce, Shelley Winters, Lillian Gish.

Pour adultes et adolescents.

Rêve, mon petit, rêve
Rôde dans la nuit le chasseur
Gonfle ton cœur enfantin, de peur
La peur est juste un rêve
Alors rêve, mon petit, rêve…


La vieille dame disait : Alors vous vous souvenez les enfants comme je vous avais raconté dimanche dernier à propos du bon Seigneur qui montait jusqu’en haut de la montagne et parlait au peuple, et comme il disait « que soient bénis les cœurs purs car ils verront tous Dieu », et comme il disait que le Roi Salomon, dans toute sa gloire, n’était pas aussi merveilleux que les lys dans le pré ? Et je sais que vous n’oublierez pas « Ne juge pas sans quoi tu seras toi-même jugé », parce que je vous l’ai expliqué. Et puis le bon Seigneur vint à dire : « Méfiez-toi des faux prophètes, qui viennent à vous habillés en mouton, mais qui sont à l’intérieur des loups voraces. Tu les reconnaîtras à leurs fruits… »

Des enfants filent dans toutes les directions, tandis que l’un est resté face à l’arbre pour compter de cinq en cinq à toute vitesse jusqu’à cent. Il quitte l’arbre immédiatement, et va vers le seul garçon resté immobile devant la trappe ouverte de la cave de la maison voisine, et demande ce qui ne va pas. Le garçon immobile ne répond pas, mais pointe du doigt les jambes d’une jeune femme renversée au bas des marches de l’escalier. Tous les enfants se rassemblent devant la trappe.

Un arbre bon ne peut pas porter de fruits maléfiques, pas davantage que ne peut un arbre corrompu porter un fruit bon. De là, par leurs fruits, tu les reconnaîtras.

Sur la route qui quitte la maison, s’en va, joyeux et fier, un pasteur dans son automobile. Le pasteur parle tout seul et demande au Seigneur ce qu’il arrivera ensuite : une autre veuve ? Cela en fait déjà six, ou douze – il ne se souvient pas : le Seigneur n’a qu’à lui dire quelle sera la prochaine, il est déjà en route. Selon le pasteur, le Seigneur lui envoie toujours l’argent qu’il lui faut pour avancer et prêcher sa parole : une veuve avec une petite liaisse de billets cachés dans un pôt à sucre.

Comme il traverse une ville puis passe devant une église, le pasteur soupire : il se sent fatigué et pense que le Seigneur ne comprend pas sa fatigue. Selon le pasteur, le Seigneur comprend les meurtres parce que son Livre est plein de meurtres – mais il y a des choses que le Seigneur déteste, des choses qui sentent le parfum, des choses avec de la dentelle, des choses avec des cheveux bouclés… Et le pasteur de s’arrêter en ville pour se payer un spectacle de strip-teaseuse. Assis dans le noir, le pasteur grimace, son poing gauche tatoué « Haine » crispé sur sa cuisse. Il finit par rentrer son poing dans sa poche, et avec un clac, la lame de son couteau à cran d’arrêt jaillit de sa poche. Alors le pasteur lève les yeux au ciel et soupire : « il y en a trop : on ne peut pas tuer le monde entier. » C’est alors qu’un policier lui pose la main sur l’épaule : le pasteur conduit une voiture de tourisme immatriculée à Moundsville : et, pour le vol de cette voiture de tourisme, Harry Powell est condamné à passer trente jours au pénitencier de Moundsville. Lorsque Harry Powell tente de corriger le juge lorsque ce dernier prononce sa sentence, afin que le Juge l’appelle « Prêcheur » (Pasteur), le juge rétorque qu’un voleur de voiture ne peut être un homme de Dieu et maintient son verdict.

Ailleurs, dans une prairie remplie de fleurs, un garçon répare la poupée d’une petite fille. Soudain, leur père arrive en voiture au milieu du jardin. Son fils accoure, joyeux. Le père demande où est sa mère ; le fils répond qu’elle est partie faire des courses, puis remarque que son père saigne. Alors son père lui demande de l’écouter : la liasse de billet qu’il tient dans sa main droite (il a un révolver dans sa main gauche), il faut la cacher avant qu’ « ils » arrivent. Il y en aurait pour près de 10.000 dollars. Ils entendent alors une sirène de police arriver, tandis que le père envisage plusieurs cachettes, puis réalise où personne n’ira chercher l’argent.

Comme la police arrive, le père s’agenouille et dit à son fils : le garçon doit d’abord jurer qu’il s’occupera de la petite Pearl, sur sa vie. Ensuite il doit jurer qu’il ne dira jamais où l’argent est caché, même pas à sa mère. Le garçon jure et s’étonne d’avoir à garder le secret de sa mère, mais son père explique que le garçon a du bon sens, et pas sa mère, et il veut que cet argent revienne à son fils quand celui-ci aura grandi… Puis il se relève et demande au garçon de se redresser et de jurer solennellement, main levée, en répétant son serment : il protègera Perle sur sa vie et ne dira jamais où est l’argent. Quatre policiers arrivent, pistolet au point et appelle le père par son nom, Ben Harper. Puis ils plaquent le père à terre et l’emmène, choquant le garçon. Sa mère arrive. Le garçon, John, tourne simplement les talons et s'en va, tandis que sa mère prend sa petite sœur dans les bras.

Plus tard, Ben Harper est condamné à être pendu par le cou par le même juge que Harry Powell pour le meurtre de Ed Smiley et Corey South. Seulement, lorsqu’il partage sa cellule avec Harry Powell, il ne peut s’empêcher de parler dans son sommeil, et Harry Powell tente de lui faire avouer où il a caché l’argent. Harper se réveille et lui donne un coup de poing : Harry Powell a quand même entendu parler Harper d’enfants, et comme il tente de jouer sur la culpabilité de Harper quand à son double meurtre, Harper rétorque qu’il ne supportait pas l’idée de voir ses enfants mourir de faim comme tant d’autres sur les routes en cette période de Grande Dépression. Et comme Harper est conduit à la potence, Harry Powell remercie le Seigneur de l’avoir conduit en prison, dans la même cellule qu’un homme qui a laissé une veuve avec 10.000 dollars qui l’attendent bien cachés.

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Re: La nuit du chasseur, le film de 1955

Messagepar Greenheart » Lun 24 Aoû 2015 10:03

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La nuit du chasseur, le blu-ray américain de 2010 de chez CRITERION

Sorti en blu-ray américain le 16 novembre 2010, réédité le 8 avril 2014.

Région A, pas de version française.

***

Sur le film : à voir absolument, pour de très nombreuses raisons, la principale serait de pouvoir ensuite reconnaître les monstres bien réels que l'on finira toujours par croiser dans la vie, ainsi que la bêtise et la lâcheté des gens qui les laissent faire. La nuit du chasseur est magnifiquement filmé, extrêmement édifiant, très copié alors que le film avait été un échec à sa sortie et son réalisateur, l'acteur Charles Laughton avait dû renoncer à faire d'autres films. Enfin le film est d'une actualité très brûlante et devrait être projeté d'urgence partout.

Image : Formidable, 1.67:1, 1080p - Sincèrement, j'ai cru halluciner quand j'ai pu distinguer le grillage de la moustiquaire dans une scène ou de nuit, le jeune héros passe derrière puis devant alors que la caméra est encore à distance. Les scènes où la barque avance sur le fleuve de nuit sont complètement onirique - en fait toutes les scènes ont un pouvoir quasi hypnotique, et le jeu des acteurs est bien sûr magnifié, à la limite du supportable, compte tenu de ce que vivent les personnages. Il y a du grain, mais il ne fourmille pas, ne mange pas les détails fins et donc ne dérange pas.

Son : Formidable, Anglais LPCM 1.0 - Il est difficile de concevoir à quel point un son mono peut se révéler profondément immersif tant il est efficace. L'expérience HD est complète, au-delà de toute espérance, quand bien même la source est limitée au mono.

Bonus : Remarquables. Très nombreux, très intéressants, pas encore tous visionnés - il y a un second blu-ray qui contient près de 2 heures 45 de documents consacrés au tournage.

En conclusion : J'ai très longtemps hésité à visionner ce film, qui est passé et repassé à la télévision au cinéma minuit. La seule phrase d'ouverture m'inquiétait beaucoup lorsque j'étais plus jeune. Par ailleurs, l'image et le son semblaient alors de très mauvaise qualité et je n'étais pas du tout certain de pouvoir endurer un film bizarre parlant de religion où des enfants étaient apparemment en danger. L'édition Criterion offrant une garantie de confort de projection, je me suis lancé, et la Nuit du Chasseur s'est révélée comme un des films les plus impressionnants et les meilleurs jamais tournés à mes yeux. Je suis très, très heureux de l'avoir découvert dans des conditions aussi bonnes. Ce blu-ray est de ce fait un must, en ce qui me concerne.

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Re: La nuit du chasseur, le film de 1955

Messagepar Greenheart » Dim 2 Mai 2021 15:16

Revu, toujours aussi fort. Impossible de détourner les yeux de l'écran.
C'est un film qu'il faut absolument voir et probablement revoir dans sa vie, plutôt tôt que trop tard.

Spoiler : :
J'ai aussi été choqué de savoir qu'une partie de l'histoire la plus horrible est vraie, et de constates qu'objectivement que l'héroïne n'aurait eu aucune chance de survie si elle n'avait pas eu son fusil et la lucidité de s'en servir au moment de s'en servir. Maintenant allez trouver dans la réalité quelqu'un d'aussi généreux, courageux, mesuré et sain d'esprit, mais là aussi, un film qui montre ce genre de personnage au lieu de maintenir la tête des spectateurs dans la m.rde woke ou autre, c'est rare et c'est ce qui a le plus de chance d'inspirer et/ou conforter un tel courage et une telle lucidité dans la réalité.

Une autre énorme différence avec la masse de "divertissements" dont on nous noie, c'est que chaque élément du film peut se retrouver dans la vie réelle : ce ne sont pas les super-pouvoirs ou des extraterrestres qui collectionnent des pierres, ou des sorcières qui font absolument ce qu'elles veulent de nos écrans verts. Et il ne s'agit pas non plus d'un film qui vise à s'apitoyer ou même simplement dénoncer (au lieu d'empêcher) et rafler les Oscars - il s'agit de prévenir et guérir et non se lamenter à propos de maux qui reviendront toujours à toutes les époques, et pas seulement sous la forme d'un seul psychopathe.

Enfin un dernier point qui m'a frappé, c'est comment tant de gens choisissent de regarder ailleurs, de se taire, de croire, de débrancher leur cerveau, de renoncer au bon sens alors que les manipulations et les dangers sont en réalité en plein dans leur face : or c'est précisément refuser de détourner les yeux et de croire qui empêche l'horreur partielle ou totale de se réaliser. Comme pour le juge au début à qui le tueur demande de l'appeler prêcheur qui répond net et clair qu'un voleur arrêté dans une boîte de strip-tease n'a aucune chance d'être un prêcheur digne de ce nom, et certainement pas quelqu'un qu'il devrait appeler "prêcheur" au nom de quelque règle que ce soit.

Or aujourd'hui nombreux sont ceux qui cherchent à imposer les titres qu'ils se donnent, leur vision d'une religion qui n'est pour eux qu'un instrument de pouvoir et de justification d'atrocités, et les mots que nous avons ou non le droit de le dire, --- et les pouvoirs qui les confortent sont forcément au service de monstres du genre de ceux que le film dénonce.


Par curiosité j'ai voulu vérifier le taux de fausses critiques sur IMDB puisqu'il commence a y en avoir beaucoup à chaque fois qu'un film n'est pas une daube et en particulier quand il compte pour la survie du téléspectateur en cas de coup dur des plus réel. Une majorité de critiques sont au maximum et juste. Les critiques qui sont mauvaises ne correspondent pas à la réalité de l'expérience du film, et donnent l'impression d'avoir été rédigés par les semblables du faux pasteur, ou pour le moins des gens qui ne supportent pas qu'un film réussit détourne l'attention du spectateur lecteur de leur propre égo de supermenteurs.

Une chose qui m'a aussi étonné, c'est l'idée que lorsque les enfants s'enfuient, l'histoire devient "onirique" : mais l'expérience de la nature, un voyage de nuit avec les animaux qui font du bruit, c'est la réalité : le réalisateur a seulement reproduit par la suggestion de l'image noir et blanc et du son mono la réalité que le spectateur expérimenterait s'il avait voyagé avec les enfants. Dire que ce passage du film est "onirique", ce serait comme dire que n'importe quelle scène de violence bien réelle serait cauchemardesque, comme si c'était les cauchemars qui étaient capables de gazer, tabasser, mutiler et tuer les gens.

Je réalise aussi que la Nuit du Chasseur est bien seul film où j'ai entendu à la fois un renard et un lapin crier. :shock:
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