par Greenheart » Jeu 22 Juil 2021 12:31
En 1950, les drugstores vendent des magazines de Science-fiction et d’aventures comme des petits pains et ce depuis les années 1930. Forcément, les studios indépendants et le circuit des cinémas familiaux dont ils dépendent à alors n’hésiteront pas à lancer des petits budgets, où personne n’a peur de tourner sans écran vert de l’aventure SF grand teint. Mais hier comme aujourd’hui, ces fines équipes continuent de jouer la montre avec des dialogues d’exposition parfaitement inutiles, l’idée étant de fourguer aux spectateurs à peu près autant de pellicules pour le moins cher possible, tout le monde ne pouvant s’offrir le luxe d’un plan fixe sur des mines constipées et un ciel gris comme dans le film d’art et d’essai, et la censure de l’époque ne permettait pas de faire jouer tous les acteurs à poils tout en balançant des jets de sang et des abats de moutons à leur figure comme à partir des années 1970.
Du coup, un film aussi, heu, limité, que Flight To Mars se retrouve avec l’exotisme de décors en durs, de vrais maquettes et un nombre d’acteurs et (vrais) figurants considérable comparé aux films covid et autres séries tournées avec essentiellement deux acteurs devant des écrans de jeux vidéos... Quand bien même Flight To Mars n’est pas une réussite et copie-colle ses intrigues et personnages autant qu’il recycle ses décors et costumes, il va plus loin que tout ce que nous voyons sur Mars en ce moment : la fusée décolle effectivement, et arrivera sur Mars, autre fait rare quand une série ou un film d’aujourd’hui prétend vous raconter un voyage interplanétaire (ou interstellaire), l’expédition rencontrera des martiens qui ne soient pas un monstre lovecraftien dont le seul objectif est de bouffer un par un les membres d’équipage – mais ils comptent envahir la Terre d’ici peu (des promesses, toujours des promesses) parce que vous comprenez, Mars est une planète qui se meurt et les martiens en ont épuisé les ressources (gros cliché).
Techniquement, Flight To Mars a été tourné en deux couleurs, le procédé Cinecolor imprimant la couleur bleu et la couleur rouge de part et d’autre de la pellicule, ce qui floute l’image. Manque le vert, ce dont on ne s’aperçoit qu’à peine au début, vu que les chairs et chevelures semblent presque naturels, et les décors métalliques bleus ne détonnent pas. Aucun feuillage visible sur Terre, bien entendu (il y en a un sur Mars et il est gris-bleu, sans doute l’atmosphère confinée de la ville souterraine ?) et Mars est, commodément, enneigée. Les décors, maquettes, costumes etc. sont recyclés d’autres productions (Destination Moon de 1950), et le peu qui aura été créé pour le film sera recyclé dans d’autres films ou séries de Science-fiction du même budget. Les acteurs sont au service de l’action, et c’est déjà ça, mais ils jouent des clichés (archétypes, ou personnages génériques) et n’ont pas de charisme ou en tout cas, le cache bien.
...d'un G qui veut dire Greenheart !