Le désaccord fondamental entre Ford et Arnold porte sur la définition de la conscience…
Ne sommes-nous que de la chimie ou avons-nous une dimension métaphysique ? C’est ça, la grande question. A titre personnel, je pense qu’étant autre chose que de la chimie, on n’arrivera jamais à donner une conscience à un robot. Et surtout, un libre arbitre, ce qui est évoqué dans Westworld. Je peux programmer une conscience à mon robot, en lui disant « Si on te dit de taper sur un enfant, ne le fais pas, c’est mal », mais ce n’est pas sa conscience, c’est la mienne que j’ai projetée en lui. En ce sens, le robot a zéro libre arbitre. Son rôle est de refaire ce qui statistiquement marche le mieux, il ne va jamais sortir de routes relativement tracées.
Peut-on les aider à avoir conscience d’eux-mêmes ? Ford explique que « dans une 1ère version d’Arnold, les hôtes entendaient leur programmation sous forme de monologue intérieur, pour faire naître l’amorce d’une conscience »…
Il leur programme des acouphènes, c’est désagréable… Plus sérieusement, c’est n’importe quoi. Cette voix intérieure est toujours un programme en train de s’exécuter, ça n’éveille pas la conscience du robot du tout. Nao, quand il voyait un autre Nao, disait, « Oh ! un Nao ». Parce qu’on l’avait programmé pour. Il ne se disait pas « Oh, un autre Nao, mais comment, je ne suis pas unique, oh mon dieu, je suis une machine ! ». Après, on peut s’amuser. Les chercheurs pourraient très bien dire à un robot « Considère que tu es unique », et si le robot voit quelque chose comme lui, il se dira qu’il n’est pas unique. Mais ce doute aura été programmé par le chercheur.
Faut-il donner des droits aux robots ? Non, car les robots sont des objets. Vous allez me dire qu’on pensait ça des esclaves il fut un temps, puis des animaux il y a peu, alors pourquoi pas les robots ? Parce que ce sont des choses. A un moment dans Westworld, un des réparateurs couvre la nudité d’un robot avec une serviette et Ford lui intime de la retirer, en lui rappelant que c’est un objet : je trouve ça très bien. Nos robots n’ont pas de droits et je suis fortement convaincu qu’il faut que ça reste ainsi. Serge Tisseron raconte dans son livre ( Le jour où mon robot m’aimera, 2015) que des démineurs américains aimaient tellement leurs robots qu’ils préféraient envoyer un de leurs collègues sur une tâche dangereuse plutôt que de risquer de casser leurs robots. Il faut absolument éviter ça
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